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Mon Mulhouse3
31 août 2008

L'inflation, une aubaine pour l'Etat ?

L'inflation, une aubaine pour l'Etat ?
                               

 


       


El Palacio de Hierro, centre commercial pour les riches de Monterrey, Mexique (Mat Jacob).

De retour de vacances, Jean de Lille nous a envoyé cette interpellation : « Les caisses de l’état sont vides, parait-il, mais ne nous cache-t-on pas quelque chose ? En cette période dite inflationniste, l’augmentation des prix c’est quand même une aubaine pour les rentrées de TVA, l’augmentation du carburant une aubaine pour la rentrée de la TIPP… »

Il précise : « il me semblait que l’inflation était plutôt une spirale -augmentation des prix augmentation des revenus aboutissant à une dépréciation de la monnaie, et là c’est plutôt une augmentation des prix sans augmentation des revenus aboutissant à un appauvrissement des citoyens ».

En ces temps de rentrée, où le portefeuille est plombé par les dépenses de vacances et la perspective du troisième tiers d’impôt sur le revenu à verser, il nous a semblé que nos lecteurs avaient besoin d’y voir plus clair sur l’inflation réelle, qui n’est pas toujours celle ressentie. L’Etat nous cache quelque chose ou pas? Tentons de répondre aux questions de Jean, point par point.

L’Etat a-t-il plus de recettes de TVA grâce à l’inflation ?

Mauvaise nouvelle pour le citoyen, il n’y a pas de « marges de manœuvre » cachées, et ce pour plusieurs raisons. Principalement parce que c’est la croissance qui crée la richesse, or justement nous sommes entrés en période de ralentissement économique.

Rue 89 est allé voir dans un document préparatoire au débat d’orientation des finances publiques intitulé le « rapport sur l’évolution de l’économie nationale et les orientations des finances publiques », rapport sur l’évolution de l’économie nationale et les orientations des finances publiques.

Il indique que « l’effet d’un choc d’inflation sur le déficit public dépend de la nature du choc macroéconomique : s’il provient d’une hausse de la demande, elle va s’accompagner d’une hausse des prix et de l’activité et renchérir les assiettes taxables ». Si au contraire il s’agit d’un « choc d’offre, qui renchérit les coûts de production, le ralentissement de l’activité aura un impact négatif sur les recettes en volume ». L’Etat serait plus riche seulement si le pays l’était.

Pourtant, au cabinet du ministre du Budget, Eric Woerth, on concède que « l’inflation affecte en théorie positivement les recettes publiques ». En effet, « toutes choses étant égales par ailleurs, l’augmentation de l’inflation induit mécaniquement une hausse des bases taxables, notamment pour la TVA, mais l’impact final dépend cependant des effets volume ». En l’occurrence, une baisse de la consommation, comme on la constate actuellement, ne peut être une bonne nouvelle pour les comptes publics.

Par ailleurs, l’Etat se trouve appauvri par cette inflation parce qu’il est très endetté et que l’inflation augmente la charge de la dette : les obligations indexées sur l’inflation deviennent plus chères, et cette situation s’accompagne généralement d’une augmentation des taux d’intérêts, donc de la charge de la dette.

Enfin, l’Etat est aussi un consommateur comme un autre, qui subit la hausse des prix, à travers les salaires et allocations qu’il verse et à travers ses achats, par exemple de carburant.

L’Etat est-il plus riche grâce à la hausse du prix du pétrole ?

Pas tout à fait car en réalité, la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) a pour base les volumes de pétrole vendus et non les montants monétaires. Certes il y a eu une hausse des recettes de TVA liée à la hausse des prix du pétrole à la pompe, mais de l’aveu même d’un proche de Didier Migaud, président (PS) de la commission des finances de l’assemblée nationale, cela est « anecdotique » dans le budget de l’Etat.

La baisse de la consommation de pétrole, observée en France comme aux Etats-Unis, en réaction à des prix trop élevés du pétrole a réduit le volume des ventes et donc de TIPP perçue. Au total, les recettes supplémentaires de TVA engendrées par la hausse des prix du pétrole ont certainement été compensées par la baisse de consommation. Et, comme le fait remarquer Eric Heyer, chercheur à l’OFCE, « si je consomme plus d’essence, à revenus inchangés, je consomme moins d’autre chose, donc pour l’Etat, cela s’équilibre. »

Y a-t-il une spirale inflationniste ?

Une spirale inflationniste signifie qu’en raison de la hausse des prix, les salariés parviennent à négocier des hausses de salaires, qui obligent les entreprises à augmenter de nouveau leurs prix pour maintenir leurs marges.

Si on a pu observer ces phénomènes lors des chocs pétroliers des années 70, en raison du plein emploi, la situation est différente aujourd’hui. Certes le Smic est partiellement indexé sur l’inflation, mais ces bas revenus subissent plus que les autres la hausse des prix de l’alimentation et du pétrole.

Au total, le chômage est encore suffisamment élevé pour que les entreprises refusent d’accéder aux demandes de hausses des salaires et du coup, c’est en effet à un « appauvrissement des citoyens » que nous assistons, comme relève Jean, car c’est eux qui doivent assumer la hausse des prix.

Photo: El Palacio de Hierro, centre commercial pour les riches de Monterrey, Mexique (Mat Jacob/Tendance Floue).

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