Les voeux rêvés de Sarkozy pour 2009
Par Jean Matouk | Economiste | 31/12/2008 | 15H05
Voici le discours de vœux que je voudrais entendre ce mercredi soir de la bouche de notre Président.
"Françaises, Français, mes chers compatriotes.
Notre pays affronte une très forte tempête. Je ne suis pas capable
de vous dire si elle sera de l’ordre de celle de 1991-92, de 1975, ou
de 1931-32, pour prendre celles ou nous avons subi de véritables
"creux" et qui ont plus particulièrement affecté la flotte "France".
La mer n’était pas très calme auparavant. Nous subissions déjà les
lames de fond de la mondialisation. Les délocalisations se succédaient
et, faute d’investissement suffisants, nous ne nous défendions pas bien
dans la régate permanente qu’est l’économie.
Nous avions pris du retard. Nous vivions sur de trop rares lauriers,
comme les exportations agricoles, l’aéronautique, le luxe, le tourisme
et quelques autres secteurs, ce qui n’était pas suffisant face à de
nombreux autres bateaux. Ne serait-ce que face à nos voisins allemands,
qui, depuis cinq ans, se sont rationnés tout en maintenant leur
compétence dans les secteurs dont ont besoin les pays en forte
croissance.
Mais la tempête d’aujourd’hui, venue d’outre-Atlantique, va aggraver
singulièrement notre situation. Déjà, le chômage, qui, grâce à un
ralentissement de la croissance de notre population active, baissait
depuis trois ans, remonte fortement. Soixante mille d’entre nous ont
été mis au chômage le mois dernier.
"J'étais sans doute naïf"
Je suis votre amiral parce que vous m’avez élu en 2007. Moi-même ne
pouvais prévoir à l’époque la violence de la tempête. J’ai cru
sincèrement qu’en rendant de l’argent aux plus aisés, ils
l’apporteraient aux entreprises et que celles-ci investiraient.
J’ai pensé à l’époque, que la charge que j’ajoutais ainsi au budget,
serait ensuite couverte par les impôts supplémentaires que génèrerait
la croissance ainsi retrouvée. J’étais sans doute naïf. Ce mécanisme
vertueux ne s’est pas produit.
Peut-être est-ce faute de temps? Peut-être était-il erroné? En tout
cas, mon devoir aujourd’hui, gouvernant par très gros temps, est de ne
pas hésiter à changer de cap, chercher la meilleure allure, la mer la
moins grosse.
Mon message principal, ce soir, est le suivant: puisque la
navigation va être rude, les équipages doivent être soudés. Pour qu’ils
le soient, pour que nous sentions vraiment tous que nous sommes dans
les mêmes bateaux et qu’on sache bien que "ceux" des passerelles ne se
goinfrent pas pendant que les soutiers se serrent la ceinture, j’ai
conscience qu’il faut d’abord, en priorité, réduire les inégalités.
J’ai donc pris les décisions suivantes.
Baisse des salaires du Président et des ministres
Je baisse dés maintenant le budget de l’Elysée, mon propre salaire
et ceux des ministres de 20%. Je baisse aussi les salaires de tous les
fonctionnaires gagnant plus de 4 000€ par mois, de 10%, et leur
demande, comme à tous les autres de travailler 37 heures durant les
deux prochaines années.
Je demande à tous les chefs d’entreprise de plafonner, cette année,
leurs revenus, tout compris, à 500 000€ par an, et, en deçà de ce
niveau, de réduire les salaires de tous leurs collaborateurs gagnant
plus de 4 000€ par mois, de manière dégressive.
Les sommes ainsi économisées devront être consacrées à des
investissements en France dès cette année. En contrepartie, l’impôt sur
les sociétés sera abaissé au plus bas niveau européen, soit 12% sur les
bénéfices réinvestis dans l’année.
Je reviens ensuite sur les baisses d’impôts que mon prédécesseur et
moi avons initiées, disons, en gros, une dizaines de milliards d’euro
en rythme annuel, car je ne compte évidemment pas les détaxations des
heures supplémentaires qui n’ont plus guère de sens aujourd’hui.
Tous les minima sociaux seront augmentés
En contrepartie, et pour un tiers environ de cette somme, j’augmente
tous les minima sociaux. Je décide le blocage immédiat et pour deux ans
de tous les loyers et un moratoire sur tous les prêts relais consentis
pour l’acquisition d’un autre immeuble. Les banques, recapitalisées et
garanties, peuvent supporter cette charge.
Je partage les deux autres tiers en deux parts. J’affecte une
première part à des aides supplémentaires aux véritables installations
d’entreprises et créations d’emplois dans les quartiers difficiles, en
chargeant les ministères concernés d’en faire apparaître les résultats
sous trois mois.
J’affecte les deux autres tiers, en plus des mesures annoncées en
novembre et décembre, au sauvetage-reconversion des PME viables, à
l’innovation, la recherche & développement et la création
d’entreprises dans les pôles technologiques, avec priorité aux énergies
vertes, car notre flotte doit s’être enrichie de nouveaux bateaux au
sortir de cette tempête. Sinon, nous repasserons ensuite de la tempête
au "pot au noir".
Afin de soulager le budget de l’assurance maladie, et d’équilibrer
l’effort fait par les mutuelles donc les malades, je demande à tous les
médecins de s’interdire tout dépassements d’honoraires, eux aussi
pendant deux ans, sous peine d’être exclu du conventionnement. Je
demande aussi au personnel hospitalier de suspendre les 35 heures
pendant la même période.
Je m’adresse, pour terminer, aux chefs d’entreprise, commandants de
nos navires. Utilisez tous les leviers que j’ai cités au début pour
investir dans l’avenir et redonner aux équipages cet ingrédient
essentiel d’une bonne navigation par gros temps: la confiance.
Toutes ces mesures réduisent l’éventail des revenus et soudent les
équipages. Nous sommes tout à fait capables de passer ensemble ce
mauvais cap, parce que nous nous sentirons plus solidaires et plus
proches les uns des autres.
Bonne année à tous! Courage! La mer se calmera!"
Nicolas Sarkozy (PCC: Jean Matouk)
S’il faut convaincre notre Président de l’importance de tenir ce langage de justice sociale, voici une phrase de Victor Hugo:
"Quand on montre le luxe au peuple , dans les jours
de disette et de détresse, il ne se dit pas que ce luxe le fait vivre,
qu’il lui est utile. Il se dit qu’il souffre et que voila des gens qui
jouissent. Quand la foule regarde les riches avec ces yeux-là, ce ne
sont pas des pensées qu’il y a dans les cerveaux; ce sont des
évènements."
Je ne souhaite pas que surviennent ces "évènements", mais y parer serait plus que judicieux aujourd’hui.
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