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Mon Mulhouse3
28 juillet 2008

Les compagnies aériennes incapables de résister à l'envolée du prix du pétrole

Delta, Northwest, United et US Airways réduisent leur capacité de vol. Disposant de flottes vieillissantes, toutes cherchent à laisser au sol les appareils les plus consommateurs en carburant. | AP/TED S. WARREN

AP/TED S. WARREN

Delta, Northwest, United et US Airways réduisent leur capacité de vol. Disposant de flottes vieillissantes, toutes cherchent à laisser au sol les appareils les plus consommateurs en carburant.

TRANSPORT AÉRIEN  Plus de 100 000 emplois pourraient être supprimés dans le monde d'ici à la fin de l'année

Les compagnies aériennes incapables de résister à l'envolée du prix du pétrole

Mardi 22 juillet, United Airlines, la deuxième compagnie américaine, a dévoilé de considérables mesures d'économies en annonçant ses résultats semestriels. Elle va supprimer 5 500 emplois. Cela porte au total à 7 000 les départs prévus d'ici à la fin de 2009. Elle met également au rebut la totalité de sa flotte de Boeing 737, soit cent avions, et quatre Boeing 747. Vont s'ajouter à ces mesures, une réduction drastique des investissements, et de nouvelles facturations dont celles des bagages enregistrés.

La crise que traverse aujourd'hui le transport aérien, touché de plein fouet par l'envolée du coût du pétrole et la difficulté de le répercuter sur les clients, est pire que celle ayant suivi les attentats du 11 septembre 2001. Selon l'Association du transport aérien international (IATA), vingt-cinq compagnies ont mis la clé sous la porte depuis le début de l'année. Au cours des six mois qui avaient suivi les attentats du 11 septembre 2001, "seules" huit compagnies avaient cessé leurs activités dont Swissair et la belge Sabena.

En matière d'emploi, les pronostics les plus pessimistes circulent. Geoff Dixon, PDG de la compagnie australienne Qantas, qui vient d'annoncer 1 500 suppressions de postes, pense que l'industrie du transport aérien mondial pourrait perdre 100 000 emplois d'ici à la fin de l'année.

Même si ces conséquences sont moins sévères qu'aux Etats-Unis, la crise affecte aussi les compagnies européennes. L'heure est également à la réduction des capacités de ce côté de l'Atlantique. Au début du mois de juillet, Air France-KLM a annoncé avoir revu à la baisse son offre pour son programme d'hiver. Le groupe franco-néerlandais n'a pas voulu préciser l'ampleur de l'ajustement mais, selon certaines sources, il viserait désormais une augmentation de seulement 1,1 % de ses capacités, contre les 4 % initialement prévus. British Airways a d'ores et déjà annoncé le gel de son offre en siège dès l'automne.

PAS DE MARGE DE MANoeUVRE

La compagnie scandinave SAS a réduit sa flotte de 5 %, soit onze appareils en moins et sa filiale Spanair, deuxième compagnie espagnole, va également prendre des mesures drastiques. Elle prévoit de supprimer 25 % des effectifs, et de fermer certaines liaisons. Iberia première compagnie de la péninsule ibérique, devrait aussi clouer au sol onze avions type McDonnell, très gourmands en kérosène. Signe des temps, la compagnie à bas coût Ryanair, qui s'est toujours interdit d'instaurer une surcharge carburant, a annoncé qu'une partie de sa flotte - 10 % de ses capacités - restera au sol cet hiver.

L'Asie n'est pas épargnée en dépit de la forte croissance économique de la zone et de l'émergence d'une classe moyenne voyageant de plus en plus en avion. Thaï Airways a fermé ses vols directs entre Bangkok et New York depuis le 1er juillet et a ramené ses rotations vers Los Angeles de sept à cinq par semaine.

Aux Etats-Unis, ou la crise est la plus dramatique, l'ATA, l'association du transport aérien américain, appelle à l'aide Washington. Elle annonce de nouvelles faillites comme celles qui ont suivi le 11 septembre. Cinq des plus grandes compagnies américaines étaient alors passées quelque temps sous administration judiciaire.

Les compagnies américaines qui avaient collectivement perdu 11 milliards de dollars en 2002, pourraient selon l'ATA perdre, en 2008, entre 7 à 15 milliards de dollars (4,5 à 9,6 milliards d'euros) selon les cours du baril. Les cinq grandes - American Airlines, Continental Airlines, Delta Air Lines, United Airlines et US Airways - ont déjà affiché au premier semestre une perte record de 13,4 milliards de dollars à comparer à un bénéfice de 1,26 milliard de dollars lors des six premiers mois de 2007. La marge de manoeuvre des compagnies américaines est inexistante. Depuis sept ans, elles réduisent et se structurent comme des compagnies "low cost" (à bas coûts) mais ont très peu fait évoluer leurs flottes qui restent parmi les plus vieilles au monde. Leurs avions consomment généralement entre 20 % à 30 % de plus de carburant qu'un appareil moderne. Cercle vicieux : elles n'ont pas les moyens de rénover les flottes.

Seule solution : augmenter les tarifs en espérant ne pas trop perdre de clients. Pour un baril autour de 130 dollars, la rentabilité selon les analystes ne peut être atteinte qu'en relevant le prix des billets de 20 % à 30%.

Le PDG de Continental Lawrence Kellner, qui devrait réduire de 11 % ses vols domestiques et supprimer près de 3 000 emplois d'ici à la fin de l'année, estime affronter "un changement d'époque", qui va nécessiter "un changement du modèle économique". Pour lui, la suppression de nombreuses liaisons secondaires et l'instauration de plus en plus de services payants sont inévitables. "Sans réduction des capacités et des hausses tarifaires substantielles, la menace de faillite est réelle" a-t-il déclaré le 17 juillet.

François Bostnavaron

Article paru dans l'édition du 27.07.08.

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