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Mon Mulhouse3
22 novembre 2008

L'effondrement du prix du pétrole commence à paniquer les compagnies des pays producteurs

En chute libre, le prix du baril de pétrole se dirige vers la barre des 50 dollars. | REUTERS/© Rupak De Chowdhuri / Reuters

REUTERS/© Rupak De Chowdhuri / Reuters

En chute libre, le prix du baril de pétrole se dirige vers la barre des 50 dollars.

L'effondrement du prix du pétrole commence à paniquer les compagnies des pays producteurs
       

Ce sentiment de panique n'a pu que se renforcer depuis. Les prix sont sur une pente qui les rapproche de 40 dollars, leur niveau de 2004. Jeudi, le light sweet crude pour livraison en décembre a clôturé la séance à 49,62 dollars à New York ; le Brent de la mer du Nord a terminé à 47,80 dollars à Londres. Les opérateurs de marché étant ce qu'ils sont, un seuil aussi symbolique que 50 dollars peut jouer à la baisse le rôle amplificateur qu'avait eu à la hausse celui des 100 dollars atteint en janvier 2008.

Dès l'ouverture à New York, le prix du baril a été tiré vers le bas par les mauvais chiffres hebdomadaires du marché de l'emploi aux Etats-Unis (+ 542 000 chômeurs). Ils sont venus confirmer la dégradation de l'économie américaine et les perspectives d'un fort recul de la consommation d'or noir. "Une contraction de la demande mondiale en 2008 et 2009 est une possibilité réelle pour la première fois depuis vingt-cinq ans", indique le Centre for Global Energy Studies de Londres dans son bulletin mensuel de novembre.

Après le recul de la demande dans les grands pays industrialisés constaté ces derniers mois (- 5 % aux Etats-Unis depuis janvier), c'est le net ralentissement en Asie qui se confirme, notamment en Chine. Patron de China National Petroleum Corporation (CNPC), le numéro un chinois des hydrocarbures, Jiang Jiemin a récemment reconnu devant ses salariés que la compagnie souffrait beaucoup de la crise, soulignant la "forte baisse de la demande" depuis septembre.

L'effondrement des prix risque d'avoir un effet dévastateur sur les futurs projets des compagnies nationales (et internationales). Même à 55 dollars le baril, a prévenu le patron de la Cnooc, elles vont devoir sabrer dans 60 % des investissements qu'elles avaient programmés pour 2009-2010.

Le prix le plus bas pour rendre des projets rentables, comme l'extraction de brut en eau très profonde, est de 60 dollars et monte jusqu'à 90 dollars. Les pétroliers, qui ont calculé leurs cash-flows sur la base d'un baril à 70, 80, voire 100 dollars, vont être à court de liquidités pour mener à bien ces projets, a indiqué M. Fu. Le raffinage va aussi pâtir de la crise : plus de 80 % des 160 projets annoncés depuis 2005 risquent d'être annulés en raison de la baisse des marges, vient de calculer le consultant Wood Mackenzie.

 

EPUISEMENT ACCÉLÉRÉ DES PUITS

 

L'inquiétude de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) fait écho à celle des milieux pétroliers. Avocat des pays industrialisés, elle prône des prix modérés qui ne pénalisent pas l'activité économique. "Mais des prix très bas compromettent la réalisation des investissements, notamment dans les pétroles dits "difficiles"", prévient Fatih Birol, chef économiste de l'AIE. "De nombreux projets de développement des énergies alternatives, comme les renouvelables (éolien, solaire...) seront confrontés à des soucis de viabilité économique", précise-t-il.

En 2007, l'investissement dans l'exploration-production (pétrole-gaz) a atteint 390 milliards de dollars (311 milliards d'euros). Un record certes, "mais moins que les 450 milliards de dollars annuels nécessaires dans les dix prochaines années, nuance M. Birol. Il y a beaucoup de retards, d'annulations d'investissements. Je pense que cela peut déboucher sur une rupture de l'approvisionnement quand la demande repartira en 2010-2011. Les prix pourraient être alors encore plus élevés que l'été dernier", où ils avaient frôlé 150 dollars.

La solution est dans les mains des compagnies pétrolières des pays producteurs. "Environ 80 % de la croissance de la production d'hydrocarbures d'ici à 2030 devra venir d'elles, alors que le rôle des majors internationales diminuera", rappelle M. Birol. Il souligne que c'est moins la hausse de la demande que l'épuisement accéléré des puits en production qui doit inciter ces groupes publics à investir. "Même si la demande restait plate d'ici à 2030, calcule-t-il, il faudrait trouver 45 millions de barils par jour simplement pour compenser le déclin des champs en exploitation." Quatre fois et demi la production quotidienne de l'Arabie saoudite !

Jean-Michel Bezat


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