A l'UMP, ont parle trait bien francé
A l'UMP, ont parle trait bien francé
Nicolas Sarkozy a bien raison de se plaindre des médias qui ne
reprennent jamais les communiqués savamment travaillés par ses troupes.
Pour une fois, sachons appliquer les recommandations présidentielles et
attardons-nous sur cette brillante littérature. Au hasard, prenons l'un des derniers
arrivés dans la boîte mail des journalistes : Frédéric Lefèbvre,
porte-parole de l'UMP et secrétaire national à l'économie, s'y insurge
contre «des idées que le PS soit disant défend»
comme le non-cumul des mandats. Oups… dans sa fougue un brin
narcissique, il a confondu «soi-disant» et le subjonctif présent du
verbe être : «qu'il soit». Toujours sur le non-cumul, «Madame
Royal a montré sa capacité d'entraînement sur les socialistes
lorsqu'elle se l'ait appliqué, même Arnaud Montebourg, son
porte-parole, ne l'a pas suivi !!!», poursuit Frédéric Lefèbvre.
Passons outre le fait qu'Arnaud Montebourg n'est plus porte-parole de
Ségolène Royal depuis un bon moment. Comment s'attacher au fond quand
la forme est entachée d'une confusion entre l'auxiliaire avoir et
l'auxiliaire être («se l'est appliqué» et non «se l'ait», à ce sujet voir l'excellent documentaire sur une classe de maternelle intitulé Etre et avoir) et d'une faute d'accord («son porte-parole ne l'a pas suiviE», le COD étant placé avant le verbe avoir, confer
les cours de grammaire au programme en 6e). Quant à la ponctuation,
elle traduit plus la créativité de l'auteur que son souci du respect
des règles...
Au tant suspant tont vole...
Las ! Il ne s'agit pas d'un cas isolé… Le 22 juin, le même Frédéric
Lefèbvre appuyait les recommandations de Denis Olivennes sur le téléchargement en clamant qu'il était «tant d'agir mais avec mesure» (au lieu de temps). Quelques lignes plus haut, on peut lire «Bien sûr que nous n'empêcherons jamais certain (sans s) de continuer à détourner la loi mais l'enjeu est que ce ne soit plus le jeu du plus grand nombre…»
Que celui qui peut lire cette phrase sans bâiller nous jette la
première pierre. Ce communiqué, qui commence par l'ambition affichée de
«lutter contre le piratage qui fait tant de ravage» (sans s) et se termine par la volonté «de soutenir sans retenu»
(sans e) les artistes, serait sans aucun doute recalé au bac.
Conclusion ? Si les médias se penchaient plus souvent sur ces
communiqués, ils apprendraient au moins une chose : il y a
effectivement urgence à réformer l'éducation... de l'UMP !
Mercredi 02 Juillet 2008 - 07:04
Anna Borrel
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