Marseillaise sifflée : une enquête est ouverte
FOOTBALL/MATCH AMICAL
NOUVELOBS.COM | 15.10.2008 | 19:36
De nombreuses mesures gouvernementales avaient déjà été annoncées après les sifflets contre l'hymne national lors du match France-Tunisie. Tout match où l'hymne français sera sifflé sera immédiatement arrêté, a annoncé Nicolas Sarkozy. Bernard Laporte propose, lui, de "délocaliser" les matches contre les pays du Maghreb.
Les Bleus sur la pelouse du Stade de france lors du match France-Tunisie
Le parquet de Bobigny a
annoncé, mercredi 15 octobre, avoir ouvert une enquête préliminaire
pour "outrages à l'hymne national", après que la Marseillaise a été
sifflée mardi soir lors du match France-Tunisie au Stade de France à
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
L'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance
contre la personne (BRDP), dépendant de la préfecture de police de
Paris.
La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, qui a fait part dans
un communiqué "de sa profonde indignation", avait demandé au préfet de
Seine-Saint-Denis de saisir le procureur de la République de Bobigny.
Cela a été fait dans l'après-midi.
L'outrage à l'hymne, comme au drapeau, est passible de 6 mois de prison
et 7.500 euros d'amende lorsqu'il est commis en réunion (article
433-5-1 du code pénal), et de 750 euros d'amende lorsqu'il est commis
seul.
MAM évoque des interpellations
Selon la ministre, l'enquête "pourra s'appuyer sur les images filmées
au cours de la rencontre, grâce à des caméras professionnelles
implantées dans le cadre du dispositif spécifique demandé par le
ministre depuis le printemps 2008 pour les matchs à risque".
"Les interpellations qui en résulteront déboucheront sur des
interdictions administratives de stade", a d'ores et déjà annoncé
Michèle Alliot-Marie.
Lors du match, trois personnes avaient été interpellées, mais pour d'autres infractions (dont violences volontaires).
La FFF à l'Elysée
La classe politique et gouvernementale s'est emparée dès mercredi de la
polémique autour de la Marseillaise sifflée lors du match
France-Tunisie.
Nicolas Sarkozy a arbitré : désormais, tout match où l'hymne français
sera sifflé sera immédiatement arrêté et les matches amicaux avec le
pays concerné suspendus.
De même, en cas de sifflets pendant l'hymne national, "les membres du
gouvernement quitteront immédiatement l'enceinte sportive", a annoncé
la ministre des Sports Roselyne Bachelot à l'issue d'une réunion
organisée à l'Elysée au lendemain des incidents survenus lors de la
rencontre amicale France-Tunisie au Stade de France.
Jean-Pierre Escalettes, le président de la Fédération française de
football (FFF), avait été "convoqué" par Nicolas Sarkozy, en présence
de Roselyne Bachelot et du secrétaire d'Etat aux Sports Bernard
Laporte.
Des conséquences diplomatiques
Mardi soir, des sifflets avaient retenti dans les tribunes à
Saint-Denis alors que l'hymne national était interprété par la
chanteuse d'origine tunisienne Lââm, avant le coup d'envoi du match.
En cas d'incidents similaires lors d'une rencontre des Bleus avec une
autre équipe nationale sur le territoire français, les matches amicaux
avec le pays concerné seront suspendus "pendant un délai qui restera à
fixer par le président" de la FFF, a précisé Roselyne Bachelot. Mais
une telle décision, si elle était prise, risquerait fort d'avoir des
conséquences diplomatiques.
"Ces mesures sont logiques", a estimé Bernard Laporte. "Il faut que ça
cesse", a-t-il martelé, rappelant que la France "aid(ait) beaucoup" des
pays comme la Tunisie, en lui fournissant éducateurs ou formateurs
notamment.
"L'Etat assumera", affirme Sarkozy
Un arrêt imprévu du match poserait aussi des problèmes de sécurité
importants, comme l'a souligné Jean-Pierre Escalettes. "On ne peut pas
prendre cette décision comme ça, sans avoir des garanties
sécuritaires", a-t-il expliqué. "Moi, je balance pas 50.000 personnes
dans les rues comme ça, sans que les choses aient été prévues à
l'avance".
Mais "le président de la République s'est engagé à ce que toutes les
mesures soient prises". Selon lui, Nicolas Sarkozy "a dit: l'Etat
assumera".
Selon le président de la FFF, le chef de l'Etat, qui a suivi le match
mardi soir, l'a "très mal" vécu. Arrivé après le début de la rencontre,
"il ne comprenait même pas lui-même, qui a pris le match en route,
pourquoi il y avait ces sifflets perpétuels contre les joueurs". Selon
Roselyne Bachelot, le chef de l'Etat a fait part de son "indignation",
mais "a tenu également à rappeler son amour profond du football".
Fillon veut annuler le match
La classe politique dénonçait quant à elle unanimement mercredi ces
incidents, même si les avis divergeaient sur les mesures à prendre.
Mercredi matin, le Premier ministre François Fillon avait déclaré qu'il
aurait souhaité que le match soit annulé après les sifflets. "Ceux qui
veulent siffler un hymne national doivent être privés du match auquel
ils sont venus assister". "C'est toujours une erreur de ne pas jouer",
avait rétorqué le vice-président de la FFF Noël Le Graet, alors que le
porte-parole du parti socialiste Julien Dray se disait "d'accord" avec
François Fillon, mais "choqué" par l'absence de réaction des autorités.
Une annulation du match "serait la pire des réponses, puisque non
seulement on organiserait une punition collective et en même temps il y
aurait des incidents ingérables", a estimé pour sa part Mouloud Aounit,
secrétaire général du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour
l'amitié entre les peuples).
Bernard Laporte veut délocaliser
Avant la réunion à l'Elysée, Bernard Laporte avait proposé quant à lui
de "délocaliser" en province ou sur le sol de l'adversaire "ces matches
qui sentent un peu la poudre", citant notamment ceux pouvant opposer
les Bleus à des équipes du Maghreb, ou encore le Portugal. Mais ces
propos ont aussitôt soulevé l'indignation, à gauche comme à droite. De
son côté, Roselyne Bachelot s'est également attiré les foudres de
certains politiques en déclarant qu'il ne devait plus y avoir "de
matches amicaux avec les pays responsables, avec les pays concernés
pendant une période qui serait à déterminer avec la Fédération
française de football". > Lire l'article sur la polémique
Copé propose des interdictions de stade
Le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a estimé pour sa part
que "de tels comportements sont inacceptables, sont choquants et
blessants pour tous les Français et sont en contradiction complète avec
les valeurs sportives de respect".
"La répétition de ces actes scandaleux doit nous inciter à faire preuve
de la plus grande fermeté: quand l'hymne national est conspué, le match
doit être arrêté et des sanctions doivent être prises à l'encontre de
ceux qui ont ce type de comportements. On peut par exemple envisager
des interdictions de stade", a-t-il déclaré.
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