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Mon Mulhouse3
5 mai 2008

Petit pense-bête au CSA sur le cas Elkabbach

Petit pense-bête au CSA sur le cas Elkabbach

Auditionné aujourd'hui par les Sages du CSA pour avoir annoncé la mort de Pascal Sevran, Jean-Pierre Elkabbach devrait passer un sale quart d'heure. Et encore, si les Sages prenaient en compte l'ensemble de son oeuvre, l'audition pourrait durer bien plus longtemps…



Petit pense-bête au CSA sur le cas Elkabbach

 

Jean Pierre Elkabbach est convoqué par le CSA pour avoir annoncé la mort de Pascal Sevran. C'est un peu comme si la justice convoquait Al-Capone pour un café non réglé. Pour aider le CSA dans sa tâche, Marianne2.fr a recensé toutes les Elkagaffes depuis trente ans.

Bokassa, du passé
S'il fut longtemps l'intervieweur le plus redouté de France, le casier d'Elkabbach s'est sérieusement alourdi depuis quelques années.
Ainsi, dès 1979, alors directeur de l'information d'Antenne 2, il suspend la revue de presse de Claude Sérillon qui envisageait d'évoquer à l'antenne l'affaire sortie par Le Canard Enchainé des diamants de Bokassa. Pour sa défense, Elkabbach expliquera qu'il y avait alors des sujets plus importants à traiter… Pur hasard, il se trouve que Elkabbach avait commenté le couronnement de ce même Bokassa Ier en Centrafrique en Décembre 1977.
Sans doute que le CSA  retiendra la prescription pour une affaire datée désormais de près de 30 ans. Dont acte.

Les voleurs de patates lui disent merci
Connu pour son attachement au service public, il est nommé en 1994 à la tête de France Télévisions, où il participe à la fortune des animateurs producteurs (Nagui, Delarue, Arthur), que les Guignols qualifieront de «voleurs de patates», et à la normalisation de ce système des productions extérieures qui fait encore aujourd'hui le bonheur de toutes nos chaleureuses et désintéressées vedettes de l'audiovisuel. Suite à cette démonstration exemplaire de son génie gestionnaire il est débarqué de France Télévisions. Considéré comme jugé de fait, nous ne retiendrons donc pas cet épisode dans l'acte d'accusation. Les Sages n'y reviendront pas non plus.

Animateur, journaliste, présentateur, directeur etc.
De retour sur ses terres, à Europe 1, Elkabbach est également nommé en 1999 à la tête de la chaîne Public Sénat où il s'octroie la présentation d'une émission aux ambitions vaguement littéraires «Bibliothèque Médicis».
Ce mélange des genres ne choquera pas grand monde, alors qu'il constitue l'un des points les plus tendancieux de la carrière du «meilleur intervieweur d'Europe». Même la rédaction d'Europe 1 exprime son malaise encore aujourd'hui, lorsque le Patron accompagne le président du Sénat en Chine puis l'invite à l'antenne pour raconter son voyage alors que devrait se décider sous peu le renouvellement du mandat d'Elkabbach à la tête de Public Sénat… Les très Sages du CSA n'ayant pas retenu l'hypothèse d'un conflit d'intérêts lors de la nomination d'Elkabbach en 1999, pourquoi se saisiraient-ils aujourd'hui de cette si dérisoire histoire? Passons.

Sarkozy, directeur des ressources humaines d'Europe 1
C'est à partir de 2005 qu'Elkabbach devient l'Elkabbach que nous connaissons. Débarrassé de tous principes superflus, il trouve en Nicolas Sarkozy un maître à penser. Au point de lui demander des conseils pour le recrutement d'un journaliste chargé de suivre le parti de… Nicolas Sarkozy. Malin, Jean-Pierre reconnaîtra les faits en expliquant qu'il serait normal de consulter les politiques pour «justement recruter des journalistes pas trop près du pouvoir». C'était donc ça !…Finalement, l'affaire ne se fera pas, le coup était devenu trop tordu après sa révélation par le Canard Enchainé. Le CSA ne disposant pas de preuves tangibles, il ne pourra statuer sur ce nouvel élément qui ne relève finalement que d'un conseil en ressources humaines et entre amis.

La séquence Radio Sarko
Ne pouvant pas suivre les conseils de son ami, candidat à la présidence de la République, JPE ne s'interdira pas de mener tout simplement campagne pour son favori. Europe 1 devient Radio Sarko. Outré par l'expression, JPE lâche que «les auditeurs auront le dernier mot». C'est peu dire, l'audience de la station est en chute libre, la crédibilité des journalistes en pâtit lourdement. Le recrutement de nouvelles voix pour la nouvelle saison est un cauchemar, personne ne veut entrer dans cette nouvelle galère. Pour disculper Jean-Pierre Elkabbach, les Sages retiendront peut-être qu'à l'époque c'est tout le groupe Lagardère qui avait choisi son favori. On parlera alors d'une «erreur collective»…

Elkabbach, propagandiste en chef d'EADS
A son crédit, Elkabbach fera aussi preuve d'un esprit d'entreprise exemplaire au moment de la propagande éhontée, relayée par nombre de médias, pour le lancement du meilleur avion de tous les temps : l'A380. Europe 1 sera pris d'une crise d'avionnite aigüe. L'A380 est à toutes les sauces. En 2005 la France décolle, Elkabbach plane ! C'est beau un aéroport la nuit… Passé le conte de fées sponsorisé par EADS, rappelons qu'un avion fait du bruit, pue, pollue, coûte cher, dedans on mange mal, on est serrés et on s'emmerde. Toutes choses qu'un employé d'une filiale d'EADS qui cherche à vendre ses merveilleux coucous dans les banlieues pétrolifères du monde fait semblant d'iignorer.

Elkabbach sherpa de Sarkozy
2007 sera plutôt une bonne année pour Elkabbach. Sarkozy est élu président de la République et le chef de l'Etat emmène son affidé journaliste dans de nombreux voyages. En janvier 2008, c'est Jean-Michel Aphatie qui rapporte la scène sur son blog : «Dans un salon de l'ambassade de France à New Delhi, Nicolas Sarkozy tient un point presse. Les journalistes sont d'un côté, posant des questions, tandis que derrière le président ont pris place ceux qui composent sa délégation officielle, ses invités en quelque sorte. Parmi ceux-ci, on compte des ministres, des parlementaires, des industriels et aussi un journaliste, en l'occurrence le président d'Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach. Du coup, celui-ci se trouvait physiquement derrière le président, spectateur forcé des questions posées par ses confrères. Était-il, dans cette situation, à sa place?» demande l'intervieweur de RTL, postulant lui-même au titre d'Elkabbach des années 2000.

Elkabbach dénonce les rumeurs qui visent Elkabbach
Depuis, les deux intervieweurs des matinales de leurs radios respectives se cherchent des poux dans la tête. Elkabbach demandant à intervenir en direct pour répondre aux mises en cause d'Aphatie. C'est d'ailleurs devenu l'une de ses spécialités. Traqueur de la contre-vérité, Elkabbach intervient sur tous les plateaux où il est mis en cause. Encore récemment chez Paul Amar, où Jacques Séguéla prétendait que le directeur d'Europe 1 était au courant avant les autres du mariage de Nicolas et Carla. Le CSA ne saurait s'attarder sur ces menus détails motivés par le seul souci de la vérité.

Elkabbach : la vérité selon David Douillet
D'ailleurs, dans sa dernière interview dans La Croix, auto-proclamé figure tutélaire de la perfection journalistique, JPE disait bien à quel point il ne saurait succomber aux tentations des ragots et de la rumeur : «Des sites qui, pour exister, pour faire un coup, pour nuire à un adversaire, lancent des rumeurs, des fausses informations, des ragots, des nouvelles non vérifiées. La tentation est grande pour des sites de taper fort afin de se faire entendre, quitte à ne pas vérifier ou à ne pas donner la parole aux personnes qu'ils attaquent», donnant pour exemple le site Bakchich.info qui mettait en cause David Douillet sur des placements au Liechtenstein. Information reprise par Europe 1, sans vérification. Jusqu'au jour, où Europe 1 se décide à inviter David Douillet qui, à la surprise générale, dément les informations de Bakchich. Et là, Jean-Pierre jure qu'on ne l'y reprendra plus. Une dizaine de jours plus tard, la justice donnait raison à Bakchich. Dommage Jean-Pierre. Sans rire, il annonce la création d'un comité d'éthique à Europe 1. Ils ont du pain sur la planche !

La mort en direct
What else ? Me direz vous. Serait-il convenable d'alourdir la charge qui croule déjà sous son propre poids ? Point trop n'en faut. Et pourtant l'Elkabbach a de la ressource. Une semaine à peine après cette interview à La Croix dégoulinante de leçons de journalisme où l'éthique à tout va, la méfiance vis-à-vis du journalisme sur Internet, le disputent à une hypocrisie sans nom récitée par coeur sur l'indépendance de sa station préférée, notre professeur ès déontologie ordonne à ses journalistes d'annoncer en direct la mort certaine d'un animateur-chanteur, disparu certes des écrans, souffrant dit-on, mais toujours bien vivant. Information diffusée ensuite sur Wikipédia, reprise plus tard par Laurent Ruquier, salarié d'Europe 1 et Jean-Marc Morandini, également salarié d'Europe 1. Les petits d'Elkabbach apprennent vite...

Démissionner, c'est mourir un peu…
Les Sages du CSA, philosophes, répondront peut-être pour la défense de leur client que la vie est par nature un état précaire et que tout être vivant est un mort en sursis. De là à annoncer la mort des gens avant leur décès, c'est leur laisser vraiment peu de chances de s'en sortir. En ce cas, Jean-Pierre Elkabbach est aussi un mort qui s'ignore et avec lui c'est une certaine idée du journalisme qui s'en va. Tant mieux, diront certains. Les Sages trancheront…ou pas.


Mardi 06 Mai 2008 - 00:10

Régis Soubrouillard

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