Petit pense-bête au CSA sur le cas Elkabbach
Petit pense-bête au CSA sur le cas Elkabbach
Jean Pierre Elkabbach est convoqué par le CSA pour avoir annoncé la
mort de Pascal Sevran. C'est un peu comme si la justice convoquait
Al-Capone pour un café non réglé. Pour aider le CSA dans sa tâche,
Marianne2.fr a recensé toutes les Elkagaffes depuis trente ans.
Bokassa, du passé
S'il fut longtemps l'intervieweur le plus redouté de France, le casier
d'Elkabbach s'est sérieusement alourdi depuis quelques années.
Ainsi, dès 1979, alors directeur de l'information
d'Antenne 2, il suspend la revue de presse de Claude Sérillon qui
envisageait d'évoquer à l'antenne l'affaire sortie par Le Canard Enchainé des
diamants de Bokassa. Pour sa défense, Elkabbach expliquera qu'il y
avait alors des sujets plus importants à traiter… Pur hasard, il se
trouve que Elkabbach avait commenté le couronnement de ce même Bokassa
Ier en Centrafrique en Décembre 1977.
Sans doute que le CSA retiendra la prescription pour une affaire datée désormais de près de 30 ans. Dont acte.
Les voleurs de patates lui disent merci
Connu pour son attachement au service public, il est nommé en 1994 à la
tête de France Télévisions, où il participe à la fortune des animateurs
producteurs (Nagui, Delarue, Arthur), que les Guignols qualifieront de «voleurs de patates»,
et à la normalisation de ce système des productions extérieures qui
fait encore aujourd'hui le bonheur de toutes nos chaleureuses et
désintéressées vedettes de l'audiovisuel. Suite à cette démonstration
exemplaire de son génie gestionnaire il est débarqué de France Télévisions.
Considéré comme jugé de fait, nous ne retiendrons donc pas cet épisode
dans l'acte d'accusation. Les Sages n'y reviendront pas non plus.
Animateur, journaliste, présentateur, directeur etc.
De retour sur ses terres, à Europe 1, Elkabbach est également nommé en 1999 à la tête de la chaîne Public Sénat où il s'octroie la présentation d'une émission aux ambitions vaguement littéraires «Bibliothèque Médicis».
Ce mélange des genres ne choquera pas grand monde, alors qu'il
constitue l'un des points les plus tendancieux de la carrière du
«meilleur intervieweur d'Europe». Même la rédaction d'Europe 1 exprime son malaise encore aujourd'hui, lorsque le Patron accompagne le président du Sénat en Chine
puis l'invite à l'antenne pour raconter son voyage alors que devrait se
décider sous peu le renouvellement du mandat d'Elkabbach à la tête de
Public Sénat… Les très Sages du CSA n'ayant pas retenu l'hypothèse d'un
conflit d'intérêts lors de la nomination d'Elkabbach en 1999, pourquoi
se saisiraient-ils aujourd'hui de cette si dérisoire histoire? Passons.
Sarkozy, directeur des ressources humaines d'Europe 1
C'est à partir de 2005 qu'Elkabbach devient l'Elkabbach que nous
connaissons. Débarrassé de tous principes superflus, il trouve en
Nicolas Sarkozy un maître à penser. Au point de lui demander des
conseils pour le recrutement d'un journaliste chargé de suivre le parti
de… Nicolas Sarkozy. Malin, Jean-Pierre reconnaîtra les faits en
expliquant qu'il serait normal de consulter les politiques pour «justement recruter des journalistes pas trop près du pouvoir». C'était donc ça !…Finalement, l'affaire ne se fera pas, le coup était devenu trop tordu après sa révélation par le Canard Enchainé. Le
CSA ne disposant pas de preuves tangibles, il ne pourra statuer sur ce
nouvel élément qui ne relève finalement que d'un conseil en ressources
humaines et entre amis.
La séquence Radio Sarko
Ne pouvant pas suivre les conseils de son ami, candidat à la présidence
de la République, JPE ne s'interdira pas de mener tout simplement
campagne pour son favori. Europe 1 devient Radio Sarko. Outré par
l'expression, JPE lâche que «les auditeurs auront le dernier mot».
C'est peu dire, l'audience de la station est en chute libre, la
crédibilité des journalistes en pâtit lourdement. Le recrutement de
nouvelles voix pour la nouvelle saison est un cauchemar, personne ne
veut entrer dans cette nouvelle galère. Pour disculper Jean-Pierre
Elkabbach, les Sages retiendront peut-être qu'à l'époque c'est tout le groupe Lagardère qui avait choisi son favori. On parlera alors d'une «erreur collective»…
Elkabbach, propagandiste en chef d'EADS
A son crédit, Elkabbach fera aussi preuve d'un esprit d'entreprise
exemplaire au moment de la propagande éhontée, relayée par nombre de
médias, pour le lancement du meilleur avion de tous les temps : l'A380.
Europe 1 sera pris d'une crise d'avionnite aigüe.
L'A380 est à toutes les sauces. En 2005 la France décolle, Elkabbach
plane ! C'est beau un aéroport la nuit… Passé le conte de fées
sponsorisé par EADS, rappelons qu'un avion fait du bruit, pue, pollue,
coûte cher, dedans on mange mal, on est serrés et on s'emmerde. Toutes
choses qu'un employé d'une filiale d'EADS qui cherche à vendre ses
merveilleux coucous dans les banlieues pétrolifères du monde fait
semblant d'iignorer.
Elkabbach sherpa de Sarkozy
2007 sera plutôt une bonne année pour Elkabbach. Sarkozy est élu
président de la République et le chef de l'Etat emmène son affidé
journaliste dans de nombreux voyages. En janvier 2008, c'est
Jean-Michel Aphatie qui rapporte la scène sur son blog : «Dans
un salon de l'ambassade de France à New Delhi, Nicolas Sarkozy tient un
point presse. Les journalistes sont d'un côté, posant des questions,
tandis que derrière le président ont pris place ceux qui composent sa
délégation officielle, ses invités en quelque sorte. Parmi ceux-ci, on
compte des ministres, des parlementaires, des industriels et aussi un
journaliste, en l'occurrence le président d'Europe 1, Jean-Pierre
Elkabbach. Du coup, celui-ci se trouvait physiquement derrière le
président, spectateur forcé des questions posées par ses confrères.
Était-il, dans cette situation, à sa place?» demande l'intervieweur de RTL, postulant lui-même au titre d'Elkabbach des années 2000.
Elkabbach dénonce les rumeurs qui visent Elkabbach
Depuis, les deux intervieweurs des matinales de leurs radios
respectives se cherchent des poux dans la tête. Elkabbach demandant à
intervenir en direct pour répondre aux mises en cause d'Aphatie. C'est
d'ailleurs devenu l'une de ses spécialités. Traqueur de la
contre-vérité, Elkabbach intervient sur tous les plateaux où il est mis
en cause. Encore récemment chez Paul Amar, où Jacques Séguéla
prétendait que le directeur d'Europe 1 était au courant avant les
autres du mariage de Nicolas et Carla. Le CSA ne saurait s'attarder sur
ces menus détails motivés par le seul souci de la vérité.
Elkabbach : la vérité selon David Douillet
D'ailleurs, dans sa dernière interview dans La Croix,
auto-proclamé figure tutélaire de la perfection journalistique, JPE
disait bien à quel point il ne saurait succomber aux tentations des
ragots et de la rumeur : «Des sites
qui, pour exister, pour faire un coup, pour nuire à un adversaire,
lancent des rumeurs, des fausses informations, des ragots, des
nouvelles non vérifiées. La tentation est grande pour des sites de
taper fort afin de se faire entendre, quitte à ne pas vérifier ou à ne
pas donner la parole aux personnes qu'ils attaquent», donnant
pour exemple le site Bakchich.info qui mettait en cause David Douillet
sur des placements au Liechtenstein. Information reprise par Europe 1,
sans vérification. Jusqu'au jour, où Europe 1 se décide à inviter David
Douillet qui, à la surprise générale, dément les informations de
Bakchich. Et là, Jean-Pierre jure qu'on ne l'y reprendra plus. Une dizaine de jours plus tard, la justice donnait raison à Bakchich. Dommage Jean-Pierre. Sans rire, il annonce la création d'un comité d'éthique à Europe 1. Ils ont du pain sur la planche !
La mort en direct
What else ? Me direz vous. Serait-il convenable d'alourdir la charge
qui croule déjà sous son propre poids ? Point trop n'en faut. Et
pourtant l'Elkabbach a de la ressource. Une semaine à peine après cette
interview à La Croix
dégoulinante de leçons de journalisme où l'éthique à tout va, la
méfiance vis-à-vis du journalisme sur Internet, le disputent à une
hypocrisie sans nom récitée par coeur sur l'indépendance de sa station
préférée, notre professeur ès déontologie ordonne à ses journalistes
d'annoncer en direct la mort certaine d'un animateur-chanteur, disparu
certes des écrans, souffrant dit-on, mais toujours bien vivant.
Information diffusée ensuite sur Wikipédia, reprise plus tard par
Laurent Ruquier, salarié d'Europe 1 et Jean-Marc Morandini, également
salarié d'Europe 1. Les petits d'Elkabbach apprennent vite...
Démissionner, c'est mourir un peu…
Les Sages du CSA, philosophes, répondront peut-être pour la défense de
leur client que la vie est par nature un état précaire et que tout être
vivant est un mort en sursis. De là à annoncer la mort des gens avant
leur décès, c'est leur laisser vraiment peu de chances de s'en sortir.
En ce cas, Jean-Pierre Elkabbach est aussi un mort qui s'ignore et avec
lui c'est une certaine idée du journalisme qui s'en va. Tant mieux,
diront certains. Les Sages trancheront…ou pas.
Mardi 06 Mai 2008 - 00:10
Régis Soubrouillard
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