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Mon Mulhouse3
1 mai 2008

Une consommation de masse tout sauf écologique

Une consommation de masse tout sauf écologique

Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. A l'approche de l'arrivée des mesures du Grenelle de l'environnement devant l'Assemblée, force est de constater que la promesse écologique s'associe mal aux exigences économiques de compression des prix.



Une consommation de masse tout sauf écologique

 

C'est cette semaine qu'est présenté aux partenaires du Grenelle de l'environnement l'avant-projet de loi dit «Grenelle 1» qui ira en conseil des ministres fin mai… 47 articles donneront un statut législatif aux grands objectifs du gouvernement en matière d'environnement. On attend avec impatience le contenu de ces articles (biodiversité, santé, lutte contre le changement climatique…) présentés devant le groupe UMP à l'Assemblée aujourd'hui. Ensuite la loi, dans un «Grenelle 2», contiendra un aspect pratique concernant essentiellement les transports et l'habitat.

Concurrence égale baisse de qualité

Hélas le projet de loi Grenelle de l'environnement se heurte au projet de loi de modernisation de l'économie présenté hier en conseil des ministres. Y compris dans sa philosophie. Le projet de loi de modernisation de l'économie se résume en un mot : pouvoir d'achat. Pression sur les prix. C'est donc un objectif purement quantitatif. Au nom de la pression sur les prix, on va favoriser l'implantation des grandes surfaces dont la taille va passer de 300 à 1000 mètres carrées ; on va permettre l'entrée des concurrents étrangers et l'émergence du maxi-discount.
Bref, on fait sien le théorème : «Plus de concurrence, égale plus de baisse des prix». Or les économistes savent depuis longtemps que ce n'est pas vrai. Par exemple, plus de concurrence peut impliquer plus de bas de gamme et plus de baisse de qualité.

A consommation de masse, production de masse
Or l'environnement a besoin de qualité. Malheureusement le discount n'est pas a priori propice à l'environnement. La haute qualité environnementale coûte un peu plus cher. La qualité implique aussi de la durée. Il faut du solide, du durable, et non du jetable. Enfin l'environnement est également une manière de vivre, un urbanisme, une façon d'être dans la ville. La grande surface crée un univers terrible axé sur le tout auto, sur les spaghettis autoroutiers. C'est un cube dans un parking. Destinée à la consommation de masse, elle réclame une production de masse qui est synonyme de mauvaise production. En plus, les grandes surfaces n'aiment pas la concurrence. Elle préfèrent les accords tacites qui garantissent leurs marges ; aucune entreprise n'aime la concurrence ; concurrence veut dire faible profit. Regardez les banques, qui détestent se faire concurrence et préfèrent tondre paisiblement leurs moutons chacune dans son pré.
Reste le problème esthétique… et on ne peut pas dire que le grand commerce ait vraiment apporté à l'esthétique urbaine. Consommation et beauté paraissent antinomiques.

La phrase du jour : «C'est l'affaire de la princesse de Clèves qui m'a arraché à mon sommeil politique. Je me suis dit : ce pays a un problème avec la beauté, avec le souvenir», première phrase du livre de  Sébastien Lapaque, Il faut qu'il parte, publié chez Stock.

Retrouvez « L'autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.


Jeudi 01 Mai 2008 - 09:05

Bernard Maris

Retrouvez moi : http://monmulhouse.canalblog.com/




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