Une consommation de masse tout sauf écologique
Une consommation de masse tout sauf écologique
C'est cette semaine qu'est présenté aux partenaires du Grenelle de
l'environnement l'avant-projet de loi dit «Grenelle 1» qui ira en
conseil des ministres fin mai… 47 articles donneront un statut
législatif aux grands objectifs du gouvernement en matière
d'environnement. On attend avec impatience le contenu de ces articles
(biodiversité, santé, lutte contre le changement climatique…) présentés
devant le groupe UMP à l'Assemblée aujourd'hui. Ensuite la loi, dans un
«Grenelle 2», contiendra un aspect pratique concernant essentiellement
les transports et l'habitat.
Concurrence égale baisse de qualité
Hélas le projet de loi Grenelle de l'environnement se heurte au projet
de loi de modernisation de l'économie présenté hier en conseil des
ministres. Y compris dans sa philosophie. Le projet de loi de
modernisation de l'économie se résume en un mot : pouvoir d'achat.
Pression sur les prix. C'est donc un objectif purement quantitatif. Au
nom de la pression sur les prix, on va favoriser l'implantation des
grandes surfaces dont la taille va passer de 300 à 1000 mètres carrées
; on va permettre l'entrée des concurrents étrangers et l'émergence du
maxi-discount.
Bref, on fait sien le théorème : «Plus de concurrence,
égale plus de baisse des prix». Or les économistes savent depuis
longtemps que ce n'est pas vrai. Par exemple, plus de concurrence peut
impliquer plus de bas de gamme et plus de baisse de qualité.
A consommation de masse, production de masse
Or l'environnement a besoin de qualité. Malheureusement le discount
n'est pas a priori propice à l'environnement. La haute qualité
environnementale coûte un peu plus cher. La qualité implique aussi de
la durée. Il faut du solide, du durable, et non du jetable. Enfin
l'environnement est également une manière de vivre, un urbanisme, une
façon d'être dans la ville. La grande surface crée un univers terrible
axé sur le tout auto, sur les spaghettis autoroutiers. C'est un cube
dans un parking. Destinée à la consommation de masse, elle réclame une
production de masse qui est synonyme de mauvaise production. En plus,
les grandes surfaces n'aiment pas la concurrence. Elle préfèrent les
accords tacites qui garantissent leurs marges ; aucune entreprise
n'aime la concurrence ; concurrence veut dire faible profit. Regardez
les banques, qui détestent se faire concurrence et préfèrent tondre
paisiblement leurs moutons chacune dans son pré.
Reste le problème esthétique… et on ne peut pas dire que
le grand commerce ait vraiment apporté à l'esthétique urbaine.
Consommation et beauté paraissent antinomiques.
La phrase du jour : «C'est
l'affaire de la princesse de Clèves qui m'a arraché à mon sommeil
politique. Je me suis dit : ce pays a un problème avec la beauté, avec
le souvenir», première phrase du livre de Sébastien Lapaque, Il faut qu'il parte, publié chez Stock.
Retrouvez « L'autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.
Jeudi 01 Mai 2008 - 09:05
Bernard Maris
Retrouvez moi : http://monmulhouse.canalblog.com/