Le pire n'est jamais sûr, même au PS !
Le pire n'est jamais sûr, même au PS !
Qui sera le Obama français ? - Steve Rhodes - Flickr - cc -
Comparer le PS du printemps 2006 au PS du printemps 2008 est un petit exercice amusant qui ouvre des perspectives.
A première vue, aucune différence. Même nom, même sigle, même adresse,
même gérant de faillite, François Hollande. Les élections locales sont
favorables. Les militants venus sont repartis. Claude Estier publie un
énième recueil de souvenirs. Laurent Fabius s'essaye à l'opposition
frontale, au cas où… Le maire de Lyon Gérard Collomb, comme le
neo-sarkozyste Jean-Marie Bockel avant lui, se donne des airs de
visionnaire en plaidant pour un libéralisme mâtiné de social et une
alliance avec la droite centriste. A intervalles réguliers, dans la
grande presse, DSK livre encore ses prophéties planétaires ; contre
l'évidence, le directeur du FMI garde espoir que la prochaine
présidentielle se jouera aux échecs et consacrera le plus intelligent.
A la gauche du parti, Jean-Luc Mélenchon a toujours le cul entre deux
chaises et Henri Emmanuelli n'en finit pas de passer le flambeau.
Figure encombrante, Lionel Jospin veille, comme d'habitude, à ce que
nul ne réclame le droit d'inventaire du jospinisme. La presse, de
droite comme de gauche, cherche un nouveau Mitterrand et les
éditorialistes s'interrogent gravement sur l'absence de programme et de
stratégie. Les meilleures plumes s'étonnent surtout de la confusion qui
accompagne nécessairement la sélection d'un leader. Mieux, elles
dénoncent, courageusement croient-elles, ces intolérables chicayas. A
priori, donc, le PS est en ordre et la gauche devrait tranquillement
perdre en 2012 comme elle échoua en 2007.
Qui sera l'Obama français
Attention, pourtant, aux prévisions hâtives ! Que s'est-il passé en
2006, en effet ? Même dans ce Parti socialiste vermoulu, lamentable,
nombriliste, ossifié en baronnies, l'imprévu s'est produit. Tandis que
l'attention se concentrait sur le match des anciens ministres des
Finances, DSK versus Fabius, arbitré par François, Jack, Lionel,
Martine et les autres, une ex-ministre de la Famille s'est immiscée et
rapidement imposée. Contre tous, et en particulier contre la presse qui
refusait de la considérer. Que Ségolène Royal et sa démocratie
participative ait été, dans un second temps, soutenue par les
stégosaures du PS (Georges Frèche, Louis Mermaz, Pierre Mauroy… ) ne
doit pas faire oublier le stupéfiant surgissement originel.
Or, précisément en raison du peu d'enthousiasme que
produit actuellement l'opposition, tout indique qu'une surprise
identique devrait à nouveau se produire. Et déprogrammer le duel
annoncé, obligatoire, déjà soporifique, entre la présidente de la
région Poitou-Charentes et le maire de Paris. Comme il y a deux ans, un
autre scénario peut s'imposer. A nouveau contre le PS et ses kroumirs,
auquel appartient désormais l'ex-candidate. Contre la presse aussi qui,
rangée derrière ce qu'elle croit être le choix du peuple contre les
appareils, ne veut plus voir qu'une seule tête, celle de Ségolène
Royal.
En 2006, cette dernière a su incarner la nouveauté et le
volontarisme. Avec astuce, elle a également -bien qu'énarque, ancienne
de l'Elysée, ex-multiministre et compagne du chef du PS !- se placer du
côté du peuple, contre les élites. En 2008, l'équation est la même : la
gauche recherche un chef qui parle neuf et clair, au nom du peuple et
pour le peuple. Aucun des actuels prétendants «crédibles» pour 2012,
Royal compris et malgré son charisme vu à la télé, ne correspond à ce
profil ? Tant mieux : place aux autres ! Après tout, Barack Obama a été
élu au sénat des Etats-Unis il y a seulement trois ans !
Vendredi 04 Avril 2008 - 17:13
Daniel Bernard
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