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Mon Mulhouse3
3 avril 2008

Le Revenu de Solidarité Active aux oubliettes de la rigueur

Le Revenu de Solidarité Active aux oubliettes de la rigueur

Pas encore enterré, le Revenu de solidarité active (RSA) est largement remis en cause. Jugé trop coûteux par le premier ministre, il pourrait bien faire l'objet d'un sérieux toilettage et d'un report d'application à une date très ultérieure.



Martin Hirsch, pour qui le vent tourne. (Photo lemaire.benjamin, flickr, cc)

Martin Hirsch, pour qui le vent tourne. (Photo lemaire.benjamin, flickr, cc)

Il est beau le bilan de l'ouverture ! Qu'en est-il aujourd'hui de ces ministres fringuants, censés donner du souffle, des couleurs, des idées et du bonheur à la droite sarkozyenne. Une armée en déroute ! Abandonnée sur sa gauche, moquée sur sa droite pour sa confondante naïveté. Kouchner, toujours à essayer de décrypter les premières lignes de l'ouvrage posé sur sa table de nuit, «la realpolitik expliquée au ministre des affaires étrangères», Jean-Marie Bockel cercueillisé aux anciens combattants, Fadela Amara disparue après un «plan banlieue» fantôme annoncé comme la révolution socialo-urbaine du millénaire.
Restait Martin Hirsch. Plutôt discret, sachant se faire entendre à l'occasion, le Haut commissaire aux Solidarités actives avait peut-être plus que les autres pressenti que la partie serait difficile à jouer, jurant qu'il mettrait sa démission sur la table s'il n'obtenait pas les 3 milliards nécessaires au financement de son Revenu de Solidarité Active. Animé des meilleurs sentiments, il est un problème. Toujours le même, qui risque de se poser durablement : «les caisses sont vides». Et le problème du vide, c'est qu'il n'a aucun sens de la charité. Le kopeck inexistant l'est tout autant pour financer des plans logement que des mesures de réinsertion sociale.

RSA : Prendre le temps d'attendre
Comme souvent en pareil cas, c'est la cacophonie gouvernementale qui dit le mieux l'embarras du pouvoir. Au micro de France Inter, le premier ministre, sans enterrer le dispositif, déclarait que «Pour l'instant, le projet qui est proposé par Martin Hirsch est un projet qui a deux inconvénients: il est coûteux, de l'ordre de trois milliards d'euros, et il conduit à diminuer la prime pour l'emploi pour un certain nombre de Français». Marchant sur des œufs, Christine Lagarde, pour sa part expliquait que le RSA «est un des moyens parmi toute une palette d'autres moyens permettant de ramener tous les Français qui le souhaitent vers l'emploi».
Porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, tout en prudence, y est allé de ses arguments: «La réforme ne faisait pas partie du programme présidentiel. Elle est arrivée lorsque Martin Hirsch est devenu haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté. (…) Pour autant, il n'y a jamais eu d'engagement sur la date exacte d'application du dispositif. Nous ne savons pas qui seront les financeurs ni quel sera son périmètre exact. Il faut prendre le temps d'étudier tout cela».
Difficile d'être plus clair pour exprimer le flou qui règne. Une rhétorique habile pour prévenir nos concitoyens qu'il est encore grand temps de ne s'attendre à…rien, surtout à court terme.
Pourtant, dans la lettre de mission adressée à Martin Hirsch, Nicolas Sarkozy écrivait : «nous souhaitons que le revenu de solidarité active soit créé à la fin de l'année 2008 et si possible avant». Encore raté.

Fillon : si ça allait mieux, ça irait moins mal
Conçu pour accélérer la reprise du travail, en compensant leurs frais ou perte d'indemnités, le RSA toucherait moins de monde et serait donc moins coûteux si la France retrouvait le plein-emploi : «c'est la solution de tous nos maux», a dit le Premier ministre. Bon sang, mais c'est bien sûr : les dispositifs d'aide sociale coûteraient moins chers s'ils ne s'appliquaient à personne… Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt !
Si tout allait bien, sans doute que ça irait mieux… Le Seigneur de La Palice n'aurait pas fait mieux. Si le comique politique est sans limites, la réalité économique lui donne parfois un caractère plus austère.

Un plan de «modernisation» qui touchera les dépenses de solidarité
Selon les dernières informations du Monde, le gouvernement français devrait ainsi annoncer, vendredi, six à sept milliards d'euros d'économies en rognant sur ses dépenses d'intervention dans le logement, la santé, l'emploi et la formation.
Pas un plan de rigueur, mais un plan de «modernisation». Tout est dans la nuance. «Les économies annoncées vendredi seront intégrées dans le projet de finances triennal (2009 à 2011) et porteront essentiellement sur le logement, la santé, l'emploi et la formation professionnelle, ainsi que sur la politique de développement des entreprises» croit savoir le journal qui ajoute qu'un autre conseil de «modernisation», prévu à la mi-mai, devrait être plus particulièrement consacré aux dépenses de solidarité (handicap, dépendance, lutte contre la pauvreté et les exclusions).

Bouclier fiscal: d'accord ; Bouclier social: pas d'accord
Pendant ce temps là, Martin Hirsch encaisse et communique, histoire de rappeler qu'en d'autres temps, on lui avait donné certaines garanties. Ainsi dans l'Expansion, l'ancien responsable d'Emmaus a prévenu qu'il ne voulait pas d'un RSA «au rabais». Lors d'un chat sur Rue89, il définissait de façon imagée le travail accompli par le gouvernement : «avec le bouclier fiscal, on garantit aux plus riches que quand ils gagnent plus, ils gardent toujours 50% dans leur poche. Avec le RSA, on garantit aux personnes les plus pauvres que quand elles regagnent de l'argent, elles gardent 70% dans leur poche».
Si la France d'en-haut a reçu son armure fiscale «taillée sur mesure», celle d'en-bas devrait sérieusement commencer à renoncer à son bouclier social, tant il semble doucement mais sûrement prendre le chemin des oubliettes.


Jeudi 03 Avril 2008 - 00:01

Régis Soubrouillard

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