Gouvernement Jean-Marie Bockel victime de la « Françafrique »
Le 20/03/08 à 06:47 - Raymond Couraud
Jean-Marie Bockel aurait été « rétrogradé » à la demande de son ancien ministre de tutelle, Bernard Kouchner. C’est ce qu’ont confié hier matin plusieurs ministres à la sortie de l’Élysée.
Interrogé
à la sortie du Conseil des ministres sur les raisons de son «
reclassement » à la Défense-Anciens Combattants, l’ex-secrétaire d’État
à la Coopération et à la Francophonie s’est borné à répondre : « Ce n’est pas à moi de le dire. » « Ce ne sont que des ragots et je me demande qui peut bien colporter de telles choses », nous confiait hier soir le nouveau secrétaire d’État à la Défense à la suite de la passation de pouvoir à la Coopération.
D’après ceux qui l’ont côtoyé à la sortie du Conseil des ministres, il avait plutôt l’air embêté. Dès hier matin en effet, Le Figaro avançait que Bernard Kouchner avait eu la peau de son secrétaire d’État.
L’arrivée
du maire de Mulhouse, mardi au poste de secrétaire d’État à la Défense
et aux Anciens combattants, avait un peu surpris. Jean-Marie Bockel
n’avait apparemment pas démérité au cours des neuf mois qu’ont duré sa
mission. « J’aurais aimé un peu plus de temps pour mener à bien certains dossiers », avouait-il.
Omar Bongo aurait demandé sa tête
Hier,
on murmurait dans les milieux ministériels que Kouchner aurait préféré
avoir un secrétaire d’État dévoué corps et âme à sa personne, et pas un
collègue jouant sa propre partition sur certains dossiers. Celui de la
Françafrique a pu indisposer le ministre des Affaires étrangères.
Lors
de ses vœux, Jean-Marie Bockel avait en effet souhaité voir évoluer les
relations entre les pays africains et l’ancienne puissance coloniale.
La petite phrase dans laquelle le secrétaire d’État souhaitait « signer l’acte de décès de la Françafrique »
a donné des boutons à quelques régimes africains. Ce fut notamment le
cas au Gabon, où le président Bongo a une conception très exclusive des
relations entre son pays et Paris.
D’après l’Agence France Presse,
le président gabonais aurait demandé la tête du secrétaire d’État à la
Coopération. Le président N’Guesso du Congo a lui aussi mal admis une
telle critique.
« Une vraie bêtise »
D’autres explications sont aussi avancées. « Kouchner, qui n’a jamais été élu, ne comprenait pas que Bockel puisse consacrer autant de temps à sa ville »,
explique-t-on du côté de la diplomatie française. D’autre part, les
relations entre le chef de l’État et le maire de Mulhouse sont plutôt
bonnes, et ce, depuis longtemps. Kouchner s’est-il agacé de ne pas voir
Nicolas Sarkozy taper sur les doigts de son secrétaire d’État lors de
l’épisode de la Françafrique ?
Hier en tout cas, des ministres confiaient que « cette rétrogradation est une vraie bêtise ». Jean-Marie Bockel, lui, se réjouit d’obtenir un poste de secrétaire d’État en passant « d’un ministère régalien à un autre ministère régalien ». Il a obtenu l’assurance d’Hervé Morin, ministre de la Défense, d’être associé à tous les grands dossiers. « J’aurai
un vrai budget, une administration, et surtout je bénéficierai d’une
grande autonomie sur des dossiers importants comme la défense citoyenne
», nous a expliqué hier soir M. Bockel.
Raymond Couraud
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