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Mon Mulhouse3
2 octobre 2008

"Le système de santé français, qu'on croyait être le meilleur du monde, est en train de craquer"

Christian Paul, député socialiste de la Nièvre

"Le système de santé français, qu'on croyait être le meilleur du monde, est en train de craquer"

   

Député socialiste de la Nièvre, Christian Paul a présidé la mission d'information de l'Assemblée nationale sur l'offre de soins en France, qui a rendu public son rapport, mercredi 1er octobre.

Ses conclusions, adoptées à l'unanimité par les huit membres de la mission, devraient alimenter l'examen au Parlement du projet de loi "Hôpital, patients, santé, territoire", qui sera présenté fin octobre en conseil des ministres par la ministre de la santé, Roselyne Bachelot.

La mission que vous avez présidée a travaillé pendant six mois sur l'accès aux soins en France. Quel constat tirez-vous ?

Depuis deux ou trois ans, les déserts médicaux ont progressé en France et les inégalités dans l'accès aux soins se sont durcies. L'implantation des médecins généralistes et des spécialistes est totalement déséquilibrée, avec des zones très excédentaires et des zones rurales sous-dotées, à la campagne, en banlieue et dans les petites villes.

Il y a des territoires où les médecins de secteur 1 (pratiquant des tarifs remboursés par l'assurance-maladie) ont quasiment disparu et où les patients sont confrontés à de forts dépassements d'honoraires. La fracture sociale se rajoute alors à la fracture géographique. Le système de santé français, qu'on croyait être le meilleur du monde, est en train de craquer : il nous faut réagir, car on est dans une situation d'impuissance publique.

Ce constat est partagé par le gouvernement, qui cherche à y répondre au travers du projet de loi de Roselyne Bachelot. Qu'en pensez-vous ?

Ce projet est extrêmement tiède. Il comporte quelques bonnes intuitions, mais on n'est pas encore totalement sorti du laisser-faire qui a prévalu depuis trente ans. Nous défendrons des positions plus volontaristes lors du débat parlementaire. Nous souhaitons mettre en place des normes de délai d'accès aux hôpitaux, pour qu'on aboutisse à un véritable maillage du territoire : aucun patient ne devrait être à plus de trente minutes des urgences et plus de quarante-cinq minutes d'une maternité.

Il faut également établir les conditions d'un deal global avec les médecins, afin qu'ils soient incités à s'installer dans les zones déficitaires : il faut moduler leur mode de rémunération, en instaurant une part de paiement au forfait quand ils prennent en charge des maladies chroniques ou s'engagent sur les gardes de nuit et de week-end. Il faut aussi faciliter leur regroupement dans des maisons de santé pluridisciplinaires et opérer un transfert de tâches vers d'autres professions paramédicales.

Les esprits sont-ils mûrs pour une plus forte régulation de la profession médicale ?

Je le crois. Nos propositions n'auraient pas pu être adoptées à l'unanimité, majorité et opposition confondues, il y a encore deux ans. Il y a un consensus sur la nécessité d'un pilotage public, qu'on devrait pouvoir obtenir au travers de la création des agences régionales de santé.

Il devient nécessaire de freiner l'installation des médecins dans les zones excédentaires : si rien ne bouge, il faudra penser à des systèmes de plafond, avec un nombre limité de praticiens sur un territoire. La liberté d'installation des médecins est de moins en moins un tabou : la société n'accepte plus de telles disparités dans l'accès aux soins.

Propos recueillis par Cécile Prieur

Article paru dans l'édition du 02.10.08.

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