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Mon Mulhouse3
23 septembre 2008

L'ouverture du capital de La Poste sous haute surveillance

L'ouverture du capital de La Poste sous haute surveillance

La Poste, le premier service public de proximité en France, est l'une des dernières postes publiques en Europe. Les syndicats savent qu'il lui faut trouver de l'argent - trois milliards d'euros au moins, selon M. Bailly - pour se développer et affronter ainsi l'ouverture totale du marché postal à la concurrence, en 2011.

Mais ils s'inquiètent pour l'emploi et la pérennité des missions de service public de leur entreprise, une fois transformée en Société anonyme (SA) et vendue, fût-ce partiellement, à des actionnaires privés. Ils demandent à l'Etat de jouer son rôle d'actionnaire sans vouloir examiner les garanties que celui-ci pourrait apporter, comme de rester l'actionnaire majoritaire de l'opérateur public postal ou de renforcer, dans une loi, les missions publiques. La Poste privatisée et mise en Bourse - l'une des options à l'étude - mettrait un terme, estiment-ils, au service universel postal, accessible pour tous au même tarif sur tout le territoire, de sa contribution à l'aménagement du territoire.

Soucieux de ne pas laisser le dossier s'envenimer sur le plan politique, et notamment de ne pas offrir au Parti socialiste l'occasion de retrouver une unité, le gouvernement s'est penché très tôt sur le dossier de La Poste. L'idée de créer une commission de réflexion sur l'avenir de l'entreprise, composée d'élus et de syndicats aux côtés de représentants de l'Etat et de La Poste, a été arbitrée le 5 septembre par le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, lors d'une réunion entre le premier ministre François Fillon, la ministre de l'économie Christine Lagarde, le secrétaire d'Etat à l'industrie Luc Chatel, le conseiller social du président de la République, Raymond Soubie, et le secrétaire général adjoint de l'Elysée, François Pérol.

L'idée de M. Sarkozy était de donner des gages en matière de débat démocratique, sur un sujet d'intérêt public, mais aussi, ce faisant, de prendre le temps de la réflexion, "sans idéologie" précise un proche conseiller. Le chef de l'Etat souhaiterait qu'on lui explique clairement le projet et son enjeu avant de se faire une opinion, ne se sentant pas tenu par l'empressement du président de La Poste.

M. Bailly aimerait pouvoir adopter le statut de Société anonyme (SA) en 2010, de façon à ouvrir le capital de l'entreprise un an plus tard. La lettre de mission adressée au président de la Commission sur l'avenir de La Poste, François Ailleret, l'ancien directeur général d'EDF, assignera à ce dernier deux grands objectifs : évaluer l'impact de la libéralisation totale du courrier pour l'entreprise publique, notamment ses forces et ses faiblesses ; examiner toutes les options d'évolution du capital, tout en préservant le statut et les droits des personnels (54 % de fonctionnaires) ainsi que l'avenir des missions de service public.

 

"TOUCHE PAS À MA POSTE"

 

Le gouvernement sait, en effet, qu'il marche sur des oeufs. Des études d'opinion récentes ont confirmé l'attachement des Français à La Poste, en tant que service public dépassant largement la distribution du courrier, mais aussi en tant que symbole nostalgique et rassurant d'une France rurale. Selon ces sondages, les Français s'inquiéteraient de la logique de "rentabilité" à laquelle serait tenue une Poste privatisée. Mais ils auraient dans le même temps conscience de la nécessité pour La Poste d'évoluer et de se moderniser, et oscilleraient entre résignation et approbation...

Un constat éloigné de celui que dressent les syndicats, les associations et les partis de gauche, regroupés en collectif réclamant un référendum sur La Poste. Pour eux, notamment pour la CGT, qui revendique 140 000 signatures à sa pétition "Touche pas à ma Poste", les Français ne veulent pas d'une ouverture du capital de La Poste, qui conduirait inexorablement à une privatisation.

"Croire que des actionnaires renteront dans le capital de La Poste pour la défense du service public et des agents, c'est croire au Père Noël !", lance FO. "Qui dit actionnaire dit recherche du profit rapide", renchérit SUD, promettant "plusieurs dizaines de milliers de suppressions d'emplois et une remise en cause de la présence postale".

Dans ce contexte très politique, le président de La Poste maintient le cap sur son projet, conservant bon espoir de tenir son calendrier qu'il s'est fixé. M. Bailly déploie des efforts de pédagogie auprès des cadres dirigeants afin que ceux-ci rassurent les postiers sur leur avenir.

Dans un courrier interne daté du 17 septembre, le patron de La Poste écrit que "cinq conditions et garanties sont posées pour assurer la réussite de cette opération : La Poste reste une entreprise publique majoritairement contrôlée par l'Etat ; les missions de service public et leur financement sont confortés par l'Etat ; les garanties nécessaires sont données aux postiers concernant leur avenir et leur association à l'évolution du capital ; l'ouverture du capital se fait par augmentation de capital ; les perspectives présentées aux investisseurs se fondent sur le plan 2008-2012". "La Poste ne procédera à aucun licenciement collectif pour motif économique pendant cette période", affirme M. Bailly.

Anne Michel


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