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Mon Mulhouse3
14 juin 2008

Marseille: que sont devenues les promesses de Sarkozy?

Marseille: que sont devenues les promesses de Sarkozy?
                              
       

Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Gaudin à Marseille en septembre 2007 (Reuters).

Trois jours avant le premier tour des élections municipales du mois de mars, Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille candidat à sa propre succession, avait sorti de son chapeau magique une longue lettre signée de la main de son "ami" Nicolas Sarkozy, président de la République. Fallait-il y voir le signe de la providence? Cette main tendue du chef de l'Etat tombait à pic pour un Gaudin en mauvaise posture, fragilisé par sa campagne catastrophique et un challenger -Jean-Noël Guérini- plus coriace que prévu.

Qu'y avait-il donc dans cette hotte de Père Noël? La garantie de l'indéfectible "engagement de la Nation pour faire de Marseille, non seulement la grande métropole du sud de la France, mais aussi la grande métropole de la Méditerranée":

"L'effort de l'Etat en faveur de Marseille doit être à la hauteur de cette espérance. Je souhaite que son engagement soit sans faille aux côtés de tous les Marseillais, de leur maire, des entrepreneurs, des chefs d'entreprise, des intellectuels, des savants, des artistes qui font la vitalité de Marseille."

Madrid-Rome sans passer par Marseille, "une faute au regard de l'histoire"

Et le président d'énumérer un catalogue de bonnes intentions, soufflées pour partie depuis un soupirail du cabinet du maire de Marseille. Trois mois plus tard, que reste-t-il de ces promesses? Un peu tôt pour le dire? Pas sûr… car le dossier de la LGV (ligne à grande vitesse), dont on reparle ces derniers jours, pourrait bien dessiner la tendance des mois à venir. Une tendance pas forcément très favorable à Marseille…

Fin avril, le préfet de région Michel Sappin a en effet déclaré qu'il serait plus judicieux, mais surtout moins coûteux, de ne pas faire passer la future ligne à grande vitesse par Marseille. Un peu à la surprise générale puisque, dans sa lettre, Nicolas Sarkozy tenait un tout autre discours:

"Le scénario de référence est celui de 'la ligne des grandes métropoles'. Au-delà des questions techniques qui pourront se poser, ce tracé a ma préférence parce qu'il serait impensable que l'arc latin appelé à relier Madrid à Rome laisse Marseille à l'écart. Ce serait sans doute une faute au regard de l'histoire et du rôle que la France veut jouer dans l'avenir de la Méditerranée."

Jean-Claude Gaudin, qui avait réussi à imposer l'idée d'un tracé par sa ville, s'est donc retrouvé dépourvu lorsque Michel Sappin fut venu. Pour le maire de Marseille aujourd'hui:

"Sacrifier les populations des métropoles de Marseille et de Toulon à la rapidité du tracé de la LGV PACA serait une erreur lourde de conséquences, une nouvelle démonstration de la vision centralisatrice qui a fait tant de mal à la France."

"L'ami" Sarkozy appréciera. Dans les rangs de la gauche, on s'interrogeait tout de même sur la "légitimité du préfet à intervenir sur un tel dossier; et en même temps, s'il le fait, c'est qu'il doit avoir l'aval de l'Elysée". Réseau ferré de France (RFF) doit, d'ici la fin du mois de juin, remettre au secrétaire d'Etat aux Transports les conclusions des études complémentaires réalisées à partir des différents tracés. Il devrait donc revenir à Dominique Bussereau, si ce n'est déjà fait, d'arbitrer dans un dossier qui pèserait entre 5 et 7 milliards d'euros.

Hôpitaux cherchent subsides désespérément

Autre sujet sensible évoqué dans le courrier du Président: le déficit de l'Assistance publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), qui avoisinerait aujourd'hui les 150 millions d'euros (100 millions en début d'année).

"Je veillerai, avait déclaré Nicolas Sarkozy, à ce que l'Etat apporte sa contribution à l'équilibre financier du budget de l'Assistance publique et au financement de son programme d'investissement".

Du côté de l'AP-HM, les subsides de l'Etat, personne pour l'instant n'en a vu la couleur. Engagés dans un colossal programme d'investissements -plus d'un milliard d'euros sur cinq ans- les hôpitaux marseillais espèrent ne pas avoir à réduire ces investissements pour combler le déficit de fonctionnement. Pourtant, si l'argent promis par l'Etat n'arrive pas, il faudra bien trouver des solutions.

Nicolas Sarkozy a également abordé la question du "périphérique" de Marseille, la L2, serpent de mer qui doit permettre de contourner la ville par l'Est et de faire se rejoindre autoroute Nord et autoroute Est:

"L'Etat a mis en place les crédits budgétaires et il tiendra tous ses engagements pour que cette voie soit enfin réalisée dans les meilleurs délais."

Sur ce dossier, le président n'annonçait absolument rien de neuf. Il promettait également, "dans le cadre du programme de régénération des voies ferrées existantes établi lors du Grenelle de l'Environnement", d'accélérer les travaux de modernisation de la liaison ferroviaire Aix-Marseille-Aubagne. Or, rappelaient les élus Verts ces derniers jours, "aucun financement des TER et des transports urbains n'a été prévu dans la loi de programmation du Grenelle présenté cette semaine".

"A force de vouloir être un attrape-tout, il y a un risque à devenir attrape-rien…"

On poursuit. "Je vous confirme la réalisation du Musée des civilisations méditerranéennes d'ici à 2013, pour placer Marseille au cœur du dialogue des cultures en Méditerannée", a écrit Nicolas Sarkozy.

Oui mais voilà, il se dit aujourd'hui que ce qui préserve encore l'idée du Mucem, c'est la perspective que Marseille puisse peut-être décrocher la candidature au titre de capitale européenne de la culture en 2013. Or, la bataille fait rage avec Bordeaux, également candidate. Alain Juppé, malin, avait d'ailleurs évoqué "Marseille, capitale de l'Union pour la Méditerranée, et Bordeaux, capitale de la Culture". Manière de dire que la ville phocéenne ne pouvait pas prétendre être capitale de tout. Un élu marseillais de commenter:

"A force de vouloir être un attrape-tout, il y a un risque pour Marseille à devenir attrape-rien…"

Dans la lignée du Mucem, le président avait également assuré à Jean-Claude Gaudin et aux Marseillais:

"Je veux vous le dire, je veux le dire à tous les Marseillais, la capitale française de l'Union pour la Méditerranée s'appellera Marseille."

Les promesses n'engageant que ceux qui y croient, il n'y avait pas grand risque pour le président à avancer une telle promesse. Or, même si Marseille est amenée à jouer un rôle prépondérant dans l'élaboration puis le fonctionnement d'une Union pour la Méditerranée telle que Nicolas Sarkozy souhaite la mettre en place, il y a longtemps qu'on sait que la cité phocéenne n'en sera pas la capitale…

Nicolas Sarkozy avait enfin conclu sa lettre de soutien à Jean-Claude Gaudin par cette prophétie: "Cette renaissance, je m'engage à ce que Marseille ait les moyens de l'accomplir." Faire renaître Marseille? Il en est question depuis… 1995.


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