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Mon Mulhouse3
9 juin 2008

Les conseillers de Sarkozy. Certains parlent, d'autres non...

Les conseillers de Sarkozy. Certains parlent, d'autres non...

Deuxième épisode de notre série Les nouvelles géographies du sarkozysme. Où l'on entrevoit les changements majeurs induits par la chute sondagière du Président...



Photo de FlashStef - flickr - cc

Photo de FlashStef - flickr - cc

Au début du septennat régnait le cabinet des Magnifiques. La rupture en veux-tu en voilà. Les conseillers de Chirac furent silencieux et obséquieux ? Ceux de la Rupture seraient donc bavards et insolents. Les cabinets étaient discrets, semblant agir dans l'ombre ? On exposa le cabinet de Sarko aux photo reporters de Match et le Président lui-même les invita à s'exprimer dans les médias. Miracle de l'état de grâce autoproclamé par les médias, le charivari fut interprété comme un charme nouveau du régime, une preuve de sa liberté de ton. Les journalistes bluffés attribuaient à la magie sarkozienne la capacité à faire travailler ensemble le « souverainiste » Guaino (qui ne revendique d'ailleurs pas ce titre mais qu'importe, il restera toujours tel pour les journalistes) et l'orthodoxe Pérol voire l'ultra européiste Jouyet, secrétaire d'état aux Affaires européennes. La grande gueule Bénamou tâclait de près la Ministre de la culture Christine Albanel. Emmanuelle Mignon s'emportait contre Henri Guaino. On ne remarqua point, cependant, que ce comportement ostentatoire était davantage celui des adversaires de la pensée unique que celui de ses serviteurs, qui pour l'heure, se tenaient cois, attendant sans doute leur heure. Claude Guéant s'exprimait un peu partout. Et le conseiller Guaino a profité avec plaisir de cette largesse présidentielle : puisque le «Verbe» avait séduit les Français durant la campagne, le même Verbe devait les accompagner au temps de l'action. On mangea donc du Guaino matin midi et soir. Sur Marianne2 sûr mais aussi dans tous les médias, télévisions, radios, presse papier et même internet.

Retour de la pensée unique ?

Que reste-t-il de ces épanchements contre la pensée unique ? Pas grand chose en vérité. Les coups de gueule du Président contre l'euro cher n'ont pas empêché Jean-Claude Trichet de poursuivre sa politique de maintien des taux d'intérêt élevés. Les engagements sarkoziens à Gandrange n'ont pas empêché Mittal de fermer une partie de l'aciérie. La loi LME reprend un grand nombre d'antiennes néolibérales, comme s'en félicite Jacques Attali. Enfin, dernier camouflet, Angela Merkel a définitivement ruiné, lors de la conférence de Hanovre du 3 mars 2008 où elle a menacé le Président français de déclencher une crise, le projet d'Henri Guaino d'Union pour la Méditerranée, ramené à une dimension européenne c'est-à-dire à celle d'une usine à gaz ingérable
Le temps du silence est donc venu pour Henri Guaino comme d'ailleurs pour la plupart des conseillers. C'est qu'au moment où la cote de Sarkozy est descendue dans les sondages et dans le cœur des journalistes (quelle coïncidence !), la liberté inédite des conseillers est devenue subitement pagailleuse. Messieurs les conseillers, quoiqu'ils en disent, ont été appelés à plus de discrétion, et il faut chercher la parole de Guaino dans les arcanes du site de France 24. 


Catherine Pégard, nouvelle star ?

Désormais, la priorité est donnée aux porte-parole qui diffusent la doxa présidentielle : Dominique Paillé, Franck Louvrier, Catherine Pégard, conseillère à la fois rassurante et plus classique. Son bureau, qui mène à celui d'Henri Guaino, est deux fois plus petit que celui du conseiller spécial. Mais elle est heureuse de montrer à ses visiteurs l'empilement nonchalant d'une montagne de dossiers sur ce qui fut la baignoire de Joséphine. Plus son auréole monte dans les médias, plus les conseillers se la ferment. Ils devaient servir et éclairer la parole du Président, ils finissaient par s'exprimer sur tout à tort et à travers, et à donner l'impression que c'était eux qui gouvernaient le pays.
La conseillère aime à vanter le «pragmatisme» du Président auquel les institutions se seraient en quelque sorte «imposées». Jolie formule pour avouer que si les conseillers ont dû se montrer plus discrets, Nicolas Sarkozy lui-même a dû enfin accepter les remontrances de Guéant qui, dès sa rencontre avec Carla Bruni, l'avait, en des termes choisis mais clairs, averti que les Français ne l'avaient pas élu pour qu'il revendique son «droit au bonheur». Catherine Pégard, elle, parle de son patron avec des majuscules, trahissant l'immense admiration qui l'a poussée à abandonner son confortable magistère au Point pour «faire le job». Justement, quel est-il ce job ? Officiellement, elle est censée gérer le délicat dossier des relations avec la majorité parlementaire. Mais la cacophonie qui persiste dans ce domaine depuis trois mois, de la loi OGM au vote de la Constitution, interdit aujourd'hui d'en faire un trophée. Soyons juste, Madame Pégard ne fait que commencer son labeur et elle partage cette fonction avec d'autres, Roger Karoutchi et un autre conseiller pour lequel c'est un fulltime job, comme on dit maintenant dans la haute administration française. Mais pendant que le cabinet in rentrait dans le rang, le cabinet off, lui, s'activait…
A lire aussi le premier épisode  des nouvelles géographies du sarkozysme
Prochain épisode : le cabinet off


Lundi 09 Juin 2008 - 07:38

Philippe Cohen

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