Franck Louvrier : sus à Internet
Franck Louvrier : sus à Internet
Qui a soufflé à Nicolas Sarkozy ces stupides idées sur Internet ? En
tout cas, le Président, sur ce sujet, a choisi son camp : celui des
anciens contre les modernes, des quinquas contre les trentas, des
plumes à l'ancienne contre les Barbares de l'info. Si ce n'était pas le
cas, le pittbull du président, celui que l'on surnomma Pulp Fiction ne
se serait pas fendu, mercredi 4 juin, d'une telle tribune dans
Libération (lire l'encadré ci-dessous).
Résumons sa thèse. Internet incarne la barbarisation du
journalisme. La rumeur y prend la place de l'info. Internet incarne le
rêve politique soixante-huitard. Il met en partage le pouvoir
médiatique, rogne sur le secret d'Etat, rend publiques les guerres,
etc. Oui mais voilà, poursuit Louvrier, il y a trois hics :
1°) Internet menace la préservation de notre vie privée.
Louvrier ne l'écrit pas, mais chacun pense au fameux vrai-faux SMS
présidentiel.
2°) Internet déstabilise l'équilibre économique de la
presse puisqu'il entame les recettes des médias papier sans que le
développement de la publicité sur le Web ne vienne compenser ces
pertes. Bien vu ! Les papys des médias seront reconnaissants au
Président et à Louvrier de venir ainsi à leur secours.
3°) Ce déséquilibre économique se traduit par «
une course à l'audience sans précédent, qui, dopée par la pression de
l'actualité en temps réel, fait primer le commentaire sur l'explication
et le scoop sensationnel sur l'information vérifiée ».
Internet une nouvelle tyrannie de l'audimat ? A voir, et il serait
stupide de ne pas reconnaître que la tentation existe et qu'elle a
engendré plusieurs dérapages. Mais personne n'a jamais entendu Franck
Louvrier ni son mentor Nicolas Sarkozy se plaindre de la même tyrannie
de l'audience telle qu'elle s'exerce sur TF1, France 2 ou M6. Au
contraire : il n'est pas si loin le temps où un candidat nommé Nicolas
Sarkozy apostrophait ses interlocuteurs par un tonitruant « Huit millions hier soir, vous avez vu ! Huit milions quand même hein ! » Comme quoi il y a audience et audience. Et surtout, il n'y a pas d'Arlette Chabot ou de Laurence Ferrari sur le Net.
« L'information de qualité n'est pas soluble dans le haut débit »
par Franck Louvrier, dans Libération du mercredi 4 juin 2008.
La relecture des slogans de 68 est instructive. « J'ai quelque chose à dire mais je ne sais pas quoi »
placarde le manifestant, expliquant par là qu'en préalable à toute
revendication spécifique, la génération 68 cherchait un espace pour
s'exprimer, un lieu pour «dire» les choses.
Cet espace public d'expression et de
débat, bâti hier à coups de pavés, est aujourd'hui à la portée d'un
simple clic. L'espace infini d'Internet offre à celui qui a quelque
chose à dire les moyens de s'exprimer. Dans quelle mesure Internet
permet de réaliser les aspirations de la génération 68 ? Voilà une
question qu'il nous appartient de poser, à la lumière de la double
dynamique, technique et économique, qui détermine notre rapport au web.
L'évolution technique à l'œuvre dans le
web est celle d'une démocratisation sans précédent des outils de
production et de diffusion de l'information. Hier réservés aux seuls
journalistes, les outils de production de l'information (ordinateurs,
appareils photo, caméras) sont, à l'heure du numérique, des biens de
consommation courante qui donnent à chaque citoyen le pouvoir d'écrire,
de photographier et de filmer avec un matériel semi-professionnel.
(...)
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Mercredi 04 Juin 2008 - 18:18
Philippe Cohen
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