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Mon Mulhouse3
19 mai 2008

La plate-forme norvégienne Sleipner, pionnière de la capture du CO2

Carte de situation de la plateforme de Sleipner       

Le Monde

Vue aérienne de la plateforme de gaz naturel de Sleipner, dans la mer du Nord.       

REUTERS/HO

      Vue aérienne de la plateforme de gaz naturel de Sleipner, dans la mer du Nord.

La plate-forme norvégienne Sleipner, pionnière de la capture du CO2
    PLATE-FORME SLEIPNER (mer du Nord) ENVOYÉ SPÉCIAL

Olav Kaarstad, conseiller spécial de StatoilHydro, est un peu gêné : "Oui, la plate-forme émet du CO2.

- Combien ?

- Je n'ai pas le chiffre exact.

- 900 000 tonnes par an ?"

Le responsable de la sécurité intervient : "Oui, c'est bien ça, 900 000 tonnes." La scène se passe en pleine mer, à 200 km de la côte norvégienne, sur la plate-forme Sleipner A de la compagnie StatoilHydro. Cette impressionnante structure, dominée par la tour d'extraction qui culmine à 138 m, tire quotidiennement 39 millions de m3 de gaz, qui sont ensuite expédiés vers l'Europe : Sleipner couvre, à elle seule, 3 % des importations de gaz de l'Union européenne.


Mais ce qui rend Sleipner remarquable n'est pas tant sa production que le fait qu'elle est une pionnière de l'enfouissement du gaz carbonique. La technique de capture et de stockage du carbone (CSC) est l'une des voies les plus prometteuses pour limiter l'accroissement de l'effet de serre provoqué, notamment, par l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère. Séquestré sous terre pendant des milliers d'années, le dioxyde de carbone resterait en effet à l'écart de l'atmosphère. Et Sleipner est la Mecque des spécialistes de cette technique toute jeune : depuis 1996, StatoilHydro y réinjecte le gaz carbonique contenu dans le gaz qu'elle extrait.

Comment cela se passe-t-il ? "Le gaz du champ de Sleipner Ouest est naturellement riche en CO2, jusqu'à 9,5 %, au lieu de 2,5 % sur les autres sites de la mer du Nord, explique Helge Smaamo, directeur de l'installation. Pour le ramener à ce taux, qu'exigent les clients, il faut séparer le CO2 en excès." Cette séparation est effectuée grâce à des composés organiques, appelés amines, qui ont la propriété de fixer les molécules de dioxyde de carbone. L'équipement nécessaire est installé sur une petite plate-forme située à quelques dizaines de mètres de la plate-forme principale.

LIMITES ÉCONOMIQUES

A ce stade, on pourrait rejeter le gaz carbonique vers les nuages. Mais, en 1992, la Norvège a instauré une taxe sur le CO2 émis dans l'atmosphère, qui représente 43 euros par tonne. Du coup, il devenait rentable d'enfouir le gaz carbonique. L'opération se fait en comprimant le gaz à une pression d'environ 60 bars, ce qui le met dans un état supercritique : il est dense comme un liquide mais se comporte comme un gaz. Il est alors conduit par des tuyauteries à la plate-forme principale, où il est injecté dans un aquifère salin, une couche géologique située à 800 m de profondeur. Un million de tonnes sont ainsi enfouies chaque année. "Des géologues britanniques, danois, français font régulièrement des analyses, dit Olav Kaarstad. Tous observent que le stockage est étanche."

Mais Sleipner montre elle-même les limites économiques du procédé. En effet, le fonctionnement de l'énorme usine qu'est la plate-forme requiert une centrale électrique de 80 mégawatts, qui émet du gaz carbonique, à laquelle s'ajoute une centrale de 6 mégawatts pour comprimer le gaz à enfouir. De surcroît, du CO2 est mélangé aux impuretés évacuées par la torchère dont la flamme orange scintille dans le ciel gris. Au total, 900 000 tonnes de CO2 sont ainsi rejetées dans l'atmosphère. L'explication est économique : capter le CO2 est coûteux. Ce captage doit de toute façon se faire pour livrer le gaz aux clients européens ; en revanche, aucune nécessité ne l'impose pour les autres installations de la plate-forme.

Ce paradoxe explique que, malgré les discours favorables à la CSC, très peu d'expériences en grandeur réelle sont en fait mises en place. Appliquée aux centrales électriques, la technique représente un surcoût allant de 20 % à 40 %, que peu de compagnies sont prêtes à consentir. Seule la suédoise Vattenfall a jusqu'à présent annoncé la construction d'une centrale de taille importante (470 mégawatts) dotée de la CSC. L'UE envisage la construction de douze "démonstrateurs", mais les 6 milliards d'euros nécessaires à leur financement ne sont pas réunis. Et en janvier, les Etats-Unis ont annulé le projet FutureGen : trop onéreux.

"Il y a environ 200 sites dans le monde émettant plus de 100 000 tonnes de CO2 par an, pour lesquels la capture en serait moins coûteuse que sur les centrales : usines d'engrais, installations de purification de gaz ou de gaz liquéfié, observe Olav Kaarstad. On pourrait commencer par là." Mais même ce début est lent. Et pendant que le temps passe, des dizaines de centrales se construisent dans le monde. Sans capture du gaz carbonique.

Hervé Kempf

Article paru dans l'édition du 20.05.08.

Greenpeace prend position contre le stockage du CO2

                                          

La CSC (capture et stockage du carbone) est discutée depuis la publication, en 2005, d'un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) sur le sujet. Celui-ci fait hésiter les associations écologistes. Bellona, en Norvège, Natural Resources Defense Council et Environmental Defense Fund, aux Etats-Unis, y sont favorables. Greenpeace vient de se déterminer dans un rapport publié en mai et intitulé False Hope (Faux espoir). L'organisation, sans rejeter le principe de l'enfouissement du CO2, observe que son efficacité à terme n'est pas démontrée. Surtout, elle souligne que la CSC ne sera pas prête à grande échelle avant au moins deux décennies, alors que le problème du changement climatique est urgent. Pour Greenpeace, l'argent investi dans la CSC serait mieux utilisé dans les économies d'énergie et les énergies renouvelables.

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