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Mon Mulhouse3
5 mai 2008

Fiers d'être de gauche ? Oui, certains le sont encore!

Fiers d'être de gauche ? Oui, certains le sont encore!

Alors que le débat interne au PS s'achemine vers un ennuyeux duel Delanoë-Royal, Marianne2 publie une contribution du Club Gauche Avenir, où se retrouvent des responsables socialistes, communistes, Verts et chevènementistes.



C'était un plan si «secret» qu'il a fait la une du Parisien-Aujourd'hui le 4 mai : cette fois-ci c'est sûr, Bertrand Delanoë se lance dans la bataille pour le leadership du Parti socialiste. Et nul doute que les médias vont embrayer sur ce nouveau duel : Delanoë versus Royal. Nul doute également que tout ce qui compte au PS aura du mal à ne pas choisir son camp, avec un risque non négligeable de voir se constituer un front Tout sauf Ségolène autour du Maire de Paris. Quant à Nicolas Sarkozy , il n'aura plus qu'à attendre pour savoir qui sera son challenger, si toutefois il succombe d'ici là à son désir irrépressible, et tant de fois rapporté, de «faire de l'argent».
Que deviendront, dans cette bataille en technicolor, les idées de la gauche ? On s'en doute, pas grand chose. Dans ses premières approches, Ségolène Royal a surtout cherché à se victimiser, as usual. Et «le plan secret» du Maire de Paris fait surtout la part belle à «l'agenda» et au «casting», comme disent les «pros» de la politique : on annonce un livre, des entretiens, un texte, une journée d'études ponctuée par une tournée en province.

Des banquets républicains  en prévision

Ces palinodies ne risquent pas de redonner le moral à l'opposition à Sarkozy ou à la gauche. Voilà pourquoi, avant même que la bataille batte son plein, il nous semble intéressant de populariser une initiative prise par quelques responsables de gauche rassemblés autour de Marie-Noëlle Lienemann, Paul Quiles et l'ancien ministre communiste Jean-Paul Gayssot à travers le club Gauche avenir, créé voici un an. Le texte, dont publions quelques extraits, «Fiers d'être de gauche» a été signé par quelques dizaines de militants socialistes, communistes, Verts, MRC et sans partis.
Ce signataires ont deux convictions :
1°) La gauche doit revenir à ses fondamentaux que la crise actuelle du système rend plus actuels que jamais.
2°) Le rebond de la gauche passe par l'unité de toute la gauche. Pour Marie-Nöelle Lienemann et Paul Quiles, plus rien ne justifie la division née du congrès de Tours. Il convient donc d'entamer un processus d'unification du PS et du PC. Pour les autres, l'unité entre les composantes de la gauche ne doit pas se cantonner au plan électoral ; elle passe par un échange approfondi aboutissant à un nouveau programme commun.
Dans l'immédiat les animateurs de Gauche avenir organisent une série de banquets républicains qui rassembleront diverses composantes de la gauche locale. Le premier se déroule le lundi 5 mai à Choisy-le-Roi.


Extraits de Fiers d'être de gauche

Fiers d'être de gauche ? Oui, certains le sont encore!

 

Le capitalisme règne sans partage ; face à ce système, il n'y a rien, aucun modèle alternatif. Combien de fois n'avons-nous pas lu ou entendu cette affirmation ? Pas étonnant que certains, à gauche, aient la tentation de remiser leurs ambitions et de considérer que le rôle de la gauche serait désormais d'améliorer le système, de l'«humaniser», faute de mieux, de limiter la casse, faute de pouvoir imaginer une alternative globale. Cette approche, qui se fonde sur un bilan lucide, mais partiel, de la situation actuelle, semble d'autant plus pertinente qu'elle part d'un postulat incontestable : les anciens «modèles» de la Gauche sont inadaptés au monde d'aujourd'hui.

LES ANCIENS «MODÈLES» DE LA GAUCHE SONT INADAPTÉS

Le XXe siècle a vu l'émergence de deux courants politiques importants dans le camp progressiste, le communisme et la social démocratie.

A- FAILLITE DU COMMUNISME

La disparition de l'Union Soviétique et de ses satellites à l'Est de l'Europe a sonné le glas des sociétés qui se réclamaient du communisme et du «socialisme réel» . Elles ont le plus souvent sombré dans d'effroyables tragédies humaines, faisant des millions de victimes ; elles ont soumis la vie des hommes à des Etats policiers implacables ; économiquement et socialement, elles ont élaboré des systèmes qui ne se sont pas révélés viables. Leurs variantes dans les autres continents (Asie, Afrique, Amérique Latine), qui subsistent ou non, sont aussi marquées par des échecs cuisants.
Aucun des partis communistes dans le monde, notamment en Europe Occidentale, n'a été épargné par les stigmates du stalinisme. Certains ont disparu ; d'autres ont subi un recul général de leur influence ; le magnifique idéal humain et la grande espérance qu'ils ont représentés en ont été lourdement affectés. Pour sa part, le communisme français n'a pas échappé à cette faillite : mais précisément parce que sa culture est fille de l'histoire de notre pays, il survit, comme on le dit d'une nappe phréatique, dans les couches profondes de la société.
Si la lettre du communisme est morte, son esprit –qui, à sa source, appelle le partage des avoirs, des pouvoirs et des savoirs– hante toujours le monde. Quant à l'œuvre de Karl Marx, elle est désormais inscrite dans l'histoire de la pensée humaine ; elle fournit encore aux combattants de l'émancipation humaine de nombreux concepts opératoires, comme ceux de classes sociales, d'exploitation, d'aliénation, de fétichisme de la marchandise, d'extraction du travail vivant.

B- ÉCHEC DE LA SOCIAL DÉMOCRATIE
À première vue, la social démocratie n'a pas connu le même sort. Parce qu'elle a rapidement plaidé pour la conquête pacifique du pouvoir, parce qu'elle a très tôt accepté d'exercer des responsabilités gouvernementales (en jouant le jeu de ce qu'on appela longtemps la «démocratie formelle» , qui suppose alternance et respect des libertés et droits fondamentaux), parce qu'elle a mis «l'espérance révolutionnaire» entre parenthèses, elle se maintient tant bien que mal, au point de représenter aujourd'hui, dans la plupart des pays, la seule alternance crédible face au camp conservateur. Elle a même connu son âge d'or, dans un contexte économique et territorial précis (les «trente glorieuses» en Europe), qui a fait beaucoup pour sa réputation.
En conciliant efficacité économique et réformes sociales, elle a contribué un temps à accréditer l'idée selon laquelle le capitalisme pouvait faire l'objet de sérieuses régulations permettant l'amélioration des conditions de vie des travailleurs, matérielles (via la redistribution) et intellectuelles (via l'éducation).
L'objectif de la social démocratie européenne aurait alors pu se résumer par le slogan : le pain et la liberté, plus l'émancipation individuelle.Pourtant, le courant social démocrate a subi de plein fouet les évolutions contemporaines du système capitaliste. Mal préparée aux mutations technologiques et financières induites par le processus de mondialisation, la social-démocratie a perdu pied au début des années 80 : alors que les libéraux ont accompagné idéologiquement et politiquement l'accélération des échanges et l'explosion des moyens de communication, les sociaux démocrates ont laissé faire,
paresseusement confiants dans les vieilles recettes et les vieilles grilles de lecture, pensées dans le cadre des Etats Nations et avec un mode de production issu de la deuxième révolution industrielle.

LES IMPASSES
D'autres voies, inspirées par des «valeurs refuges» de la pensée politique actuelle n'offrent aucune perspective réelle et conduiraient à des impasses.

A- LE MIRAGE DE LA «TROISIÈME VOIE» ET DE LA GAUCHE DITE MODERNE
La crise actuelle de la social démocratie vient de son incapacité à penser le capitalisme financier transnational et ses conséquences. En retard d'une révolution, bon nombre d'idéologues progressistes ont rendu les armes : plutôt que d'élaborer une réponse politique, ils ont suivi le mouvement, en faisant mine d'en maîtriser la direction.
Cette idéologie de la «troisième voie» n'est finalement que le renoncement à la transformation du monde capitaliste et des rapports de forces sociaux. Sous couvert de modernité et d'efficacité, le «blairisme», le «clintonisme» et leurs avatars multiples proposent d'accompagner la mondialisation libérale, voire d'en accélérer le rythme (hymne au libre échange, aux opportunités de la globalisation financière...) tout en prenant soin de maintenir, tant bien que mal, les inégalités dans les pays développés à un niveau supportable. Dans la marchandisation généralisée du monde, la «troisième voie» se démarque essentiellement des idéologues libéraux par la volonté d'«humaniser» le système, d'en atténuer un peu la brutalité.
La gauche dite moderne a donc choisi de s'adapter à la logique du nouveau capitalisme financier transnational. À quelques exceptions près, la plupart des socialistes européens – écartés du pouvoir dans les années 1980 – se sont engagés dans un processus de révision idéologique, renonçant à toute ambition de transformation sociale radicale et intégrant à leurs programmes la majeure partie des prescriptions économiques des libéraux : privatisation, déréglementation, libéralisation des échanges, flexibilité du marché travail, réduction des dépenses publiques et allégement des «charges» fiscales et sociales.
Le XXe siècle s'est refermé sur un paradoxe politique désastreux. En effet, à la fin des années 1990, la gauche reprend les commandes dans de nombreux pays d'Europe. Il y avait là une occasion historique : celle de réorienter la construction européenne, par exemple en harmonisant par le haut les normes sociales et environnementales, en coordonnant les politiques macroéconomiques au service du plein-emploi, en s'alliant aux pays en développement pour imposer la démocratisation des institutions financières internationales. On sait ce qu'il advint malheureusement de cette «séquence social démocrate», avec onze gouvernements «de gauche» sur 15 : ce fut, à l'arrivée, le traité d'Amsterdam (1999) et le traité de Nice (2001), qui ont consacré comme intangibles des critères macro économiques malthusiens pour la croissance, comme toute-puissante la Banque Centrale Européenne et qui ont mis hors jeu les régulations politiques de l'économie. L'élargissement de l'Europe s'est fait avant tout approfondissement et les ambitions redistributrices ou sociales ont été reléguées à une illusoire subsidiarité.

B- LES TENTATIONS CENTRISTES
En dépit de l'échec patent de la «troisième voie», certains persistent à croire que le salut de la gauche viendra de la prise en compte de certaines thèses libérales.
En France, les plus cohérents sont allés au bout de cette démarche: à la faveur d'une élection présidentielle ratée, ils ont rejoint le camp du gagnant, maquillant en «ouverture» ce qui n'était que l'aboutissement logique de leur itinéraire idéologique. Plus prudents, d'autres tentent de ressusciter le vieux rêve du centre triomphant. Leur tour de force, c'est de faire passer cette idée vieille de 100 ans pour une trouvaille majeure et même moderne : le rassemblement des raisonnables, des tièdes et des modérés, pour affronter les défis d'aujourd'hui, pour contrecarrer la violence d'un système qui ne fera qu'une bouchée de leurs propositions «gagnant/gagnant».
Naïveté ou double langage ? En tout cas, l'occultation des rapports de forces à l'œuvre dans la société, le plaidoyer pour un juste équilibre entre libéralisme et solidarité, se fracassent contre la réalité économique et sociale marquée par l'explosion des inégalités et la persistance d'une précarité de masse.
 
LES POINTS D'APPUI D'UNE GAUCHE VOLONTARISTE
Si l'on veut construire une alternative digne de ce nom, il faut penser autrement. Nous sommes convaincus que, pour transformer la société durablement, il faut des solutions radicales. Mais l'histoire nous a appris les erreurs qu'il faut éviter de renouveler et qui ont conduit par exemple à la chute rapide du Front Populaire, ou à la parenthèse de 1983 qui ne se referme pas. Les plus enthousiastes se tournent vers l'Amérique latine et la renaissance, dans un contexte cependant différent, d'une gauche volontariste et efficace. Il ne semble donc pas qu'il y ait de véritable «modèle» pour une gauche de combat, mais la convergence des contestations dans le contexte de l'actuelle mondialisation représente un point d'appui pour des changements radicaux.
Même multiforme, même désorganisée, cette contestation fait tache d'huile. Depuis le rassemblement des ONG de défense de l'environnement et d'aide au développement en marge du sommet de la terre de Rio en 1992, jusqu'aux manifestations de Seattle, Porto Alegre, Gênes, à l'organisation des Forums Sociaux Mondiaux, le mouvement n'a cessé de s'élargir et de rencontrer un écho grandissant à l'échelle internationale. Les femmes et les hommes qui les animent sont venus à la contestation de la mondialisation libérale par des chemins différents (refus des dégâts écologiques provoqués par les multinationales, révolte contre la dette des pays du Sud et les politiques du FMI, colère contre les délocalisations sauvages, manifestations contre l'OMC), mais ils sont mus par un idéal commun, celui de bâtir un autre monde.
Dans sa diversité, ce mouvement se retrouve sur des exigences communes. Il se bat à la fois pour répondre à l'urgence écologique (arrêter la destruction des ressources naturelles, promouvoir un autre mode de développement), à l'urgence sociale (pour éradiquer la pauvreté), à l'urgence économique (pour en finir avec la marchandisation généralisée), à l'urgence démocratique (défense des droits de l'homme, appel à une gouvernance mondiale).
C'est finalement la question même du sens de la mondialisation que pose la critique radicale du libéralisme économique faite par ce mouvement, qui a remporté des succès, comme lors du combat contre l'AMI. Il promeut l'idée non d'un repli identitaire ou nationaliste, mais d'une autre mondialisation. Il avance une plateforme de propositions : salaires, retraites, protection de l'environnement, exigences de protection, limites de la libre concurrence... Et, fait capital, il réunit des citoyens du Nord comme du Sud.
Sans mythifier ce mouvement international de contestation anti- libéral, il faut en retenir l'essentiel : il renvoie la gauche politique à sa raison d'être, celle qui consiste à imaginer une alternative globale au système dominant, tout en lui offrant un formidable point d'appui. On peut aussi remarquer que, dans de nombreux pays, les thématiques nées de cette gauche des luttes s'imposent de plus en plus sur le terrain politique, comme en témoigne l'évolution des débats qui dominent la présidentielle aux États-Unis (salaires, sécurité sociale, santé, protection face à la globalisation, changement climatique).
 
LA MONTÉE DES PROJETS ALTERNATIFS DÉBOUCHE
SUR LA NÉCESSITÉ D'UNE VRAIE RUPTURE AVEC
LA SOCIÉTÉ ACTUELLE ET SUR UNE DEMANDE DE SENS

Les contestations de l'ordre dominant, du capitalisme et du libre échange sans règle prennent des formes nombreuses et variées. Elles peuvent apparaître de moindre portée, car elles ne s'appuient pas sur une critique et une vision glo- bale. C'est précisément l'enjeu de la constitution d'une gauche mondiale que de faire converger des mouvements locaux, des pratiques parfois en marge, mais aussi des initiatives qui font tâche d'huile et dont une des caractéristiques est de répondre en priorité aux besoins humains, à la préservation des écosystèmes, en associant celles et ceux qui doivent en être les bénéficiaires. Ces mouvements
créent des solidarités actives et des mouvements collectifs. Les grands rassemblements comme les forums sociaux mondiaux ont montré la vitalité de ces mouvements. À l'évidence, ils ont impérativement besoin de prolongements politiques plus larges, tant au niveau de la gouvernance mondiale qu'à l'échelle
nationale.
La Gauche se doit de mettre en valeur tous les mouvements de société montrant que des changements profonds sont :
• L'économie solidaire (avec la montée des besoins non totalement solvables, des aides à la personne, du développement local), l'économie sociale (moins vulnérable aux délocalisations) regagnent de la crédibilité. Des expériences intéressantes de microcrédit, de réduction des circuits «producteurs consom-
mateurs» ou des plateformes locales de dépollution et de fourniture d'énergie se multiplient. Tous ces mouvements tendent à faire naître une économie li- bérée de l'hyper-valorisation du capital, non lucrative, créatrice d'emplois.
• Du côté des consommateurs, le souci de protéger les écosystèmes génère une évolution des modes de vie et des gestes citoyens porteurs d'une prise de conscience politique. On retrouve des évolutions similaires en ce qui concerne de grandes fonctions collectives comme la santé ou l'éducation.
• Pour l'essence même du capitalisme, c'est-à-dire la monnaie, ces dernières années ont vu se développer des expériences de monnaies sociales ou alternatives. Cela signifie logiquement que l'échelle des valeurs qui fondent la notion de
richesse peut être modifiée.
• Le développement d'Internet et de ses applications présentes et prévisibles constitue une formidable révolution. On parle souvent des «success-stories» des nouveaux groupes industriels constitués. On parle moins du décloisonnement des esprits, des nouveaux réseaux d'échanges et de solidarité, des médias
alternatifs...
C'est ainsi que s'organisent, peu à peu et sans publicité intempestive, des millions d'acteurs de la transformation sociale et d'une alter mondialisation qui montrent la possibilité d'avènement d'un monde nouveau. La Gauche doit offrir à ces citoyens actifs une reconnaissance, prendre en compte leurs attentes et favoriser le développement de leurs initiatives. Elle doit intégrer dans son projet cette dimension du changement, donnant un sens plus large à leur engagement.


Lundi 05 Mai 2008 - 07:19

Marianne2

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