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Mon Mulhouse3
30 avril 2008

Maghreb Rama Yade annule une rencontre avec des Tunisiennes

mardi 29 avril 2008, mis à jour à 16:31

Maghreb

Rama Yade annule une rencontre avec des Tunisiennes

De notre envoyée spéciale Dominique Lagarde

En visite officielle en Tunisie au côté du président Nicolas Sarkozy, la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme a annulé ce mardi matin son rendez-vous avec l'association tunisienne des femmes démocrates. Un recul diplomatique pour éviter de froisser le président Zine El Abidine Ben Ali.



lles avaient prévu des fleurs et des pâtisseries tunisiennes. L’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) s’apprêtait, ce mardi matin, à recevoir autour d’un café Rama Yade, la secrétaire d’Etat française aux droits de l’homme. Celle-ci a annulé, à la dernière minute, la visite prévue. Motif officiel: un programme trop chargé…

Une explication qui ne convainc personne. Les associations indépendantes mais néanmoins reconnues par les autorités se comptent, en Tunisie, sur les doigts d’une main. L’ATFD est l’une d’elle. Les Français voulaient en faire un peu, mais point trop, sur les droits de l’homme.

Une rencontre qui se voulait consensuelle
A la suite de pourparlers entre le cabinet de Rama Yade et la fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), il avait été décidé que la secrétaire d’Etat se contenterait de deux rendez-vous avec les représentants de ce qu’on appelle ici la "société civile" - en clair les démocrates et les militants des droits de l’homme: le bureau de l’ATDF et le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), Moktar Trifi.

Le samedi 26 avril, le numéro deux de l’ambassade de France, Jean François Cazenove, avait donc appelé Khedija Cherif, la présidente de l’ATFD, pour lui faire part du désir de Rama Yade de rencontrer les responsables de cette association de femmes, modernes et laïques. L’organisation de la rencontre avait fait l’objet de plusieurs échanges téléphoniques. La secrétaire d’Etat souhaitait que le débat porte sur le thème, fédérateur et politiquement correct, des violences faites aux femmes.

Un rendez-vous annulé à la dernière minute
Cette condition avait été acceptée et rendez-vous pris pour ce mardi 29 avril à 12h15, au siège de l’association. Au même moment, le chef de l’Etat prendrait la parole devant un parterre d’hommes d’affaires; Rama Yade n’avait pas besoin d’en être. Khedija Cherif avait convié les membres du bureau de l’association ainsi que ses anciennes présidentes, une petite douzaine de femmes au total, à participer à la rencontre.

Mais une demi-heure avant l’arrivée de Rama Yade, Jean François Cazenove, contacté par Khedija Chérif qui souhaitait une ultime confirmation du rendez vous, lui expliquait que celui-ci avait été purement et simplement annulé…

Des pressions du pouvoir tunisien
Pour la présidente et les militantes de l’ATDF, abasourdie, il n’y a aucun doute: Rama Yade et les autorités françaises ont reculé pour ne pas déplaire au président Zine El Abidine Ben Ali qui ne voulait pas de cette rencontre. Il faut dire que, lundi soir, le chef de l’Etat français avait prononcé un discours particulièrement flagorneur, vantant sans rire les progrès de la Tunisie en matière de libertés individuelles….

"Nous considérons que l’égalité entre les hommes et les femmes ne peut pas être dissociée de la liberté et de la démocratie. Nous appuyons notre combat sur la déclaration universelle des droits de l’homme. Cela gêne le pouvoir tunisien. Ils ont fait pression et Sarkozy a cédé" analyse Khédija Chérif.

Pour elle, comme pour les autres militantes de l’ATFD, ce rendez-vous manqué témoigne surtout du "mépris pour les femmes et la société civile tunisienne" des autorités françaises. "Seuls comptent pour Sarkozy les contrats industriels!" renchérit Sana Benachour, une autre militante de cette association qui regroupe pour l’essentiel des universitaires et des membres des professions libérales.

Un recul decevant
"Pourquoi, s’interroge une ancienne présidente de l’association, Sarkozy a-t-il éprouvé le besoin d’emmener Rama Yade à Tunis? Il aurait mieux fait de s’en abstenir, comme pour la Chine!" L’ATDF a-t-elle été sanctionnée pour avoir rendue publique la rencontre prévue? "Ce serait scandaleux, s’insurge sa présidente. Nous avons pignon sur rue, nous n’avons pas l’habitude qu’on vienne nous voir en cachette."

Rama Yade n’avait pourtant ce mardi matin que deux rendez vous, avec le ministre tunisien de la justice, également chargé des droits de l’homme, ainsi que son homologue, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères. L’incident, assurément, ne grandit pas la diplomatie française. Le bouquet de fleurs, lui, a été offert à la secrétaire de l’ATDF.

La secrétaire d’Etat a néanmmoins trouvé le temps de s’entretenir en début d’après-midi une petite heure avec le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Moktar Trifi. Elle lui a affirmé avoir évoqué, avec tous ses interlocuteurs officiels, la question de la Ligue, dont les activités sont paralysés depuis 8 ans. Moktar Trifi ne lui a pas caché qu’il avait été "déçu" par le discours du présdient français "qui na pas exprimé les préoccupations de la société civile" et qui s’est montré "beaucoup plus explicite et précis sur les dossiers économiques que sur la question des droits de l’homme".


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