Happy birthday to you, Mr Président !
Happy birthday to you, Mr Président !
Il y a eu la grande désillusion. Maintenant, c'est la colère. La droite
est furax contre son champion. Plus encore que contre Chirac après un
an de règne. La pire des comparaisons pour Sarkozy. Pourtant, elle
revient souvent, comme si une partie des Français voulait enfoncer
l'actuel Président davantage encore, en comparant son immobilisme
brouillon et bavard au reniement passif de son prédécesseur. Selon le
dernier sondage IFOF-JDD, ils ne sont que 36 % de Français à avoir une
bonne opinion du chef de l'Etat contre 37% pour Chirac après un an de
règne également. Le score le plus bas de tous les présidents de la Ve
République, pour celui qui, dans l'hebdomadaire Le Point n'hésite pas à affirmer encore que «gouverner finalement est plus facile que ce que je pensais…» Inconscience ? Arrogance? Provocation?
Tous les sondages pourtant soulignent le même verdict. Ainsi, selon l'enquête de Viavoice pour Libération, 59% des Français jugent son bilan «comme un échec».
A l'exception de la défiscalisation des heures supplémentaires - et
encore, son appréciation est très partagée - il n'est guère de mesures
qui trouvent grâce à leurs yeux. Ainsi le paquet fiscal est-il
majoritairement rejeté, de même que la réduction du nombre de
fonctionnaires ou la suppression des régimes spéciaux de retraite.
Mais, plus généralement, sa politique comme son style sont très
majoritairement réprouvés, y compris par ceux qui ont voté Sarkozy. Les
ouvriers et même les retraités, ces deux électorats qu'il avait su très
habilement conquérir pendant la campagne, se sont détournés de lui et
lui expriment, souvent brutalement, leur amertume, leur frustration et
le ressentiment dont les députés UMP se font les porte-parole de plus
en plus insolents chaque mardi en réunion de groupe à l'Assemblée. Elus
et électeurs consonnent dans la dissonance rageuse.
Même les lecteurs du Figaro se disent «écoeurés» !
Car ils y ont cru à Sarkozy, ils y ont mis leur passion qui se retourne
maintenant contre lui. Allez, par exemple, sur le site du Figaro, vous y lirez, vous y entendrez le long et furieux lamento des électeurs trompés : « J'ai voté pour lui, et je suis écoeuré»,
protestent-ils en cocus mécontents. Les uns incriminent encore son
mauvais genre, son incapacité à s'élever au niveau respectable de la
fonction, en dépit de ses efforts pour prouver qu'il a changé. Certes,
quelques lecteurs figaresques affirment que «Carla est ce qui lui est arrivé de mieux», mais la plupart s'indignent toujours de son exhibitionnisme, de son égotisme, «de sa manière indécente d'exhiber sa femme comme un jouet, un trophée de guerre», et rappellent «nous ne voulons pas de Ken et Barbie à l'Elysée mais d'un couple qui soit à l'écoute».
Les récriminations les plus nombreuses portent sur sa politique. Beaucoup lui reprochent de «n'avoir rien fait pour les petites retraites ou les faibles salaires», mais «tout pour les privilégiés».
Plus nombreux encore sont ceux qui l'accusent de les avoir bernés en
leur faisant croire qu'il était le Thatcher français, alors qu'il se
révèle une «pâle copie chiraquienne». «J'espérais des vraies réformes, écrit ainsi l'un d'eux, et nous n'avons eu que des réformettes à la Chirac». «Ma déception est à la hauteur de mes espoirs, affirme l'autre. Je retrouve la France de son ignoble (sic) prédécesseur». Quand un troisième prévient ni plus ni moins qu'il veut vendre tous ses biens et partir à l'étranger, car Sarkozy «va faire comme les autres et augmenter les impôts»… Celui-là incite à fuir, mais il en est pour en appeler à un sursaut national avec… un autre chef ! «Dans cette ambiance mortifère de fin de règne, la droite doit se trouver impérativement un autre leader».
Juppé le sauveur ?
Sarkozy n'est plus le roi mage, mais un politicien défait aux
municipales et dont on se détourne déjà ! Quelques-uns, rares, évoquent
le nom de François Fillon, mais beaucoup citent celui d'Alain Juppé. Eh
oui, le maire de Bordeaux dont Nicolas Sarkozy disait qu'il était un «diplodocus»,
mort après sa défaite aux législatives, revient de l'au-delà du rejet
populaire grâce à… la disgrâce de Sarkozy et à sa victoire aux
municipales. Un retour de faveur qui ne lui a pas échappé d'ailleurs,
puisque l'ancien Premier ministre confesse désormais ne rien exclure
pour 2012…
Certains même en sont à évoquer le duel du futur :
Juppé-DSK. En attendant, il y a quand même quelques sarkozystes, ravis,
pour lui dire «Courage, tenez bon». A la vérité, ils ne sont pas
nombreux du tout. Mais, basta ! Sarkozy a toujours dit que c'est dans
l'adversité qu'il se révélait le meilleur. Il va falloir qu'il soit le
meilleur des meilleurs. Car aucun Président jusqu'ici ne s'est remis
d'une telle désillusion rageuse, sans en passer par un désastre
électoral ! Sarkozy peut toujours demander à Villepin comment on
organise des législatives anticipées désastreuses, qui permettraient
ensuite une présidentielle triomphante !
Lundi 21 Avril 2008 - 12:02
Nicolas Domenach
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