Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mon Mulhouse3
21 avril 2008

Une épidémie de rouille noire, redoutable parasite du blé, menace les grands pays céréaliers d'Asie

La FAO vient de lancer une alerte sur son site car elle craint que les spores du parasite, transportées par les vents dominants, ne poursuivent leur course vers les grands pays céréaliers situés à l'est de l'Iran : Afghanistan, Inde, Pakistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Kazakhstan. | REUTERS/AJAY VERMA

REUTERS/AJAY VERMA

La FAO vient de lancer une alerte sur son site car elle craint que les spores du parasite, transportées par les vents dominants, ne poursuivent leur course vers les grands pays céréaliers situés à l'est de l'Iran : Afghanistan, Inde, Pakistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Kazakhstan.

Une épidémie de rouille noire, redoutable parasite du blé, menace les grands pays céréaliers d'Asie

Pour les experts de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), "la détection du champignon de la rouille du blé en Iran est très préoccupante, car sa progression pourrait rapidement compromettre la production de blé dans les pays à risque". La FAO vient de lancer une alerte sur son site (www.fao.org) car elle craint que les spores du parasite, transportées par les vents dominants, ne poursuivent leur course vers les grands pays céréaliers situés à l'est de l'Iran : Afghanistan, Inde, Pakistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Kazakhstan.

" La menace est réelle", estime aussi Yvan Sache, spécialiste des rouilles du blé à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), d'autant que "80 % des variétés de blé cultivées dans le monde sont sensibles à cette souche". Pour arrêter sa progression, il faut s'y prendre très tôt, en utilisant des fongicides. Une fois l'épidémie enclenchée, et en l'absence de protection, la présence du parasite "peut se traduire par un rendement nul et une destruction complète de la culture", ajoute le spécialiste.

Puccinia graminis n'est pas un inconnu. Pendant la guerre froide, il était considéré comme une arme biologique par les Américains et les Soviétiques. Lors de sa dernière apparition aux Etats-Unis, en 1974, il a détruit 40 % de la récolte de blé. A la suite de cet événement, l'agronome américain Norman Borlaug, lauréat du prix Nobel de la paix en 1970, a développé plusieurs variétés de blé capables de résister à la rouille noire. Mais en 1999, une mutation apparue sur le champignon a rendu cette défense inopérante.

Des recherches sont actuellement menées par un institut basé au Mexique, le Centre international pour l'amélioration du maïs et du blé (Cimmyt), afin d'isoler et de croiser des variétés de blé résistantes à la nouvelle souche. Elles sont actuellement testées dans vingt-sept centres pilotes au Népal, en Inde, en Afghanistan et au Pakistan. Mais il faudra du temps avant qu'elles puissent être utilisées.

La dangerosité de Puccinia graminis tient à sa rapidité infectieuse. Une fois qu'il a atteint un champ de blé vert, il forme sur les tiges de grosses pustules noirâtres remplies d'une poussière constituée des spores du champignon. Ce sont des cellules isolées pouvant donner naissance à un nouvel individu sans fécondation.

Ces spores sont produites tous les quinze jours et en telles quantités qu'elles peuvent former un nuage visible à l'oeil nu. Elles s'envolent, suivent les vents dominants et sont capables de traverser de grands espaces. C'est ce qui s'était produit lors d'une épidémie de rouille jaune qui avait démarré, en 1986, dans le Nord-Est de l'Afrique et s'était propagée vers le Yémen et l'Iran, pour atteindre l'Asie centrale et l'Inde en 1997, provoquant plusieurs centaines de millions d'euros de pertes de récoltes.

Dans le passé, l'Europe a aussi été touchée par la rouille noire, mais en France, le champignon a été éradiqué quand on s'est aperçu, au début du XIXe siècle, qu'un arbrisseau, l'épine-vinette (Berberis vulgaris), utilisé comme clôture, était à l'origine des épidémies. " C'est l'espèce sur laquelle le champignon réalise sa reproduction sexuée, alors que les spores sont asexuées", précise Yvan Sache. Il se produit à cette occasion un brassage génétique qui favorise l'apparition de mutations.

A la suite de la découverte du cycle complexe de Puccinia graminis et du rôle de l'épine-vinette, des campagnes d'arrachage ont été lancées dans de nombreux pays, dont la France. La rouille noire reste dangereuse, occasionnellement, dans les régions à étés chauds d'Europe centrale et orientale, et pour les blés durs du sud de l'Europe.

Christiane Galus

Article paru dans l'édition du 22.04.08.

Retrouvez moi : http://monmulhouse.canalblog.com/





Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité