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Mon Mulhouse3
7 avril 2008

Agoravox, la réponse d'un gentil citoyen-journaliste

Agoravox, la réponse d'un gentil citoyen-journaliste

Manuel Atréide, rédacteur et modérateur sur AgoraVox répond à un article de Marianne2 qui soulignait la complaisance d'un article de ce site sur le groupe Lagardère.



UNe conférence des fondateurs d'Agoravox - tendencies - flickr - cc

UNe conférence des fondateurs d'Agoravox - tendencies - flickr - cc

La semaine dernière, JR publiait dans les colonnes de Marianne2.fr un article mettant en cause un papier sorti sur AgoraVox. Ce papier, publié par un nouveau rédacteur, faisait un état des lieux de la stratégie industrielle du groupe Lagardère. La critique, considérant que cet article n'était qu'un publi-reportage a largement débordé vers une mise en cause d'AgoraVox, scruté d'un oeil pour le moins méfiant. J'apporte par ce papier, la réponse d'un rédacteur et modérateur régulier de ce site.

Une vision négative des médias-citoyens
Revenons au point de départ. L'article incriminé est-il un publi-rédactionnel ? Peut-on y voir une forme de publicité – qui pourrait, le cas échéant donner lieu à rétribution? Après l'avoir longuement lu et relu, je n'y vois qu'un papier factuel sans grand intérêt, mettant en avant le virage du groupe Lagardère, avec de multiples comparaisons avec les ambitions du groupe Vivendi. Si cet article ne parle effectivement pas des faiblesses stratégiques actuelles du groupe (qui soit dit entre parenthèses ont déjà fait l'objet de nombreux articles sur AgoraVox), il n'est pour autant pas un panégyrique de Lagardère, groupe ou homme. Au demeurant, l'article a été sanctionné par une large majorité des lecteurs et occasionné des commentaires plus que mitigés. Si nous avions affaire à une opération de communication, avec ou sans paiement à la clé, c'est manifestement raté !

Mais, la critique du papier ne s'arrête pas là. En effet, JR va dans un deuxième temps nous livrer une vision plutôt négative des médias citoyens, et en particulier d'Agoravox. La critique porte notamment sur le processus de validation des articles soumis par les rédacteurs. Alors que dans les autres médias «participatifs», la validation serait faite en fonction de l'histoire de «journalistes professionnels», Agoravox semblerait avoir un process plus mystérieux. Vraiment ?

Loin d'être un secret, le processus de validation d'AgoraVox est public, explicité en page d'accueil du site. AgoraVox donne non seulement la parole aux internautes à travers la publication d'articles rédigés par ces derniers, plus de 30 000 inscrits à ce jour, dont un millier de rédacteurs réguliers. Mais AgoraVox – et c'est le seul à le faire - intègre aussi les internautes dans le processus de validation des articles, le millier évoqué ci dessus. Les noms de l'équipe de validation interne à AgoraVox sont donnés par le site. Le processus de choix des modérateurs est aussi explicité de façon limpide. Aucun mystère donc.


Une conférence d'Agoravox - tendecies - flickr - cc.

Une conférence d'Agoravox - tendecies - flickr - cc.


Une critique corporatiste

Pourquoi alors un tel article dans Marianne2 ? Il semble que les buts du journaliste sont multiples. D'une part, alerter les lecteurs sur ces nouveaux modes de communication des entreprises, notamment ce qu'il est convenu d'appeler la communication virale, une information qui se propage de forums en blogs, sans vraiment faire appel aux techniques de communiqués «officiels». Le sujet n'est pas neuf même s'il mérite d'être mis régulièrement en lumière.

Il y a d'autre part une volonté de mettre en doute l'impartialité d'AgoraVox. Or, le site ne fonctionne en définitive que par la participation active des internautes. Pas de ligne politique unifiée, diversité des points de vues, diversité des types d'articles, voilà ce que les lecteurs peuvent retirer d'une lecture régulière des papiers publiés. Les empoignades, parfois virulentes qui prennent place dans les commentaires entre rédacteurs reflètent bien ces faits. L'impartialité d'AgoraVox réside d'abord et avant tout dans celle de ses lecteurs qui votent, commentent, écrivent, modèrent. A moins que nous ne soyons des centaines de milliers à travailler dans les boites de com ?

A mon avis, JR nous livre un sentiment intime, bien que partagé par nombre de ses confrères. Ces nouveaux médias d'information menacent-ils les médias traditionnels, c'est-à-dire, ceux qui ont des «journalistes professionnels» dans leur processus de validation ? Il est peut-être utile de se pencher un peu sur cette affirmation de JR : la qualité d'un média repose en partie sur le professionnalisme des «validateurs». Qu'est ce qui fait qu'un professionnel soit une personne à même de juger, à l'exclusion des autres ? L'éthique ? Chacun peut l'avoir. La talent de plume ? Le sérieux dans les informations recherchées et publiées. Certains “agoravoxiens” l'ont (Forest Ent, pour ne citer que lui) Où est le problème ?

Je suis bien conscient de n'être pas un journaliste professionnel. J'ai pourtant le sentiment, pour ne pas dire la conviction, que je suis à même d'exercer cette fonction de modérateur. Je sais que c'est un travail exigeant, qui demande du temps et de l'éthique, j'ai eu l'occasion de m'en expliquer publiquement, déjà. Je ne diffère pas vraiment, je crois, des autres “agoravoxiens” qui, eux aussi, consacrent du temps à la lecture - et à la modération qui doit être justifiée par un commentaire - des articles écrits par d'autres. Ce temps que nous consacrons, nous le faisons parce que nous sommes convaincus de la nécessité d'un contrôle citoyen partout où cela est possible. AgoraVox nous accorde cette place, et nous devrions la refuser au prétexte que nous ne sommes pas des pros ? Quelle folie serait-ce donc !

Bien sur, nous ne sommes pas à l'abri d'erreurs. Certains papiers sont passés sur AgoraVox et ont fait l'objet de polémiques. Il est aussi fort possible que d'autres aient été rejetés par les modérateurs sans raisons solides. Mais nous progressons collectivement. Les outils s'améliorent, l'expérience apporte ses gains. AgoraVox est en croissance et l'avenir proche nous amènera des changements profonds.

Bien sûr, il est aussi normal que tout cela se fasse sous l'œil vigilant des autres médias d'information. La critique est la bienvenue. Et je n'ai jamais considéré la complaisance comme un cadeau, mais plutôt comme un mauvais coup. Pour ma part, je m'efforce d'exercer mes fonctions au vu de toutes et tous sur AgoraVox. Nombre de remarques m'ont amené à évoluer. Mais la critique, pour être constructive, doit être juste et fondée.

Le monde de la presse est en pleine mutation, l'irruption des médias citoyens est en train de changer la donne. La parole d'information, autrefois apanage des journalistes et des politiques, est désormais accessible à toutes et tous. Cette tendance lourde ne sera sans doute pas remise en cause, même si le système naissant mérite des améliorations constantes. Les médias traditionnels doivent dès maintenant préparer leur adaptation à ce fait. Et ce n'est pas en lançant des critiques faciles et en définitive, non justifiées, que cette adaptation se fera à leur bénéfice.


Dimanche 06 Avril 2008 - 00:15

Manuel Atréide

Retrouvez moi : http://monmulhouse.canalblog.com/




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