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Mon Mulhouse3
3 avril 2008

Les économies de Nicolas Sarkozy: modernisation ou rigueur?

Les économies de Nicolas Sarkozy: modernisation ou rigueur?
                               

      

          

   

Nicolas Sarkozy va avoir besoin de beaucoup d’éloquence, vendredi, dans le discours qu’il doit prononcer devant le Conseil de modernisation des politiques publiques. Il va devoir expliquer aux Français comment les six à sept milliards d’économies qui vont être faites au cours des deux prochaines années représenteront un MIEUX, et non pas MOINS d’Etat.

Or c’est évidemment moins d’Etat auquel s’attendent désormais les Français avec ce plan dit de modernisation, qui s’ajoute aux mesures en cours d’examen afin de de limiter l’important déficit budgétaireprévu cette année, et de préparer le retour à l’équilibre fixé pour 2012. On n’emploie pas le mot tabou de rigueur, évidemment, mais ça commence à y ressembler.

Il suffit de lire la liste des secteurs affectés par ces coupes à venir: le logement, la santé, l’emploi, la formation professionnelle, ou encore la politique de développement des entreprises. Ce sont des domaines qui touchent directement à la vie quotidienne des Français, à un moment où le moral des ménages est déjà en berne.

Certes, le gouvernement prend bien soin de proclamer que les réformes sont nécessaires pour que l’Etat fonctionne mieux. Et, fort judicieusement, des rapports trouvent le chemin des médias, comme celui de la Cour des comptes, qui, mercredi dans Le Figaro, dénonçait les placards dorés du ministère des Affaires étrangères. Si la chasse au gaspi ne portait que sur des cas comme celui-ci, il y aurait un large consensus national.

L’affaire est évidemment très politique. Nicolas Sarkozy doit agir sur plusieurs fronts à la fois. Au sein du gouvernement pour imposer dans les prochaines semaines les arbitrages délicats, et en particulier auprès de ministres remuants comme Fadela Amara ou Martin Hirsch, qui risquent de voir leurs ambitions sociales remises en cause ou au moins étalées dans le temps. Martin Hirsch, le Haut commissaire aux solidarités actives, a déjà menacé de démissionner -ici même- s’il n’obtenait pas les 2 à 3 milliards d’euros qu’il réclame. Ca ferait mauvais effet.

Mais il doit surtout agir auprès de l’opinion. Le président de la République a déjà perdu la première manche, celle qui va du "paquet fiscal" de l’été dernier, perçu par beaucoup de Français -pour faire vite- comme un cadeau aux riches, jusqu’à sa sortie de janvier: "les caisses sont vides". Elles sont encore plus vides aujourd’hui avec l’économie mondiale en crise, et le pouvoir d’achat en prend un coup.

Il ne faut pas beaucoup, en France, pour passer de la grogne à la colère. Il suffit de voir le mouvement lycéen qui commence à prendre de l’ampleur. Les jeunes ne contestent pas une énième réforme de l’éducation; ils s’opposent à la réduction d’effectifs dans le corps enseignant. Or le gouvernement n’entend pas revenir sur la suppression de 35000 postes de fonctionnaires en 2009.

Nicolas Sarkozy devra donc convaincre les Français que les arbitrages budgétaires seront rendus avec équité pour les faire accepter. Ce n’est pas facile au lendemain d’une défaite électorale et d’une chute vertigineuse dans les sondages. S’il échouait, le climat politique et social pourrait être chaud.

Pierre Haski

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