Subprime "Les banques françaises parmi les plus touchées en Europe"
mardi 25 mars 2008, mis à jour à 16:44
Subprime
Propos recueillis par Benjamin Masse-Stamberger
C’est le constat que vient de réaliser l’agence de notation Standard & Poor’s. Elisabeth Grandin, analyste crédit et auteur de l'étude, explique les raisons de ces difficultés.
Pourquoi les banques françaises sont-elles si touchées?
Presque toutes
ont enregistrés des baisses de résultats de leurs activités de banque
de financement et d'investissement. Cependant, aucune banque française
n’a connu de problème de liquidité ou de solvabilité, contrairement à
l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, où les impacts de la crise ont été
plus concentrés sur certains établissements comme Northern Rock ou IKB,
et plus violents.
BNP Paribas a été moins touché que les autres grandes, notamment la Société Générale, Crédit Agricole et Natixis. Pourquoi?
Ils ont su diversifier leurs activités, et ont également adopté une gestion prudente des risques.
Les banques françaises n’ont-elles pas pêché par manque de transparence?
Pas
forcément. Dès le début de la crise, elles ont bien communiqué sur leur
exposition aux subprime américain (actifs titrisés), qui s'élevait à
quelques milliards d’euros pour la Société Générale ou le Crédit
Agricole, par exemple - un montant qu'il faut rapporter à des centaines
de milliards d’actifs détenus au total. Il n’était pas non plus évident
d’anticiper que ces actifs allaient être aussi dévalorisés. En la
matière, il n’y pas de vérité absolue car la valeur de ces actifs est
liée aux scénarios macroéconomiques américains. En revanche, les
banques ont communiqué plus tardivement sur leurs expositions
indirectes aux rehausseurs de crédit.
Peut-on s’attendre en 2008 à de nouvelles dépréciations?
Sans
doute. Certes, leur évaluation au 31 décembre 2007 est dans l’ensemble
plutôt réaliste. Mais, comme les conditions de marché continuent à se
détériorer, les banques pourraient bien être amenées à passer de
nouvelles provisions. Cependant, selon nos estimations, cela devrait
être dans des proportions moindres que l’an passé.
Les résultats des banques françaises seront-ils meilleurs en 2008?
Probablement
pas. Dans l’ensemble, ils devraient plutôt être légèrement moins bons.
Même si les banques passent moins de dépréciations d'actifs,
l’aggravation de la conjoncture devrait peser sur tous leurs métiers.
C'est un retour à la normale, après des années fastes ?
En
2005-2006, les banques ont bénéficié de marchés financiers très
favorables, avec un pic début 2007. Nous avons toujours dit que de tels
niveaux étaient forcément exceptionnels. En particulier, en banque
d’investissement, on devrait revenir à des niveaux de performances
moins élevés, proches de ceux de 2004.
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