L'IFEN DISPARAÎT Environnement, ton évaluation fout le camp
L'IFEN DISPARAÎT
NOUVELOBS.COM | 04.12.2008 | 19:05
L'Institut Français de l’Environnement, qui était le seul organisme habilité à produire des évaluations sur les domaines protéiformes de l’écologie, a été fondu au sein du Commissariat général au développement durable.
L’Institut
Français de l’Environnement né en 1991 a vécu. Par décret du 29
novembre, l’IFEN, qui était le seul organisme habilité à produire des
évaluations sur les domaines protéiformes de l’écologie est fondu au
sein du Commissariat général au développement durable (CGDD). Parmi les
dernières études : un travail remarquable sur la pression du tourisme
dans les îles de l’Atlantique. Mais c’était surtout le rapport
quadriennal sur l’état de l’environnement en France qui avait conféré à
l’Ifen une autorité certaine. Et un rôle précurseur en Europe. Il faut
se souvenir que sur la base des données que l’Ifen avait rassemblées,
la France recevait en 2002 une lettre de mise en demeure de la
Commission européenne sur la qualité des eaux de baignade dans
l’hexagone. Gifle qui avait passablement irrité du côté du Ministère de
la Santé. L’argument avancé par le Ministère de l’environnement et du
Développement Durable conduit par Jean-Louis Borloo ? Rationaliser les
services statistiques des différents secteurs de sa giga administration
( Equipement , une partie de l’industrie, environnement…) dans un «
Service de l’Observation et des statistiques » sous l’égide du Meedstat
. Et après tout, l'Ifen, qui avait initialement le statut
d'établissement public national, était déjà raboté en 2004 pour devenir
un simple service à compétence nationale du Ministère de l'Ecologie.
L’émotion est forte. Le Syndicat National de l’environnement (SNE FSU)
évoque un « bon de 20 ans en arrière ». « Comment le Gouvernement
français pourra-t-il être informé objectivement sur l’Etat de
l’environnement en France maintenant que cet état des lieux sera
réalisé par un service directement dépendant du Ministre de l’écologie
. Il y a un risque de confusion entre l’information réelle et la
communication politique », souligne François Veillerette, Président du
MGDRF ( Mouvement pour le droit et le respect des générations futures
). La vérité, c’est que plus les politiques environnementales sont
sensibles et stratégiques, plus elles se compliquent, plus les effets
d’annonce sont nombreux et plus les agences d’évaluation jouissant
d’une certaine autonomie, sont dans l’œil du cyclone. Dans les pays
scandinaves, aux Pays bas et en Grande Bretagne, les « pressions » se
multiplient, confie Domingo Jiménez-Beltrán, premier directeur exécutif
de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), de 1994 à 2002, au Journal de l’environnement.
On est par exemple très curieux du sort de la première grande étude
conduite et achevée par la MSA (Mutuelle Sociale Agricole) sur les
conditions de travail et la santé des agriculteurs de plus de 50 ans
qui ont été particulièrement exposés aux pesticides. Interrogé
régulièrement par le Nouvel Observateur sur le destin de cette étude,
le Ministère l'Agriculture et de la pêche reste obstinément aux abonnés
absents.
Guillaume Malaurie
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