La droite ne souffre pas de la récession
La droite ne souffre pas de la récession
(Photo Adam Tinworth-Flickr-cc)
La
crise économique sera courte et limitée, foi d’UMP ! C’est le message,
un rien auto persuasif, qui court dans le parti majoritaire et au
gouvernement. Il fallait se pincer pour y croire, mercredi dernier :
l’UMP en convention sur l’économie a multiplié les messages, façon
méthode Coué, pour se faire croire que l’effondrement de l’économie
nationale serait un épisode passager. Les participants ont écouté sans
moufter le message d’Alain Minc, invité d’honneur du député Frédéric
Lefebvre. Le banquier « d’affaires » en est sûr : « la crise sera limitée, comme en1993 » et d’ajouter, un rien dédaigneux : « une récession à -1%, c’est pas cher payé ». Ils ont aussi écouté François David, Patron de la Coface (société d’assurance-crédit) marteler : «
c’est une crise récurrente, comme on en voit tous les dix ans depuis
1970 (…) n’écoutez pas ceux qui vendent la peur comme Jacques Attali,
l’OCDE, et DSK !» La crise serait donc courte : « 18 mois à 2 ans ». On voit que François David ne fait pas partie de ceux qui souffrent le plus du recul de l’emploi.
De
l’UMP au gouvernement, le message est quasiment le même : « pas
d’affolement ». En présentant le « plan de relance de l’économie »,
adopté ce matin en conseil des ministres, le trio en charge, c’est à
dire Christine Lagarde, Patrick Devedjian et Eric Woerth, s’employait à
minimiser. L’Insee a beau prévoir un recul de 0,8% du PIB au quatrième
trimestre 2008 suivi de deux autres trimestres toujours en retrait et
des destructions d’emplois par centaines de milliers dans le secteur
privé (plus de 360.000 postes perdus en un an dans le secteur marchand
non agricole), cela ne devrait changer ni la prévision de croissance du
gouvernement (entre +0,2 et +0,5% pour 2009) ni même son objectif de
déficit public. «Aujourd’hui on n’est pas techniquement en récession», s’obstine Christine Lagarde.
Tout va très bien Madame la marquise
Patrick Devedjian clame haut et fort qu’il a « compté chaque euro »
du plan qu’il est sensé mettre en œuvre, paraît-il 26 milliards,
pendant que son collègue du Budget Eric Woerth se dit incapable de
calculer quel trou cela représente dans les finances publiques ! « On aura bien le temps de réviser les prévisions », s’amuse même la ministre de l’Economie. Le trio zen chargé de l’économie semble parti pour atteindre les sommets du comique !
Las,
ce « tout va très bien Madame la marquise » pourrait tourner vinaigre.
En 2008, l’Elysée et Bercy jugeaient l’Insee trop pessimiste. Nicolas
Sarkozy prétendait ignorer ses prévisions, au motif qu’elles seraient
révisées, ce qui est bien le moins pour des prévisions. Et donc le
gouvernement n’a pas vraiment anticipé la crise de l’économie réelle
dont l’Insee avait signalé les prémisses dès la fin du second semestre
de cette année. La preuve : le projet de budget 2009 présenté fin
septembre ne prévoyait toujours pas de mesures anti-crise. Ce retard à
l’allumage produit des effets néfastes, puisque les mesures du plan de
relance n’auront d’effets importants qu’à partir du 3ème trimestre
2009. En attendant, les licenciements s’accumulent, en particulier chez
les sous-traitants de l’automobile. Mais patience, puisqu’on nous dit
que c’est passager…
Vendredi 19 Décembre 2008 - 16:59
Hervé Nathan
Retrouvez moi : http://monmulhouse.canalblog.com/