Suppression de la pub: Sarkozy a recopié le livre blanc de TF1 !
Suppression de la pub: Sarkozy a recopié le livre blanc de TF1 !
Le Canard Enchaîné avait déjà évoqué ce fameux « livre blanc de TF1 » qui
aurait fortement inspiré le président de la République au moment
d’annoncer la suppression de la publicité sur les chaînes publiques. De nombreux députés UMP, invités à la table de Nonce Paolini y ont également eu accès.
Télérama s’est procuré ce document d’une vingtaine de pages et en livre sur son site des extraits qui montrent les compétences, en matière de lobbying, des dirigeants de TF1. Troublant.
«
Le financement du service public de l’audiovisuel devrait être
clarifié. France Télévisions regroupe de nombreuses chaînes, dont trois
réseaux nationaux hertziens analogiques et capte ses ressources à la
fois par un financement public et par des recettes publicitaires. Ce
groupe finance ses besoins à hauteur de deux tiers par des fonds
publics (le Contrat d’objectifs et de moyens de France Télévisions
prévoit d’ailleurs une augmentation de 3% en moyenne par an de la
ressource publique affectée à France Télévisions, et de plus de 3,5% en
2008) et un tiers par des recettes publicitaires. Cette « ponction », très significative sur le marché publicitaire, est pourtant minoritaire pour les besoins de financement du groupe public.
Le
financement public dont bénéficie France Télévisions lui permet ainsi
de mener une véritable politique de dumping entraînant une pression
artificielle à la baisse du coût des écrans publicitaires et tirant
l’ensemble du marché publicitaire vers le bas. Ce mode de financement
mixte se révèle donc dangereux pour l’ensemble des acteurs commerciaux
de la télévision. Afin de remédier au sous-financement structurel de la
télévision, il conviendrait de prendre exemple sur le modèle
britannique : celui d’un service public de l’audiovisuel
fort, dont les missions sont clairement identifiées et qui est financé
exclusivement par des fonds publics. Cette approche aurait le mérite
d’assainir le marché publicitaire français soumis enfin aux seules lois
de l’offre et de la demande. Toute augmentation de la redevance
pourrait être perçue comme légitime par les Français si elle leur
permet de bénéficier d’un réel service public émancipé des seules
contraintes d’audience ».
TF1 fait ainsi clairement apparaître son point de vue : la présence d’écrans publicitaires sur le service public dessert « l’ensemble des acteurs commerciaux de la télévision »
et se prononce pour un service public échappant complètement aux
contraintes d'audiences. De quoi éliminer rapidement l'un de ses
principaux concurrents.
TF1 veut relancer la croissance du pays...
Dans
la suite du document, la chaîne du groupe Bouygues se prononce pour
une dérégulation du marché publicitaire de l’audiovisuel, à coups
d’arguments qui laissent pantois : c’est pour relancer la croissance
que TF1 appelle la France à s’aligner sur les règles européennes. Noble
ambition…
« Pour accroître l’investissement
publicitaire en télévision, les pouvoirs publics doivent impérativement
desserrer une réglementation malthusienne de la ressource. La publicité
télévisée est, en effet, un véritable levier de relance de la
consommation et, par conséquent, de la croissance économique ; elle
stimule la demande, encourage la concurrence et développe l’innovation.
Il apparaît, dès lors, paradoxal que, dans le même temps, les pouvoirs
publics se montrent soucieux de relancer la croissance de notre pays
sans chercher, par ailleurs, à libéraliser ce vecteur. Dès lors et afin
de relancer d’une part la croissance et, d’autre part, le développement
de son marché audiovisuel, la France, dont la réglementation se situe
largement au-delà des règles minimales fixées par la Commission
européenne, devrait s’aligner sur les règles régissant les marchés de
nos voisins européens en adoptant les dispositions de cette directive ».
Du copier-coller ou presque...
TF1 fait alors une série de propositions :
- Le déplafonnement quotidien des 144 minutes afin de s’aligner sur le plafond européen de 12 minutes en moyenne par heure;
-
Le passage de l’heure glissante à l’heure d’horloge : l’heure glissante
est en effet une spécificité française en Europe qui complexifie la
gestion de l’antenne;
- L’autorisation d’une seconde
coupure publicitaire dans les œuvres, permettant notamment d’optimiser
l’investissement dans les œuvres de 90 minutes, qui demeurent un genre
apprécié du public mais extrêmement lourd à financer;
- Une libéralisation totale de l’accès du secteur de la distribution à la publicité;
- Un allègement des règles de parrainage (...)
Le recoupement réalisé par Télérama
dit combien Sarkozy et les députés UMP ont été passionnés par cette
exigeante littérature. TF1 n’aura pas eu à se plaindre, le gouvernement
a décidé pour 2009 :
-Le déplafonnement de la publicité sur les chaînes privées en la portant de six à neuf minutes en moyenne par heure;
-Le passage de l’heure glissante à l’heure d’horloge;
-L’autorisation d’une seconde coupure publicitaire dans les films et téléfilms.
Il
n’a pas libéralisé totalement l’accès du secteur de la distribution à
la publicité, qui aurait déstabilisé encore plus la presse quotidienne,
mais autorisé le placement de produits. Une forme de publicité déguisée
et encore plus pernicieuse. Bel effort pour un projet qui visait à la
suppression de la publicité.
Jeudi 11 Décembre 2008 - 13:47
Régis Soubrouillard
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