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Mon Mulhouse3
20 novembre 2008

Bercy fait main basse sur le livret A

Bercy fait main basse sur le livret A

Pour financer le prêt aux PME, Bercy met à contribution le livret A. A la Caisse des dépôts et consignations, c'est le ras-le-bol : en douce, le ministère de l'Economie a déjà ponctionné près de 30 milliards sur l'épargne populaire pour ses plans de crise et menace aujourd'hui le financement social des HLM.



Le siège de la Caisse des Dépôts et Consignations, à Paris. Photo : SL.

Le siège de la Caisse des Dépôts et Consignations, à Paris. Photo : SL.

Branle bas de combat à la Caisse des dépôts (CDC) : Lagarde veut taper dans « l'épargne des p'tites dames » ! Le livret A, dont l'organisme gestionnaire avait centralisé 134 milliards au 30 septembre 2008, est de nouveau visé par Bercy qui a soumis la semaine dernière à la Commission de surveillance de la CDC un décret pour mobiliser des crédits afin de financer le prêt aux PME, comme le révélait Le Monde daté du 16 novembre . Après s'être heurtée fin septembre à la mobilisation politique et syndicale contre le projet défendu par François Fillon pour lutter contre la crise, cette mesure plus qu'impopulaire revient par la porte de derrière, au grand dam des personnels de la CDC.

« Nous redoutions une telle mesure mais elle est arrivée encore plus vite qu'on le craignait, s'inquiète Jean-Philippe Gasparotto, secrétaire général de l'union syndical CGT de la Caisse. La généralisation de la distribution du livret A qui débutera le 1er janvier peut menacer ce type d'épargne à moyen terme, mais cette ponction supplémentaire porte atteinte à sa sécurité dans l'immédiat ! »

 


Déjà 30 milliards puisés dans l'épargne populaire pour le plan anti-crise
Car derrière le livret A, ainsi que tous les fonds centralisés par la CDC (livret d'épargne populaire, livret de développement durable et livret bleu), c'est le financement du logement social qui est menacé. Depuis octobre, cette réserve a largement été mise à contribution par Bercy pour financer les plans de lutte contre la crise : 5 milliards aux collectivités territoriales, 2 milliards pour Oséo, 10,5 milliards de prêts aux banques, sans compter le prêt relais contracté par Bercy pour lancer l'organisme de recapitalisation des banques (la SFEF  )…

 

Au total, ce serait près de 30 milliards que les plans successifs auraient ôté de l'encours global de l'épargne populaire et auquel s'ajouteront bientôt 5,5 milliards d'euros du livret A. Le placement préféré des français va-t-il connaître le même sort que le livret de développement durable (LDD) dont les 9% centralisés par la CDC sont déjà directement réinjectés pour les prêts aux PME ? L'article 39 du projet de loi de modernisation de l'économie désigne le prêt aux bailleurs de logement sociaux comme usage prioritaire des fonds centralisé du livret A mais réserve également la possibilité de les affecter au financement des PME et des travaux d'économies d'énergie dans des proportions déterminées par décret du ministère de l'Economie. 


Porte historique de la Caisse des Dépôts et Consignations, rue de Lille à Paris. Photo : SL.

Porte historique de la Caisse des Dépôts et Consignations, rue de Lille à Paris. Photo : SL.

Injecter l'épargne populaire dans un secteur en crise
« Que l'on utilise l'argent du livret A pour secourir les promoteurs en panne ou pour aider des collectivités locales à construire des équipements publics, ça ne me pose pas de problème, explique Patrick Blamoutier, président du syndicat CFDT à la Caisse. Mais injecter cette épargne dans le monde des PME, c'est accumuler les risques : je peux prévoir combien perdront les offices HLM sur 5 ans mais je ne peux absolument pas deviner ce que perdront les PME dans l'année. »

En pratique, les sommes centralisées du livret A sont prêtées à bas taux et sur le long terme aux organismes de logement social. Les sommes inutilisées sont placées à 90% sur des actifs stables et rentables (bons du  trésors à 3 mois, emprunts d'Etat, etc.) et à 10% sur le marché courant. Bref, une grosse part de solide et de sûr.

Dans la nouvelle configuration, les intérêts de ces placements seraient réinjectés directement dans le prêt aux PME. « Chaque année, les 4% censés rétribuer les épargnants seront injectés dans le circuit du prêt au lieu de contribuer à l'enveloppe du logement social, résume Jean-Philippe Gasparotto. Autrement dit, on devra faire moins de prêts pour les HLM. »
 

Bercy tente le coup de force sur la communication
Voulant éviter la levée de bouclier qui avait suivi l'interview de François Fillon dans la tribune le 1er octobre 2008 , Bercy a déjà lancé l'offensive pour tenter d'imposer sa version à la presse : les employés de la Caisse des dépôts et consignations freinent une modernisation nécessaire en temps de crise.

L'argument est tout trouvé : en manque de liquidités, l'Etat ponctionne des sommes disponibles plutôt que de s'endetter dangereusement. Ce à quoi les économistes de la CDC répondent en coeur : tant que les épargnants ne retirent pas massivement leur argent et que les PME remboursent, tout va bien. « Quand on joue avec l'épargne des petites gens, il faut toujours réfléchir selon le pire scénario possible ! », insiste l'un deux. Certes mais, comme dirait Christine Lagarde : jusqu'ici, tout va bien. 


Mardi 18 Novembre 2008 - 09:20

Sylvain Lapoix


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