Emploi des handicapés: le «cadeau» aux entreprises d'un député UMP
Emploi des handicapés: le «cadeau» aux entreprises d'un député UMP
(Frank Jakobi - Flickr - cc)
Employer 6% de handicapés, c’est la règle à laquelle toute entreprise de plus de 20 personnes doit se soumettre. Un élu UMP éclairé, Jean-François Chossy , a bien failli offrir une « formidable » opportunité à ceux qui auraient aimé la contourner… Le député de la Loire a profité du débat sur le revenu de solidarité active (RSA) pour faire voter de façon cavalière un amendement pour le moins ambigu : « Pour encourager l’embauche de travailleurs handicapés à temps partiel, le handicap nécessitant très souvent le recours à ce type de recrutement, le travail à temps partiel (article L. 3123-14 du code du travail) sera assimilé à un travail à temps plein » (le texte intégral est téléchargeable ci-dessous).
« Avec cet amendement, explique Jean-Claude Lebarbier, conseiller national « emploi » pour l’Association des paralysés de France (APF), tout temps partiel comptera comme un temps plein. C'est un cadeau fait aux entreprises qui seraient malveillantes ». Un « cadeau aux entreprises » ? Jean-François Chossy s'en défend : « S’il
y a un cadeau, il n’est pas du côté des patrons mais de ceux qui n’ont
pas la capacité de faire un travail à temps plein. Le temps partiel est
une manière de s’exprimer dans le monde du travail. J’ai voulu défendre
cet esprit-là. »
Des « ayatollahs associatifs » !
Au
regard de son parcours, difficile de douter de l'honnêteté du député.
Depuis fin 2002, l’homme préside à l’Assemblée nationale le groupe
d’études sur les personnes fragilisées et handicapées. En 2003,
Jean-Pierre Raffarin lui a confié une mission sur l’autisme. Enfin,
comme l’indique son site internet , « en bon connaisseur du dossier du handicap, Jean-François Chossy a été nommé rapporteur de la loi (du 11 février 2005, ndlr) pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. »
L’homme est même membre de l’Association des paralysés de France. C'est
dire s'il maîtrise le sujet. Et pourtant, les faits sont là : son
amendement aurait permis de « faire remonter mathématiquement mais artificiellement le taux d’emploi des personnes en situation de handicap » comme l’explique l’APF dans un communiqué de presse daté du 30 octobre.
Depuis,
l’association a réussi à faire voter un nouvel amendement en commission
mixte paritaire. Cet amendement dit l’exact contraire du premier et
permet ainsi d’enrayer la machine législative. Mais le député refuse
toujours de reconnaître son erreur. Au contraire, il persiste et signe
même des deux mains : « La
commission mixte paritaire s’est fait avoir par le lobbying d’une
association. Pour moi, ce sont des ayatollahs associatifs. Je suis
adhérent de l’APF mais je me demande ce que je fais là-dedans. Ce sont
des mecs qui ne font qu’éplucher les textes. C’est une association de
réflexion qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. » L’élu, lui, voit beaucoup plus loin. Tellement loin même qu'il se voit remporter la guerre : « Ils
ont gagné la bataille : pour l’instant la situation est bloquée. On
trouvera peut-être une autre niche parlementaire pour la débloquer… » Et les « ayatollahs » parlementaires, est-ce que ça existe ?
Lundi 17 Novembre 2008 - 07:00
Gérald Andrieu
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