Le vote au congrès du PS
NOUVELOBS.COM | 07.11.2008 | 17:00
Les éditoriaux de la presse française commentent, vendredi 7 novembre, le vote au congrès du PS.
LA CHARENTE LIBRE
Jacques Guyon
"On peut penser que pas plus les "éléphants" que les "éléphanteaux"
n'ont mesuré la menace autrement plus grande qui aujourd'hui les
guette. Cette menace s'appelle Obama! (...) Comment tenir en haleine
l'opinion en ce jeudi de scrutin au PS? Comment arriver à convaincre
les Français et même les 167.953 militants à jour de cotisation appelés
à voter pour les motions A, B, C, D, E et F qu'ils sont en train à leur
tour de vivre un "moment historique"? Rude concurrence (...) les
rumeurs d'alliances secrètes vont bon train. Alors qu'ici on dénonce le
"mélange de la carpe et du lapin" pour discréditer l'alliance entre
Martine Aubry tombée dans l'Europe quand elle était petite et Laurent
Fabius qui milita pour le non au référendum, Ségolène Royal alterne les
offres: offre classique d'ouverture, offre gadget de rembourser aux
adhérents dans la panade le prix de la cotisation nécessaire pour
voter... Et tout ceci au moment où précisément nous vient d'Amérique un
air de renouveau. Et ceci alors même que pourtant la France a besoin
d'une opposition rénovée et inventive..."
suivra
LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE
Patrice Chabanet
"Côté pile: le PS fait droit à toute forme d'expression en son sein.
Côté face: seuls les exégètes de la chose socialiste parviennent à
démêler les nuances des différents courants. Qui pouvait prétendre, y
compris chez les adhérents les plus chevronnés, connaître les lignes
force des six motions sur lesquelles se sont prononcés les militants? A
la vérité, la bataille des textes a constitué le cache-misère de
l'affrontement des chefs. (...) Les dirigeants du parti ne parviennent
pas à se dégager de la glu des batailles internes et des
faux-semblants. Peut-on croire, par exemple, à tous les discours qui
feignent d'ignorer le choix d'un candidat à la prochaine élection
présidentielle? Les conflits internes et permanents du PS font le jeu
d'un Nicolas Sarkozy qui tient de facto l'UMP d'une main de fer. Mais
dans une période plombée par la crise économique notre démocratie
aurait tout à gagner d'une saine et franche confrontation entre
majorité et opposition. Or le PS s'essouffle dans sa guerre des chefs.
Pour les idées neuves et les programmes, il faudra attendre plus tard."
L'UNION
Hervé Chabaud
"À moins de basculer dans le masochisme et de vouloir perdre le peu de
crédibilité qui lui reste. Les militants socialistes à jour de leur
cotisation ont voté mais les contributions au congrès de Reims sont
mitées par la crise. Rien ne sert de les rapiécer pour les rendre
durablement présentables. Elles ont vieilli à une incroyable vitesse et
même avec un peu de fond de teint et un soupçon de poudre de riz, elles
feront toujours leur âge. Autant dire que les délégués du parti peuvent
se retrousser les manches pour bâtir un projet économique qui ne soit
pas une infusion amère d'un néomarxisme en quête d'identité. S'ils ne
parviennent pas à imaginer une ligne cohérente qui ne s'appuie pas sur
une politique confiscatoire des revenus et un usage démesuré de
l'impôt, le PS aura beaucoup de soucis à se faire pour son avenir. Il
faut savoir tirer la leçon des échecs passés et trouver les moyens
d'une juste régulation pour pallier l'ivresse des marchés financiers
qui finit toujours en cirrhose économique."
suivra
LA PRESSE DE LA MANCHE
Jean Levallois
"tout cela a une finalité : préparer le Congrès de Reims, donc
constituer la nouvelle majorité du parti, sans doute la plus large
possible, pour désigner le premier secrétaire du Parti socialiste,
auquel reviendra le redoutable honneur d'être l'animateur, le leader
des socialistes français. On comprend qu'il y ait des vocations, et que
les militants disposent d'un véritable choix. Cela a été le cas hier
soir. La phase la plus complexe, la plus délicate, sans doute la moins
glorieuse, va commencer dans la foulée des résultats pour apprécier le
meilleur accord possible et les alliances qu'il faut savoir nouer. Ce
sera le temps de tous les dangers, peut-être celui des querelles, pour
aboutir, si possible, à un accord final à Reims. Tout cela se fera sans
doute dans la passion. Il appartiendra aux socialistes de savoir
privilégier ce qui les unit plus que ce qui les divise. Avec dans
toutes les mémoires le souvenir du Congrès de Rennes qui fut
cauchemardesque et que personne ne veut revivre."
suivra
LE MIDI LIBRE
François Martin
"Les socialistes n'ont pas de chance. Le petit théâtre d'ombres qui les
agite avant leur congrès a quelque chose de dérisoire en pleine
obamania. La portée universelle de l'événement américain relègue à
mille années-lumière leurs querelles de boutiquiers, leurs bisbilles
sur les motions et autres courants d'air. Ajoutez à cela le changement
d'échelle, de Chigaco à Reims. Déprimant! Alors qu'Obama doit porter
toutes les peines du monde, préparer la paix sur la planète, résoudre
la plus grande crise financière du capitalisme, les caciques
socialistes se recroquevillent sur des défis autrement plus lourds à
relever. Royal doit «rembourser les cotisations des adhérents
socialistes désargentés". Aubry prépare une sorte de «camp du drap
rose" pour dégager une ligne majoritaire. Delanoë exhorte ses troupes à
«combattre les combinaisons et alliances tactiques". Bref, que du
lourd".
LA REPUBLIQUE DES PYRENEES
Jean-marcel Bouguereau
"Le contraste est assassin. En préparant son congrès à quelques jours
de l'élection historique de Barack Obama, le PS se donne des verges
pour se faire battre. On dira qu'il n'avait même pas besoin de ça. Les
verges pour se faire battre, il s'y connait. Le vote, hier, des 6
motions en lice pour le congrès de Reims s'annonçait serré, signe
qu'une fois de plus, aucune personnalité ne se dégageait même si
Delanoë restait favori des sondages. Et pour quel enjeu ? A part la
motion très à gauche conduite par Benoit Hamon, qu'est-ce qui les
différencie ? Même pas leurs solutions à la dernière crise financière
puisqu'aucune des motions, rédigées bien avant, n'a fait l'objet de la
moindre mise à jour. Quant à Benoit Hamon dont on dit que son refus du
libéralisme lui donnerait un petit vent en poupe (...) Ce parti offre
en effet le triste spectacle d'une famille déchirée par de veilles
haines, des rancoeurs recuites. Certes la politique est le champ rêvé
de ces haines et le PS n'en a pas l'exclusivité. (...) Mais le PS
pousse ces haines à leur extrémité."
LA LIBERTE DE L'EST
Gérard Noel
"Revenons donc à ces fameux socialistes français dont le moins qu'on
puisse dire c'est qu'ils ont du mal à présenter un front uni. Hier, les
militants étaient appelés à se déterminer entre six motions
(sous-entendu entre six personnalités en quête du poste de premier
secrétaire). Au-delà du verdict qui ne sera entériné que le 14 novembre
lors du congrès de Reims, un certain nombre de questions agitent
aujourd'hui la gauche : que reste-t-il de la vague qui avait permis à
Ségolène Royal d'enlever la primaire de 2006 avec 60 % des voix ? quels
rapprochements vont s'opérer à l'issue de ce vote dans la mesure où les
trois favoris (Delanoë, Royal et Aubry) risquent fort de se tenir dans
un mouchoir de poche ? Enfin, la motion "à gauche toute" de Benoît
Hamon peut-elle créer la surprise ? Autant d'interrogations qui
expriment bien le désarroi actuel d'un parti qui se cherche, ballotté
qu'il est entre une dérive libérale et la recherche des valeurs
traditionnelles,(...) Le futur élu devra être fin diplomate pour
recoller les morceaux de cette famille dispersée".
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