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Mon Mulhouse3
7 novembre 2008

Après Vichy : "La Marseillaise"... mais en échange de l'égalité !

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Tribune

               
Après Vichy : "La Marseillaise"... mais en échange de l'égalité !
                               

      


   

Directeur général de France Terre d'Asile, Pierre Henry réagit sur Rue89 aux préconisations qui ont émergé mardi soir, après deux jours de conférence européenne sur l'intégration.

Trois ou quatre annonces à usage national et la conférence ministérielle européenne de Vichy, consacrée à l’intégration, s’en est allée. Le ministre Hortefeux, fin politique, tout entier dévoué à son verbe populiste, a tenu à distiller, avec parcimonie mais constance, ses messages.

Dans une première phase, il s’est d’abord attaché à démontrer que tout était sous contrôle. La publication du décret d’application de la loi si controversée sur l’entrée et le séjour des étrangers adoptée à l’automne 2007 lui en a fourni le prétexte.

Le renforcement de l’encadrement des migrations familiales, avec l’instauration d’un stage de langue dans le pays d’origine, vient opportunément rappeler la série de mesures d’injustice et d’arbitraire, au-delà des tests ADN, que comporte cette législation.

Et le droit de vivre en famille, reconnu par l'Europe?

Rappelons, pour mémoire, que le droit de vivre en famille est reconnu par la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) et la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Dans la pratique pourtant, les conditions posées par les Etats membres rendent l’exercice de ce droit de plus en plus difficile.

C’est pourquoi il convient d’exiger une modification de la directive communautaire sur le regroupement familial afin de mieux encadrer les législations nationales.

Deuxième temps: Brice Hortefeux annonce la création de l’école des parents pour les migrants. Il s’agit, explique t-il, de permettre aux parents d’enfants scolarisés de suivre une formation linguistique et la scolarité des enfants. Le soutien à la parentalité est une bonne idée, pratiquée depuis des dizaines d’années, qui ne saurait concerner les seuls parents d’origine étrangère.

Mais que penser du moment de cette annonce et du déblocage de 500 000 euros quand, et ce n’est pas sans rapport, trois mille postes d’enseignants sont supprimés dans le réseau d’aide spécialisé pour les élèves en difficulté.

Le droit à l’apprentissage de la langue du pays d’accueil ne saurait se réduire à un "coup de com". Il doit s’accompagner d’une professionnalisation des acteurs et des moyens financiers adéquats pour le mener à bien. Le budget global 2009 du ministère de l’Immigration et la suppression de milliers d’emploi d’enseignants ne témoignent pas de cette ambition.

Je connais par cœur la Marseillaise… mais je m'interroge

Enfin, le troisième temps réaffirmé par le ministre est celui du retour des fondamentaux: l’apprentissage de l’histoire, des valeurs et de la Marseillaise aux migrants.

Je le confesse. Je connais par cœur ce chant, au-delà du premier couplet. Je l’entonne parfois avec gaillardise dans les enceintes sportives, et avec gravité dans les rencontres officielles. Mais je m’interroge.

Les employeurs, les bailleurs sociaux, les banquiers vont-ils apprécier, avec émotion et compassion, la chansonnette poussée par les migrants lors des entretiens d’embauche, aux guichets des succursales… "Allons z’enfants."

L’œuvre chantée de Rouget de l’Isle annoncera-t-elle la fin des discriminations, de la ségrégation territoriale, le jaillissement spontané de dizaines de milliers de logements sociaux et d’emplois, l’acceptation des crédits bancaires ? Parce qu’alors, n’hésitons pas, chantons en cœur: "Aux armes citoyens".

L'intégration, c'est un engagement réciproque

Après cette folie phonique, il reste tout de même à rappeler que l’intégration doit être considérée comme un engagement réciproque, migrants-pays d’accueil, non comme une obligation juridique.

Le chantier de l’égalité de statut et de droits, entre ressortissants de pays tiers et communautaires, doit, a minima, permettre d’instaurer une citoyenneté de résidence.

La valorisation et la reconnaissance des compétences et des qualifications professionnelles, l’ouverture d’une vraie réflexion sur les discriminations légales et les professions fermées sont quelques-uns des travaux qui exigent une volonté, un engagement, ne pouvant se résumer au temps d’une chanson ou d’une conférence.

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