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Mon Mulhouse3
27 octobre 2008

Riches, décomplexés… et toujours pas contents

Riches, décomplexés… et toujours pas contents

« Riches et presque décomplexés», le nouveau livre de Jacques Cotta est une enquête sur l'état d'esprit des « riches » en France. Un livre politique qui décrit la violence ressentie par la France qui travaille, flouée par le président.



cc flickr Tracy O

cc flickr Tracy O

Après une immersion  dans le monde des travailleurs pauvres, le journaliste Jacques Cotta s'est plongé dans l'univers des Riches et presque décomplexés (Fayard). Une enquête qui démarre du côté de Courtrai, à la frontière franco-belge, à l'occasion d'un salon des millionnaires : « On peut y acheter des îles, des maisons dans l'eau à Dubaï ou, pour rester raisonnable, une villa à Marbella pour un prix de base à trois millions d'euros. Ils sont 9,5 millions à posséder plus que le million de dollars sur la planète, 389 000 dans l'hexagone. Mais dans leur monde, sur leur planète, ces mêmes fortunés font dans la démesure. Ils s'affirment, se confient, veulent prouver que sur leur terrain, celui de la richesse, rien ni personne ne peut leur résister».

Pourtant, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes des riches. La crise ? Ce n'est pas le problème essentiel. Si le livre a été rédigé avant la crise financière, Jacques Cotta explique que « Les crises qui défrayent la chronique, boursières, sociales, économiques, ne semblent pas vraiment les affecter ».
Bref, ces gens là, vont plutôt bien. Merci pour eux. Mais, un problème les tracasse quand même. Presque d'ordre psychologique. En fait, confrontés parfois à la réalité, nos riches seraient presque complexés d'être riches, et entonnent un discours gêné.
C'est vrai : comment vivre sereinement dans le stupre, la luxure, la débauche avec cette réalité de misère qui revient par la fenêtre quand on la fout à la porte? Encore la faute à ces salauds de pauvres !

Sexe, fringues et belles bagnoles
Cotta s'est donc frotté à cet autre monde, des gestionnaires de fonds dont les rémunérations sont passées en dix ans des francs aux euros sans que le chiffre change, des banquiers discrets qui cachent leur fortune, aux grands patrons flambeurs qui chaque année s'accordent des augmentations à deux chiffres (Bolloré : 4,2 millions d'euros/ an soit une hausse de 56%, Thierry de la tour d'Artaise, Patron de Seb : +59%), rappelant au passage le salaire de Jacques Calvet, le patron de Peugeot, révélé en 1989 par le Canard Enchainé, qui s'élevait à 2,2 millions de francs, soit 450.000 euros. Une misère. L'affaire avait fait scandale. Aujourd'hui, Calvet passerait pour un smicard du patronat. L'ancien journaliste de Radio-France est également allé promener ses guêtres du côté de la caste très fermée de la « racing family ». Le club de sport ultra huppé racheté en 2006 par Arnaud Lagardère. Un endroit tranquille et paisible où l'arrivée du groupe Lagardère et ses projets mercantiles orientés vers le sport de très haut niveau et ses méthodes de marketeux ont du mal à passer.

Un chapitre est également consacré aux « gosses de riches »: sexe, fringues et belles bagnoles… des parents. Savoureux, mais mieux vaut les avoir en photo, comme dirait l'autre. C'est d'ailleurs parfois le choix des parents, qui laissent leurs ados vivre, seuls, leur vie de débauche facile. Le malheur d'être riche, c'est bien qu'il faut vivre avec des gens riches.


Riches, décomplexés… et toujours pas contents

 

Faire barrage au système générateur d'une poignée de fortunes
C'est dans les entrailles des cercles très réservés des élites, là où la réussite se construit en réseau, qu'apparaît le versant politique de son projet. Car c'est dans ces petits milieux que le comportement de Nicolas Sarkozy a le plus dérouté. « Lorsque, au lendemain, de son élection, Nicolas Sarkozy a inauguré le style « bling bling », vantant une droite et un argent décomplexés, donnant lui-même l'exemple sans hésitation, la surprise a été générale » écrit Jacques Cotta. Surprise agréable quand même : « Le nouveau président a laissé libre cours à des penchants naturels et des envies avouées, mais il a aussi répondu à sa base électorale qui dans les cercles et clubs s'impatientait contre les retenus de son prédécesseur ». Une richesse décomplexée qui affiche ses privilèges en faisant la chasse aux « privilèges » des autres : fonctionnaires privilégiés de l'emploi, vieux privilégiés de la santé, postiers, agents d'EDF privilégiés des services publics etc.
   
Une violence symbolique pour ceux qui ont vu leur quotidien se dégrader, qui avaient cru au « gagner plus » mais qui n'ont aperçu que le « travailler plus ». Le journaliste en appelle aux valeurs du Conseil National de la Résistance pour faire barrage au « renforcement du système générateur d'une poignée de fortunes et d'un cortège de misère qui est organisé, dans une régression dont on a encore du mal à comprendre toutes les données ». Le livre de Jacques Cotta aidera à les identifier.


Samedi 25 Octobre 2008 - 10:34

Régis Soubrouillard


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