Sarkozy roi du monde…
Sarkozy roi du monde…
Réparation faite à Louis XIV par le doge de Gênes dans la Galerie des Glaces de Versailles (Charles Le Brun)
Quelques jours pour les uns -les plus lucides ?- un peu plus de deux
mois pour les autres, c'est le laps de temps dont disposerait le chef
d'Etat français pour conforter la place qu'il a prise. Nicolas Sarkozy
roi d'Europe, roi du monde même… Président de la France et du conseil
européen actif, réactif et hyperactif, super-communicatif, qui a réussi
à entraîner ses collègues dans une action étatique commune. Avec l'aide
de Gordon Brown sans doute, mais comme un Grand qu'il n'était pas
jusque-là.
Souvenons-nous, c'était hier, à quel
point ses frasques personnelles l'avaient rendu ridicule… Ses efforts
pour mettre sur pied un mini-traité européen avaient été balayés par le
non irlandais. Enfin, il se prenait les pieds dans le tapis
diplomatique face aux atteintes chinoises aux droits de l'homme. «
Super Sarko », paraissait mal parti comme patron transitoire de
l'Europe, jusqu'à ce que les crises se succèdent et de natures
différentes. En Géorgie d'abord, il obtenait une paix discutable, mais
une paix quand même. Enfin, le plan de sauvetage des banques ramenait
un calme –précaire ?- sur les marchés. Le « Petit frenchie » était pris au sérieux…
Il faut dire que Nicolas Sarkozy avait profité d'une conjoncture
exceptionnelle. D'abord les autres chefs d'Etat européens n'étaient pas
au mieux. Angela Merkel, coincée dans sa cohabitation et prise à
contre-pied par la crise était affaiblie, alors même que Gordon Brown
ne parvenait qu'à raviver la nostalgie de Tony Blair. Quant à Sylvio
Berlusconi, on lui cherchait toujours des cheveux dans la tête… Il fait
rire ou plutôt grimacer. Pas de rivaux donc en Europe, alors que
l'hyper-puissance américaine est affligée d'un chef délégitimé. Georges
Bush n'est plus que l'ombre pâlotte de ce qu'il était… sinon, il
n'aurait pas fini par accepter une rencontre samedi avec Nicolas
Sarkozy et José Manuel Barroso. De même, au faîte de sa gloire, et de
son arrogance, n'aurait-il pas concédé à ses interlocuteurs un futur
sommet international de régularisation de la financiarisation. Mais
celui qui a « emporté le morceau », c'est le chef de l'Etat français
plus que le président de la commission européenne, particulièrement
transparent depuis le début de la crise.
Z comme Zarko
Même si Bush n'entend pas remettre en cause les fondements du
néo-capitalisme, même si nombre de désaccords persistent, même si la «
guerre de Bretton Woods 2 » est loin d'avoir été gagnée par notre «
super héros tricolore », une première bataille a été remportée. Il
n'était que de voir les images pour s'en convaincre. Autant en août
2007, il y avait « le petit Nicolas » d'un côté et « l'Oncle Georges »
de l'autre, paternel et condescendant, autant cette fois Sarkozy
paraissait en acteur respectable, en chef d'orchestre, tandis que Bush
semblait à la traîne. Dépassé. Pré-retraité. Il faut dire qu'il n'en a
plus que pour quelques jours de présidence, quelques semaines plutôt…
Nous y voilà.
Son successeur sera en effet élu le 4
novembre prochain. Mais c'est en janvier qu'il prendra ses fonctions.
D'ici là, le boulevard reste ouvert dans lequel s'est engouffré, à
tombeau ouvert, Nicolas Sarkozy. Comme le dit un de ses proches, «
il faut créer l'irrémédiable, conforter son autorité internationale,
qui lui sera utile sur le territoire national quand la crise sociale
frappera, et fort ». En janvier, et même avant, l'Amérique aura
retrouvé une tête et le conseil européen sera présidé par un dirigeant
tchèque libéral et minoritaire en son pays. Une raison supplémentaire
de s'imposer avant, comme le président de l'ombre, après l'avoir été de
droit, de la communauté. Sarkozy va donc multiplier les initiatives
d'ici là, poursuivre et intensifier la guerre de mouvement qu'il
affectionne. Avec des défaites de ci, des échecs de là, mais en
imposant la marque Z comme … Zarko ! L'important étant de ne jamais
rester immobile, de bouger , d'être en initiative, aujourd'hui
étatique. C'est en effet la cohérence du jour. Mais qui relève d'un
pragmatisme mouvementiste beaucoup plus que d'une vision de la société
post-néo-capitaliste. Le sarkozysme est d'abord, surtout une théorie de
l'adaptation, pas du changement radical de la société…
Mercredi 22 Octobre 2008 - 08:46
Nicolas Domenach
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