L'argent, c'est trop sérieux pour être confié aux banquiers
L'argent, c'est trop sérieux pour être confié aux banquiers
(kimberlyfaye-flickr-cc)
Michel Camdessus et Thierry Coste sont à la tête la société de
refinancement, qui distribuera 320 milliards d'euros. Cette société
sera contrôlée par les banques, ce qui est une astuce pour éviter à
l'Etat de devoir comptabiliser les fonds levés comme de la dette -
dette qui doit obéir aux critères de Maastricht. Donc c'est 320
milliards d'euros en moins. Mais ce qui est intéressant c'est de voir
qu'après la catastrophe financière, les banquiers restent les maîtres
du jeu. C'est un peu comme si le Général Gamelin était devenu ministre
de la guerre après la débâcle... Monsieur Camdessus n'est pas le
Général Gamelin. C'est un homme prudent, on lui doit les fameux plans
d'ajustement structurels que le FMI avait mis en place pour les pays
sous-développés afin 1) de faire entrer un peu de rigueur dans leur
gestion infantile et désordonnée 2) de les mettre sur la voie du
développement, particulièrement en Afrique noire. Il dirigea aussi le
Club de Paris, qui renégociait les dettes que ces pauvres pays avaient
douloureusement contractées. Monsieur Coste, lui, est moins connu. Il
dirigeait « Crédit Agricole Asset Management », un fonds
d'investissement adossé au Crédit agricole, qui connut des heures de
gloire et de tristesse ; ce fonds d'investissement, on dit aussi «
fonds de performance », était capable de donner de bons résultats aux
investisseurs quelle que soit la direction des marchés.
Hélas le vent a tourné. De très
performant, ce fonds qui devait gagner à tous les coups, est devenu
très contre-performant. Ses actifs se sont dépréciés de quelques 80%
entre début 2007 et fin 2008. S'il avait été un simple « hedge funds »
comme les autres, sans capitaux propres, il aurait sans doute mis tout
simplement la clef sous la porte ; mais il était adossé au Crédit
agricole, grosse banque solide grâce à ses dépôts. Certes, le Crédit
agricole affiche cette année des pertes de plus de huit milliards
d'euros, son résultat d'exploitation est en chute de 65% ; son produit
net de 18.5% ; mais chacun sait que ce n'est pas la faute du Crédit
agricole, et encore moins de ses dirigeants, mais des « marchés »
parfois bien facétieux...
L'argent n'est-il pas trop important pour être confié aux banquiers
De mauvaises langues diraient qu'il est bien dommage que cet argent
perdu, ces milliards d'euros ne soit pas allé aux agriculteurs, cela
aurait évité à la collectivité de payer pour leur sécurité sociale,
structurellement déficitaire, mais ce seraient de bien mauvaises
langues.
Reste la gestion de la société de
refinancement. Monsieur Coste et Monsieur Camdessus sont à la retraite,
ils auront donc, on peut l'espérer, une gestion prudente pour garantir
les produits pourris des banques qui viendront leur demander l'argent
qu'ils accorderont. Mais la question est la suivante : si la guerre est
une chose trop importante pour la laisser aux militaires, la banque et
l'argent ne sont-elles pas, également, trop importantes pour la laisser
aux seuls banquiers, même retraités ?
La phrase : celle de Vincent Auriol, de Muret Haute garonne, ministre de Léon Blum : « Les banques je les ferme, le banquiers je les enferme. »
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Mercredi 22 Octobre 2008 - 09:04
Bernard Maris
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