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Mon Mulhouse3
21 octobre 2008

Ambiance électrique au procès Taser-Besancenot

 

Ambiance électrique au procès Taser-Besancenot

Par Eric Pelletier, mis à jour le 20/10/2008 22:28:21 - publié le 20/10/2008 22:21


       

 

Le leader de la LCR était assigné en diffamation par la société qui commercialise le Taser en France. Mais, cet après-midi, devant la 17e chambre, les deux parties avaient à l'esprit les soupçons qui pèsent sur son PDG, Antoine di Zazzo, soupçonné d'avoir fait espionner le facteur et ses proches.

     

Pour le public qui s'y risque, les procès en diffamation s'apparentent souvent à des déserts mornes et difficiles à traverser. Pour les non initiés. Ils ressemblent à des étendues arides où s'échangent sèchement des arguments tels que la "bonne foi", l'"enquête sérieuse" ou la "prudence de l'expression".

A Paris, les journalistes sont des familiers de cette 17e chambre, dite "de la presse", mais lorsqu'ils sont conduits à expliquer le cheminement de leurs investigations, le public, clairsemé, s'ennuie ferme. Il y avait foule, pourtant, cet après-midi à la "17e".

Alain Krivine, co fondateur de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), n'en a pas perdu une miette. Arlette Laguiller, égérie de Lutte ouvrière, a passé une tête. Il faut dire que cette affluence échappait à la raison.

La cause première tenait du facteur people: Olivier Besancenot, le porte-parole de la LCR, à l'air débonnaire et aux idées révolutionnaires, était sommé de rapporter la preuve de ce qu'il affirmait l'année dernière. Selon lui, le pistolet à impulsion électrique, dont sont désormais dotées les forces de l'ordre françaises, peut tuer. D'ailleurs, cette arme, non létale selon le fabricant, ou à létalité réduite selon le ministère de l'Intérieur, aurait déjà coûté la vie à "150 personnes" aux Etats-Unis et au Canada.

Besancenot l'a écrit sur son blog et dans un entretien au site Internet du Journal 20 minutes. La très procédurière société qui commercialise l'arme en France, SMP Technologies, a donc assigné l'homme politique en diffamation. Et lui réclame aujourd'hui quelque 50 000 euros de dommages et intérêts. Pendant près de cinq heures d'audience, les débats n'ont pas échappé à la langueur habituelle des arguties juridiques. Mais sous le sable de la procédure affleuraient des rochers coupant comme des rasoirs.

Il y a six jours, le plaignant, le PDG de SMP Technologies, a en effet été placé en garde à vue, puis mis en examen. Antoine di Zazzo est soupçonné d'avoir fait mettre sous surveillance le leader de la LCR et sa famille, avec force photographies et vérification des comptes bancaires. Devant les policiers, le patron de Taser France a seulement concédé avoir fait procéder à quelques "vérifications" destinés à assigner Besancenot, en diffamation justement.

Antoine di Zazzo ne s'est pas présenté au tribunal cet après-midi, laissant le soin à son avocate, Me Catherine Hennequin le soin de défendre ses arguments mais aussi d'affronter les regards soupçonneux. Olivier Besancenot était, lui, présent dès l'ouverture. Attentif et combatif. "J'assume ces propos, je les revendique", dit-il en préambule. Et allusion à ce qui se serait tramé en coulisses: "J'aurais aimé avoir en face de moi monsieur di Zazzo pour lui dire dans les yeux que malgré les basses manoeuvres et les lâches intimidations, le débat aura lieu".

Puis ce sera au tour de Noël Mamère, député (Verts) et avocat, d'ironiser sur le passé du PDG de Taser France, et le curriculum vitae de cet homme qui, selon lui, "apparaît comme un affabulateur." Enfin, Me Antoine Comte, avocat historique de la gauche française, enfoncera le dernier clou: "Vous nous parlez d'atteinte à l'honneur et à la considération. Mais ne sont-ce pas ces barbouzeries de bas-étage qui portent atteinte à la réputation de la société?"

De son côté, Me Hennequin a d'abord déroulé une plaidoirie rigoureuse, voire rugueuse. Elle a aussi vanté les vertus du Taser qui offre, selon elle, "la première alternative réelle, efficace et responsable face aux armes à feu." La politique n'est jamais loin. "C'est un paradoxe que ce procès, s'offusque l'avocate. Monsieur Besancenot, comme les opposants au Taser, vous faites finalement l'apologie des armes à feu (...) D'ailleurs, tout mouvement révolutionnaire a toujours procédé par les armes, à commencer par l'épée". Et de se demander à voix haute: "Si aujourd'hui, le gouvernement Jospin avait été en place, quel aurait été la réaction des opposants à Taser?"

Deux témoins auraient pu permettre de faire avancer le débat, à défaut de le trancher. Un responsable d'Amnesty international, témoignant en faveur d'Olivier Besancenot, assure que 290 cas mortels ont été recensés à ce jour aux Etats-Unis selon "des études de terrain". Un médecin urgentiste, cité par Taser, relève, pour sa part, qu'"aucune causalité directe n'a pu être mise en évidence" entre le Taser et des décès.

Le débat était au centre de l'affaire de diffamation, encore fallait-il y prêter une oreille attentive. De l'audience, on n'aura finalement retenu que des non-dits assourdissants. Le jugement a été mis en délibéré au 24 novembre.

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