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Mon Mulhouse3
11 octobre 2008

Les banques d'affaires s'enrichissent en conseillant les Etats pour qu'ils sauvent... les banques !

Les banques d'affaires s'enrichissent en conseillant les Etats pour qu'ils sauvent... les banques !

LONDRES, CORRESPONDANT

   

Tel n'est pas le moindre paradoxe de cette crise financière qui en compte tant : les banques aident les gouvernements à sauver... les banques. "La récente tempête a démontré simultanément la vulnérabilité des banques d'investissement et, en même temps, le rôle crucial qu'elles jouent pour aider les pouvoirs publics à sortir les établissements de crédit de l'ornière" : comme l'indique l'hebdomadaire britannique spécialisé Financial News, au cours des dernières semaines, les exemples de ce cordon ombilical entre l'Etat et le saint des saints de la haute banque internationale abondent.

C'est le cas des trois géants américains Goldman Sachs, Morgan Stanley et Merrill Lynch, qui ont été sauvés grâce à l'intervention du Trésor des Etats-Unis. Simultanément, ces mêmes enseignes ont été omniprésentes dans les opérations de renflouement de leurs confrères. Goldman Sachs a conseillé le Trésor britannique pour la nationalisation de Northern Rock et la Kuwait Investment Authority dans sa prise de participation dans Merrill Lynch.

A Washington, le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, ex-président de Goldman, a confié à son plus proche collaborateur, Neel Kashkari, autre "ancien" de la firme, la mise en oeuvre du plan de sauvetage bancaire le plus important de l'histoire des Etats-Unis (voir Le Monde du 9 octobre 2008). Morgan Stanley a joué un rôle clé dans la nationalisation de Bradford & Bingley et de la Glitnir Bank en Islande, tout en secourant le premier assureur au monde, AIG. Cette prestigieuse "investment bank" new-yorkaise a également piloté le renflouement des caisses hypothécaires américaines, Freddie Mac et Fannie Mae, et a bouclé la fusion HBOS-Lloyds. Agissant aux côtés de BNP Paribas, Merrill Lynch a conseillé le gouvernement français dans le dossier Dexia. Pour sa part, UBS a acheminé l'aide de l'Etat au trio Barclays-Lloyds-Royal Bank of Scotland.

"CONFLITS D'INTÉRÊTS COLOSSAUX"

Comment expliquer cette symbiose entre la puissance publique et les VRP d'élite du capitalisme, présents dans toute la palette des métiers financiers ? "Le principe de base est que l'administration ne dispose pas du savoir-faire nécessaire pour jouer cette partie de Monopoly de la finance. Aussi, dans l'urgence, les hauts fonctionnaires préfèrent-ils céder des affaires explosives à ces artistes de la créativité débridée en se bornant à fixer un cadre politique et des fourchettes de risques", explique Peter Hahn, professeur à la Cass Business School. On pourrait ajouter que la haute fonction publique et la banque partagent le même goût pour la patience, le travail en équipe et le goût du secret.

Pour ces flamboyants prestataires de services modèles, pareille association est prestigieuse et permet de tisser des liens au coeur même de la machine étatique qui peuvent s'avérer utiles dans l'avenir. Un peu partout dans le monde, les gouvernements aiment s'entourer de la fine fleur des fusions-acquisitions à qui l'on prête un exceptionnel entregent.

En théorie, ce type de mandat étatique n'est pas très bien rémunéré. Aux Etats-Unis, les commissions sont plafonnées. Bercy verse en moyenne 500 000 euros aux banques-conseil tandis que le ministère britannique des finances pratique une tarification à peine plus généreuse. Mais ces derniers temps, les honoraires ont explosé sous l'effet conjugué de l'urgence, du risque d'implosion des banques en crise et du manque de supervision gouvernementale. Ainsi, l'opération de nationalisation de Northern Rock a coûté au contribuable la somme rondelette de 100 millions de livres (124,6 millions d'euros) en commissions bancaires.

"Ces intermédiaires sont au centre de conflits d'intérêt colossaux. Dans le cas de Northern Rock, un bureau de consultant ou un cabinet d'audit aurait pu faire aussi bien beaucoup moins cher", souligne M. Hahn.

Marc Roche



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