Mulhouse Kingersheim : gens du voyage, entre la déchetterie et les poules
Le 08/10/08 à 06:55 - Frédérique Meichler
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L’aire d’accueil des gens du voyage de Kingersheim a été inaugurée hier. Photo Darek Szuster
Inauguration sans ruban et sans vin d’honneur hier de l’aire d’accueil des gens du voyage de Kingersheim, au fond de la rue des Griottes, juste sous l’antenne-relais. Quasiment tous les emplacements sont occupés.
L’aire des gens du voyage a ouvert le 1er octobre et les places ont été prises d’assaut. « Preuve que ces aires correspondent à un vrai besoin »,
constate le président de la Camsa Jo Spiegel. Le maire de Kingersheim
se réjouit de la mise en service de ce nouvel équipement qui offre 14
emplacements pour 28 caravanes, chacun étant équipé d’un bloc sanitaire
en béton brut abritant un espace cuisine/lingerie avec évier en inox,
prise électrique pour brancher machine à laver et autres appareils
électroménagers, coin douche et toilettes.
Esther trouve que ce n’est pas très beau, ce béton brut. Elle a posé un rectangle de lino au sol. « À Ensisheim, il y a du carrelage, des couleurs… »
« Oui mais à Ensisheim, c’est plus cher ! » précise
Driss Bechari, responsable départemental d’Adoma (ex-Sonacotra) à qui
la Camsa a confié la gestion de ses trois aires d’accueil, celle de
Mulhouse qui fonctionne déjà depuis mars dernier (40 places),
Kingersheim inaugurée hier (28 places) et Wittenheim dont l’ouverture
est prévue début 2009 (28 places).
La viabilisation des terrains et
le suivi social et scolaire des populations sont à la charge des
communes, la construction et gestion des aires sont une compétence
communautaire. « C’est bien pour les gens du voyage et pour les habitants, c’est du gagnant-gagnant », poursuit le président Spiegel. «
Ça permet une régulation et à partir du moment où les communes sont en
règle avec la loi, l’État devra prendre ses responsabilités en cas
d’occupation sauvage. »
Occupation et consommation prépayées
Principe
: les occupants qui ne peuvent s’installer sur le terrain que pendant
les heures de permanence (10 à 12 h, 16 à 17 h en semaine, 9 à 11 h le
samedi) payent 3€ par nuit pour l’emplacement et prépayent leur
consommation d’électricité, d’eau et de chauffage. Lorsque la réserve
de consommation prépayée est épuisée, le courant est coupé
automatiquement.
Fin de chantier difficile : l’aire d’accueil de
Kingersheim a été obligée de quémander du courant au magasin Métro
voisin, en attendant de reprogrammer une puissance électrique
suffisante pour faire face à la consommation sur le site.
À part ces
tracasseries techniques, l’Adoma doit aussi gérer l’inquiétude des
usagers liée à la proximité d’une antenne-relais pour téléphones
portables.
« C’est pas bon pour les enfants, on ne va pas rester là… » Daniel et Caroline qui sont parents de deux enfants âgés de 8 ans et 4 mois comptent partir rapidement. « Entre la déchetterie et l’élevage de poules… Même en ce moment, alors qu’il ne fait pas chaud, on a plein de mouches ! »
Plusieurs occupants regrettent qu’«
on installe toujours les aires d’accueil près des déchetteries ou des
autoroutes… On respire quoi, nous ? On nous met toujours loin de la vue
des citadins, dans des endroits cachés. »
Le responsable d’Adoma veut malgré tout rester positif. « La plupart des gens sont quand même très contents de venir ici. Ils ne veulent pas aller ailleurs. » L’un de ses baromètres de satisfaction est le respect des sites. « Depuis l’ouverture de l’aire d’accueil à Mulhouse, on a eu aucune dégradation. »
Taux
d’occupation moyen : 60 %. Les familles ont la possibilité de rester
une quinzaine de jours, renouvelable une fois. Pour rester au-delà de
un mois, il faut demander une dérogation à la Camsa, pour raison
économique ou médicale.
Frédérique Meichler
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