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Mon Mulhouse3
5 octobre 2008

Contrôle d'Internet en Chine : Skype accusé de collaboration

Contrôle d'Internet en Chine : Skype accusé de collaboration
                               

 

       
Capture d'écran du site de Skype Chine.

Jusqu'où iront les grands groupes internet dans leur collaboration avec le système de surveillance chinois? Après Yahoo et Google, c'est Skype, le système de communication gratuit d'ordinateur à ordinateur, désormais propriété de ebay, qui est mis en accusation par le Citizen Lab, un institut canadien de l'université de Toronto.

Dans un rapport intitulé de manière explicite « Rupture de confiance », le Citizen Lab, dont nous avons déjà parlé ici, affirme que la plate-forme chinoise de Skype, qui est produite en commun avec le groupe hongkongais Tom.com, surveille les échanges de textes entre internautes -chat ou transmission de données-, et garde en mémoire sur des serveurs situés en Chine tous ceux qui contiennent des mots clés jugés sensibles par rapport au contexte politique chinois.

Selon ce rapport, signé Nart Villeneuve, un spécialiste des questions de censure sur internet, les mots clés surveillés ont trait à toute forme d'opposition au pouvoir du parti communiste chinois, à la secte Falungong ou à l'indépedance de Taiwan. C'est-à-dire les mêmes mots-clés que le système officiel chinois de surveillance du web.

Les données perso stockées sur des serveurs non protégés

De surcroit, les informations, qui contiennent les données personnelles des internautes, sont stockées sur des serveurs non protégés, avec la clé d'accès.

Skype a réagi en faisant porter le chapeau à son partenaire dans la joint venture Tom-Skype, Tom.com, propriété du milliardaire hongkongais Li Ka-shing. Skype affirme que ce « défaut » a été corrigé dès qu'il a été signalé à Tom.com.

Comme le fait remarquer sur son blog Rebecca MacKinnon, chercheuse qui suit ces questions à partir de Hong Kong,

« le fait que Tom-Skype ait pu mettre en œuvre ce système de surveillance et cette rupture de confidentialité de manière aussi choquante pendant une période de temps significative, montre que ebay/skype n'a pas placé suffisamment d'attention, en tant qu'entreprise, sur les droits et les intérêts de ses utilisateurs. Se passe-t-il autre chose que les utilisateurs de Skype ne savent pas, pas plus que le quartier général de l'entreprise d'ailleurs ? »

la page d'accueil de Skype en chinois

Le plus étonnant est que Skype n'ait pas jugé bon de s'intéresser à ces questions alors que d'autres sociétés sont passées par là, et ont appris la leçon à la dure. Yahoo, en particulier, a vu son image sérieusement écornée par les révélations des informations qui ont été transmises aux autorités chinoises et ont permis, notamment, de faire condamner le journaliste Shi Tao à dix ans de prison. Yahoo a dû s'excuser de manière humiliante, et a compensé les familles.

Et il n'y a pas que Skype. On a appris également que Jimmy Wales, le fondateur de Wikipédia, a été reçu récemment à Pékin par Cai Mingzhao, le vice-directeur du Bureau d'information du Conseil d'Etat, en charge de la censure. Rebecca MacKinnon, qui fait partie du Conseil consultatif de Wikipédia, a eu un échange d'e-mails avec Jimmy Wales à propos de cette rencontre, qui devait rester secrète mais que les autorités chinoises ont unilatéralement rendue publique.

Accepter l'autocensure comme Google pour son moteur de recherche chinois

Dans cet échange, MacKinnon pousse Jimmy Wales dans ses retranchements pour savoir s'il pourrait accepter l'autocensure déjà pratiquée par Google sur son moteur de recherche chinois. Wikipédia est régulièrement censuré en Chine, et de manière de plus en plus ciblée, et la question est évidemment légitime quand le fondateur de l'encyclopédie collaborative rencontre le chef des censeurs… Jimmy Wales répond:

« Nous ne coopérerons jamais avec le blocage ou la censure de tout contenu neutre de l'encyclopédie ».

Mais toute l'ambiguité réside dans le mot « neutre ». Dans le même échange, Jimmy Wales souligne qu'il est ouvert à toute observation concernant la « neutralité » des contenus de Wikipédia, et que si ce contenu n'est pas conforme au principe du « NPOV » (Neutral point of view, la neutralité du point de vue), il sera changé. Ce qui, dans le cas de la Chine, ouvre la porte à toutes les interprétations.

Le paradoxe est que malgré l'importance du système de surveillance chinois, et la collaboration des grands groupes étrangers, internet demeure un espace de liberté très relative mais néanmoins réelle en Chine. On l'a constaté de nouveau avec le scandale du lait frelaté, lorsque des informations censurées dans la presse se sont retrouvées sur le web.

A la différence du scandale du sang dans le Henan dans les années 90, l'information circule, l'opinion se forme et s'informe, des avocats se mobilisent: une société civile émerge dont le gouvernement doit tenir compte. Raison de plus pour considérer comme choquante la collaboration des grands groupes avec ce combat d'arrière garde de la censure.

Photo : capture d'écran du site de Skype Chine.

Retrouvez moi : http://monmulhouse.canalblog.com/


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Commentaires
T
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