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Mon Mulhouse3
1 octobre 2008

La "vraie banque" est une activité durable, par Pierre-Henri Leroy

Point de vue

La "vraie banque" est une activité durable, par Pierre-Henri Leroy

Hélas pour eux, il est inévitable que les actionnaires des banques fassent les frais de cette grande crise du crédit que l'on voyait venir et que l'incurie des régulateurs, au premier chef les banques centrales, n'ont pas su prévenir. L'actionnariat est la valeur d'ajustement du capitalisme, et c'est l'honneur des actionnaires d'accepter de perdre sur les mauvais chevaux.

Les grands banquiers portent aussi leur part de responsabilité, puisqu'ils se sont contentés de critiquer les règles comptables dites IFRS, mais, malgré les avertissements lancés depuis dix ans, ils n'ont pas voulu mettre en cause leur propre modèle économique, sa valeur pour le long terme, sa sustainability. Il est réconfortant d'observer que les Etats du continent ont apparemment choisi de renflouer le secteur dépôt et crédit aux dépens des secteurs assurances et banque d'affaires de Fortis. La "banque universelle" a permis ces vingt dernières années d'asseoir les activités spéculatives d'assurance-crédit, de banque d'affaires et de prise ferme de risques primaires et de dérivés sur la puissance récurrente d'un réseau de collecte d'épargne.

Or ces activités, qui n'ont rien du service au grand public, auraient toujours dû rester concurrentielles et, ne méritant en aucune façon le soutien du contribuable, elles eussent dû, nous l'avons écrit en son temps, être proscrites pour les "vraies banques". Certaines, rares, s'en sont d'elles-mêmes abstenues, elles sortiront grandies de la crise.

C'est aussi ce qui a fait accueillir plus sereinement la faillite de Lehman Brothers. Mais la sanction est trop douce pour Goldman Sachs et Morgan Stanley qui, en échange du contrôle des autorités, auront désormais accès au soutien de la Fed. On note ce jour que le sauvetage de Fortis, mené par les Etats néerlandais, belge et luxembourgeois, valorise les réseaux d'agences bancaires de Fortis à 22,7 milliards d'euros hors holding et assurances, alors que l'ensemble du groupe bancaire ne valait plus que 7 milliards en Bourse à la clôture de vendredi et que, selon la presse, BNP Paribas n'offrait lui que 2,15 milliards de l'ensemble, tout en demandant aux Etats une garantie de 6 milliards...

Il n'est pas sain d'observer les gouvernants offrir trop généreusement l'argent des contribuables pour sauver les anciens spéculateurs. C'est aux politiques à faire entendre à tous que le temps de l'argent facile est terminé et que les privilèges seront d'abord payés sur les bonus et les stock-options. Le retour de la confiance exige l'assurance que les nouveaux bailleurs de fonds sont prioritaires par rapport aux autres : les actionnaires des banques seront les premiers touchés, ils doivent être dilués si nécessaire, tout sauvetage trop généreux indignerait l'opinion.

Vu les circonstances, il convient sans doute aussi que les bailleurs de fonds professionnels des banques et autres groupes financiers soient subordonnés à tout nouveau concours ou garantie des Etats venant pari passu au rang des seuls épargnants particuliers, pour une fois épargnés.

On doit aussi mettre fin aux compromissions multiples de la "banque universelle" et sanctionner plus sévèrement les abus observés et les multiples violations des "murailles de Chine" dont l'overselling (survente) de titres bancaires par les réseaux est sans doute le dernier avatar qu'il conviendra de sanctionner.

Tout cela implique de la part de l'Etat une importante redistribution des cartes en matière de gouvernance bancaire, et les investisseurs professionnels qui devront nommer les futurs administrateurs doivent aussi s'y préparer.


Pierre-Henri Leroy est gérant du cabinet de conseil aux investisseurs Proxinvest.


Retrouvez moi : http://monmulhouse.canalblog.com/






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