Pelloux, la star des urgentistes, viré de son hôpital
Pelloux, la star des urgentistes, viré de son hôpital
Photo culture.culte-Flickr-licence cc
Cette fois, c'est fait. Patrick Pelloux, l'urgentiste le plus célèbre
de France, le lanceur d'alerte, le héros de la canicule de l'été 2003,
celui qui contredisait en direct les déclarations rassurantes du
ministre de la Santé d'alors, Jean-François Mattéi, et hurlait sa
colère de voir les urgence débordée par des vieillards en train de
mourir de chaleur, vient d'être prié d'exercer ses talents ailleurs
qu'à l'hôpital Saint-Antoine. En l'occurrence au Samu de Paris, où
Pierre Carli, le directeur, s'est empressé de le récupérer. La star a
été déchue. « On m'a jeté dehors comme un chien » explique-t-il, pas encore remis de l'humiliation. Pourquoi ? Chacun a sa version des faits.
Tout s'est noué entre le mois de juin et la mi-septembre. « On a monté une cabale contre moi », raconte Pelloux. Un véritable procès de Moscou. «
Une réunion a été organisée où certains se sont plaints de mon mauvais
caractère et de mes sautes d'humeur. Comme si dans un boulot comme
celui-là, quand il faut aller vite, le jour comme la nuit, il
n'arrivait jamais à personne de pousser un coup de gueule ! J'ai même
entendu que je n'étais peut-être pas à la hauteur professionnellement». Humilié, Patrick Pelloux se met… en arrêt maladie. Et la machine s'emballe.
Pelloux fait-il trop de bruit?
«
Quand il a été question de mon retour, mes chefs ont posé leurs
conditions : que mes activités syndicales en tant que président de
l'Association des urgentistes (Amuf) soient encadrées, et que je cesse
mes chroniques dans Charlie Hebdo. Inacceptable. » D'autant moins supportable que depuis quelques mois, Pelloux s'estime harcelé moralement. « Ça c'est passé à Saint-Antoine comme ça se passe souvent à l'hôpital entre les chefs et les médecins hospitaliers, poursuit-il. Je n'étais plus convoqué aux réunions, mon emploi du temps était épié. »
Il fait remarquer que s'il avait si mauvais caractère et que ses
compétences avaient été à ce point discutables, l'hôpital n'aurait pas
voté à l'unanimité en faveur de sa nomination au poste de responsable
de l'accueil des urgences. « En
réalité, c'est moi qui ai conduit le plan de secours lorsqu'il y a eu
cette énorme panne électrique à l'hôpital. Et j'ai expliqué à la presse
ce qui c'est passé, et j'ai notamment pointé les défaillances. Et ça
n'a pas vraiment plu.»
Qui sera étonné que du côté
de ses chefs, le son de cloche ne soit pas tout à fait celui-là ?
Bertrand Guidet, chef du pôle des urgences, tout en affirmant « chercher l'apaisement » et en se déclarant « très satisfait de la solution trouvée avec la mutation de Patrick au Samu » ne mâche pas ses mots. «
Gérer une personnalité comme lui n'est pas facile. Il a apporté
beaucoup au métier d'ugentiste, mais il faut bien reconnaître que la
star qu'il est devenu ne supporte pas bien d'être remis en cause par
ses collègues. Ça fait des mois qu'il fait de l'autoallumage. On lui a
demandé de mettre une sourdine ? Qu'il en apporte les preuves. »
Banale histoire d'hôpital ? Reste que depuis les journées d'août 2003
où Pelloux convoquait les caméras dans son service, la direction de
l'Assistance publique de Paris avait prié le médecin syndicaliste de
répondre aux interviews à l'extérieur de l'hôpital. Et que ses
incessantes prises de positions contre le Plan hôpital 2007 lui avaient
valu autant de mises en garde. Grosse tête, Pelloux ? Il aime les
plateaux de télévision, c'est une évidence. Mais il se pourrait aussi
que l'Assistance publique ait appliqué le bon vieux précepte « quand on
veut tuer son chien, on l'accuse d'avoir la rage ».
Samedi 27 Septembre 2008 - 10:16
Jean-Claude Jaillette
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