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Mon Mulhouse3
13 septembre 2008

Marsatac, le festival dont la ville de Marseille ne veut pas ?

Marsatac, le festival dont la ville de Marseille ne veut pas ?
                               

      


   

Du 25 au 27 septembre prochains, Marseille va se prendre pour une grande métropole urbaine avec la 10e édition du festival Marsatac. Malgré son âge respectable, le festival manque chaque année de passer à la trappe. Et tout le monde s’inquiète déjà pour l’édition 2009.

Ambiance, festival Marsatac (Twixtop)

Il y a eu le déménagement, la tempête, l’incendie. Aujourd’hui, la dernière histoire drôle de Dro Kilndjian, le programmateur du festival Marsatac, s’appelle la concasseuse. Soit une machine infernale destinée à découper les éléments démontés de la passerelle de l’autoroute A 55 qui arrive dans le centre de Marseille en longeant le port.

La concassseuse doit s’installer sur l’esplanade du J4 juste au moment de la 10e édition du festival Marsatac. Pour Dro Kilndjian, ce n’est pas une vraiment surprise :

« On a appris ça comme d’habitude, au débotté. Il a fallu mobiliser tout notre réseau pour convaincre les autorités, à savoir la ville de Marseille et Euroméditerrannée de nous laisser la jouissance du site pour notre festival. »

« Cela dit, nous sommes tellement rompus à ce genre d’exercice que l’on peut dire qu’on maîtrise notre sujet ».

Espace Julien, Palais Longchamps, Frioul, Dock des Suds, J4, re-Dock des Suds, J4 à nouveau. Le festival a beaucoup voyagé dans la ville, tant par opportunité que par contraintes.

« Alors que la première force d’un festival, c’est son identification à un lieu et à un style de musique, nous avons fait exactement l’inverse, sourit Dro.

« Nous avons changé très souvent de lieu et nous avons ouvert progressivement notre programmation, passant du Hip Hop des débuts, à l’électro, puis le rock et cette année à la musique africaine. »

22 000 spectateurs l’an dernier

Marsatac, festival de musiques actuelles, dix éditions, 22 000 spectateurs l’an dernier, 1 million d’euros de budget (auto-financé à 50%), 50 formations invitées, une reconnaissance internationale pour la qualité de sa programmation, a réussi à placer Marseille sur la carte de France des musiques actuelles, au même rang que Rennes pour ses Transmusicales ou les Nuits sonores de Lyon.

Mais cela ne suffit toujours pas dans la seconde ville de France pour être considéré comme un acteur culturel de premier plan.

« Ce n’est pas tant que nous ayons besoin que la ville de Marseille augmente sa subvention pour nous soutenir, même si, avec 80 000 euros, elle ne représente que 7% de notre budget, ajoute Béatrice Kilndjian, responsable de la production. Non, ce qui nous embête le plus, c’est le manque de lisibilité sur le long terme. Nous avons toujours l’impression, dix ans après nos débuts, d’être en situation de précarité. »

Sur quel site en 2009  ?

Une situation qui a conduit les fondateurs du festival à pousser un grand coup de gueule lors de leur conférence de presse de présentation donnée cette semaine. Dro Kilndjian :

« Un événement comme Marsatac ne peut se développer sans l’accompagnement politique. Aujourd’hui, nous sommes au milieu du gué. Dans les dix ans à venir, le festival peut devenir vraiment important.

« Mais pour l’instant, nous avons surtout des questions : où poser notre prochaine édition ? Comment faire grandir le festival  ? Comment consolider la structure  ? Comment garder une politique tarifaire attractive  ? Nous aurions aimé que nos interlocuteurs à la Ville manifestent, comme nous pour Marseille, de l’enthousiasme, de la fierté, de la modernité, de l’exigence, de l’ambition ».

Heureusement, à chaque fois, la cause du festival est partagée par de plus en plus de monde. D’un côté, le public suit chaque nouvelle piste musicale en venant de plus en plus nombreux au festival.

De l’autre, les soutiens affluent à chaque problème rencontré (donc à chaque édition).

Ainsi, quand l’histoire de la concasseuse est sortie au printemps, l’intervention de Bernard Latarjet, le directeur du projet Marseille Provence 2013 en faveur du festival a également permis de mettre de l’huile dans les rouages.

« Notre festival mobilise dans l’adversité, c’est rassurant mais épuisant. D’autant plus que cela ne va pas s’arrêter. Nous savons que pour l’édition 2009, nous ne serons plus sur le J4 à cause des travaux du Mucem. Mais nous ne savons pas pour l’instant où nous pourrons nous installer. »

« On fait dans la découverte et la dentelle » 

Pour l’heure, Dro s’angoisse pour d’autres raisons. De trois permanents, le festival va embarquer 350 personnes dont 150 bénévoles pour l’édition qui se prépare sur les trois jours de la fin septembre. Au programme, sous les deux chapiteaux, plus de quarante formations et de belles têtes d’affiche.

Même si tout au long de l’année, les trois fondateurs de Marsatac galèrent comme au premier jour pour faire reconnaître la légitimité du festival, tous gardent également des bons souvenirs des précédentes éditions. Et quelques rêves de gosses. Celui de Dro Kilndjian est un peu particulier  :

« Ce serait la reformation des Talking Heads. Mais je crains bien que cela ne se produise jamais. Pas seulement parce que David Byrne ne veut plus jouer avec les autres, mais simplement parce que nous n’aurions jamais les moyens de nous payer leur concert ».

Depuis 3 ans, les cachets des artistes ont été multipliés par trois. C’est la rançon du téléchargement sur Internet. Les artistes compensent le manque à gagner en faisant grimper les prix.

« Les Beastie boys, par exemple, demandent entre 150 000 et 300 000 euros suivant le festival. Ce qui représente l’intégralité de notre enveloppe artistique qui s’élève cette année à 250 000 euros.

« Nous, pour ce prix là, nous faisons venir plus de cinquante formations. Alors, bien sûr, chez nous, il n’y a pas de grosses têtes d’affiche. Mais Marsatac n’a pas la vocation de Rock en Seine ou des Eurockéennes de Belfort. Ici, on fait dans la découverte et la dentelle. »

Ambiance, festival Marsatac (Twixtop)

Photos : ambiances, festival Marsatac (Twixtop)

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