Alsace Débat Un autre site pour le village de Pierre et Vacances à Ungersheim ?
Le 09/09/08 à 06:51 - Propos recueillis par Adrien Dentz
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Jean-Claude Mensch, maire d’Ungersheim. Photo Thierry Gachon
Le maire d’Ungersheim, Jean-Claude Mensch, revient sur les raisons qui l’ont poussé à s’opposer au projet de village de vacances de 500 bungalows. Il propose un autre site sur sa commune, à proximité de l’Écomusée et du Bioscope.
En s’opposant au projet touristique de Pierre et Vacances considéré comme un « projet phare » par le conseil régional d’Alsace, le conseil général du Haut-Rhin et la Camsa, la communauté de l’agglomération mulhousienne, le maire d’Ungersheim s’est attiré les foudres des présidents des collectivités territoriales qui souhaitaient entériner prochainement une convention de partenariat public-privé avec le groupe immobilier Pierre et Vacances contrôlé par la Caisse de dépôts (L’Alsace du 6 et 7 septembre).
Qu’est-ce qui vous a poussé à voter contre le projet de Pierre et Vacances ?
Je ne suis pas opposé a priori à la construction d’un village de vacances à proximité de l’Écomusée et du Bioscope, mais pas en pleine forêt. Le projet tel qu’il est envisagé actuellement est une duperie écologique. On est loin de l’écosite qui avait été présenté initialement. Il faut que cela se fasse dans le respect du Scot, le schéma de cohérence territorial approuvé en décembre 2007 par 38 communes de l’agglomération mulhousienne. Ce schéma défini pour une durée de 20 ans prévoit la conservation en zone naturelle non constructible de la forêt alluviale de la Thur que les promoteurs considèrent comme le site le plus attractif. Il s’agit d’un endroit au biotope remarquable et d’une zone inondable en cas de rupture de la digue de la Thur. Ce projet prévoit aussi la destruction partielle du carreau Rodolphe qui a pourtant été classé dans le Scot comme patrimoine industriel à préserver dans son intégralité.
Il y a de la place à côté, sur des terrains constructibles
Quelle alternative proposez-vous ?
Il y a de la place à côté. Il reste une vingtaine de hectares de terrains constructibles autour du canal qui alimente la scierie de l’Écomusée. On pourrait envisager aussi d’utiliser une partie du parking existant. La première démarche d’un homme politique est de veiller au respect des engagements pris. Je déplore aussi l’absence de respect de la collectivité propriétaire des terrains.
Que voulez-vous dire par là ?
Nous
avons été ignorés. La commune d’Ungersheim n’a pas encore été
sollicitée pour la vente des terrains. Nous avons été court-circuités
par la Camsa. Je suis tombé par hasard, le 24 juillet, sur un courrier
daté du 9 juin adressé par le président du conseil général du Haut-Rhin
(ndlr : Charles Buttner) au président de la Camsa (ndlr : Jo Spiegel),
dans lequel il était question de l’achat des terrains appartenant à la
commune d’Ungersheim par la Camsa et de leur mise à disposition au
Symbio (ndlr : syndicat mixte du Bioscope créé par le conseil région
d’Alsace et le conseil général du Haut-Rhin), pour 1 euro symbolique.
Cette transaction devrait s’accompagner du rachat, aux frais de la
collectivité, de 20 hectares de terres agricoles appartenant en grande
partie à un adjoint au maire d’Ungersheim. Ces terres agricoles
devraient être reboisées pour compenser la destruction de la forêt
alluviale de la Thur. Cela prendrait beaucoup de temps. Il faut 300 ans
pour construire une nouvelle forêt.
Je m’interroge aussi sur la
pertinence d’un soutien du public à une opération immobilière de
défiscalisation de résidences de vacances. Pour toutes ces raisons, le
conseil municipal a décidé à l’unanimité de refuser de céder le
patrimoine foncier de la commune pour cette opération immobilière
privée et de ne pas cautionner une opération de spoliation agricole.
Propos recueillis par Adrien Dentz
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