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Mon Mulhouse3
1 août 2008

Afrique, Europe, Kadhafi: Henri Guaino s'explique

Afrique, Europe, Kadhafi: Henri Guaino s'explique

   

   

Rencontre avec le conseiller de Nicolas Sarkozy. L’homme du discours de Dakar justifie ses prises de position controversées.

Henri Guaino à la rédaction de Rue89 (Audrey Cerdan/Rue89).

L’homme des principaux discours de Nicolas Sarkozy n’est pas populaire. De Bernard-Henri Lévy qui l’a qualifié de « raciste »et de « maurrassien » aux éditorialistes sénégalais, Henri Guaino a braqué contre lui une partie du monde intellectuel africain et français avec son discours de Dakar, en juillet 2007. Même s’il aime à répéter qu’il a aussi des défenseurs que les médias passent sous silence.

Que l’on partage ou non ses convictions, le conseiller du Président se dit ouvert au débat. Il s’est rendu mardi chez Rue89 pour répondre à nos questions. De l’absence du colonel Kadhafi à l’atlantisme français, le gaulliste social de Nicolas Sarkozy alterne langue de bois et franchise.

Le discours de Dakar

Henri Guaino est intarissable sur le sujet. Parlez-lui de son discours de Dakar et il ne s’arrêtera plus. Blessé par les accusations de racisme, dépassé par la polémique de l’été dernier, le conseiller de Nicolas Sarkozy se justifie un an après et ne comprend toujours pas le torrent de réactions négatives provoquées par ce texte:

« On n’est pas obligé d’insulter l’autre, de le caricaturer. C’est facile de prendre une demi-phrase et de la transformer. Jamais un président n’est allé aussi loin dans la dénonciation de la colonisation et de l’esclavage. »

Quant à ceux qui lui ont reproché son racisme, Henri Guaino balaye: ce sont soit des menteurs, soit des gens qui ne l’ont pas lu. Lui, se perçoit plutôt comme un empêcheur de tourner en rond, un qui ose, un qui refuse la pensée unique:

« Vous ne pouvez rien dire sans vous faire traiter de raciste. On peut discuter du rapport des sociétés africaines au temps, ce n’est pas indigne. Quand vous lisez Senghor, il parle de la répétition des mêmes gestes, des mêmes habitudes. »

Lorsqu’on lui demande s’il connait suffisamment l’Afrique pour en parler, Henri Guaino explique posément que oui, il connaît pour y être allé, pour avoir discuté avec des Africains et lu beaucoup de choses. Avant de s’emporter:

« Ce qui me choque, c’est l’idée que certains ont le droit de parler de l’Afrique mais pas les autres. Césaire peut en parler mais quand le Président parle de l’homme africain, c’est raciste? » (Voir la vidéo)



L’UPM, Kadhafi et Assad

Le sommet de l’Union pour la Méditerranée, le 13 juillet, avait suscité l’enthousiasme général. Certes, l’UPM relevait d’une sacrée prouesse diplomatique mais le projet lui-même pose encore des questions. A commencer par ce que sera vraiment cette Union.

Loin de l’idée de départ -une union des seuls pays riverains de la Méditerranée- l’UPM est, désormais, une prolongation du processus de Barcelone. Dont personne ne vante le succès. Henri Guaino réplique qu’il ne s’agit pas de cela:

« On va refonder le processus de Barcelone en corrigeant le déséquilibre principal: l’Europe décidait seule, alors que là, on va codécider ensemble, à travers une coprésidence du Nord et du Sud. On a rajouté une dimension de projets concrets à géométrie variable. »

« Projets concrets à géométrie variable ». La formule fait langue de bois mais la volonté parait réelle. Six projets sont en discussion dont l’un des plus importants est la dépollution de la Mer Méditerranée. Nicolas Sarkozy l’a d’ailleurs promis lors du sommet de Paris: « Ce sera la mer la plus propre du monde. »

Le projet est ambitieux mais à l’évocation de l’absence de la Libye, le conseiller de Nicolas Sarkozy est obligé d’admettre, après avoir noyé le poisson, que tout ne sera pas possible sans la Libye. A commencer par la dépollution de la Méditerranée: (Voir la vidéo)



L’Europe et Sarkozy

Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino est atypique pour avoir dit non à Maastricht en 1992 et à la Constitution européenne en 2005:

« Heureusement qu’on est différent. Quand on a décidé de travailler ensemble, c’était pour avancer. Il fallait une synthèse entre la France du oui et du non. »

Il dit aimer l’Europe mais pas celle qui actuellement est « en pilotage automatique », « bureaucratique ». Et souhaite « remettre de la politique en Europe » pour pouvoir débattre de thèmes aussi honnis que la politique européenne de la concurrence, qu’il estime dogmatique.

Quant à l’atlantisme supposé de la France, Henri Guaino reproche une lecture idéologique du sujet et affirme que ce retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan est nécessaire:

« En pratique, ça ne changera pas grand chose, la France participe à la plupart des opérations communes portées par l’Otan. C’est donc plus symbolique et c’est nécessaire pour faire une défense européenne. »

Défense européenne à laquelle il est favorable à condition que ce ne soit pas sur le modèle de la monnaie unique: (Voir la vidéo)


A lire aussi: Sarkozy, Guaino et l’Afrique: où est la rupture?

Photo: Henri Guaino à la rédaction de Rue89 (Audrey Cerdan/Rue89).



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