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Mon Mulhouse3
1 août 2008

Comment Pékin contrôle la Toile

Comment Pékin contrôle la Toile

Mercredi 30 juillet, les autorités ont déclaré que les connexions depuis le Main Press Centre, l'immeuble qui abritera les journalistes accrédités pendant les JO, seraient limitées.

Une décision qui a de quoi inquiéter les journalistes. Le "bouclier d'or", sorte d'intranet géant géré par les autorités chinoises, est en effet l'outil de contrôle du Web le plus sophistiqué au monde, selon OpenNet Initiative, entité née d'un partenariat entre le Berkman Center for Internet & Society de l'Université Harvard, le Cambridge Security Programme de l'Université de Cambridge et le Citizen Lab de l'Université de Toronto. Le réseau chinois possède de nombreux points de contrôle, mis en place avec l'aide de l'américain Cisco Systems, qui permettent aux autorités de contrôler physiquement tous les flux entrant et sortant du pays. Un savant mélange de technologies de filtrage, de surveillance et de propagande qui permet au Parti communiste chinois de contrôler la Toile. Au niveau étatique, ce contrôle s'effectue par le filtrage de contenus étrangers  jugés "sensibles" et la surveillance des contenus produits nationalement.

HABITUDE DE L'AUTOCENSURE

 

L'outil de filtrage chinois est connu sous le nom de "grande muraille pare-feu"."Quand on parle de grande muraille du Web, c'est exactement ça", explique Clothilde Le Coz, responsable du bureau Internet et libertés de Reporters sans frontières (RSF). Grâce à un arsenal d'outils techniques, ce filtrage intervient à au moins trois niveaux, détaillés dans la revue Atlantic Monthly : blocage de noms de domaines, d'adresses URL et de mots-clés. Un filtrage d'autant plus efficace qu'il s'adapte à l'actualité. "C'est ce qui est le plus impressionnant dans la censure chinoise", s'exclame Clothilde Le Coz. "Les mots-clés filtrés sont réactualisés à une vitesse folle", permettant de contrôler en permanence de nouveaux contenus jugés "sensibles". Ainsi, elle raconte qu'au lendemain de la parution d'un rapport d'enquête de RSF intitulé "Chine, voyage au cœur de la censure d'Internet", en octobre 2007, le directeur du Bureau des affaires de presse de Pékin a ajouté une trentaine de mots-clés à sa liste noire, rendant impossible l'accès à ce rapport.

Outre le filtrage étatique, les fournisseurs de service Internet comme les moteurs de recherche et les hébergeurs de blogs se sont habitués à pratiquer l'autocensure. L'enjeu est de taille pour les grandes entreprises étrangères du secteur : avec 253 millions d'internautes, la Chine est, depuis peu, le premier pays pour l'usage de la Toile. Et son potentiel est immense, avec un taux de pénétration d'Internet de seulement 19,1 %. Les hébergeurs n'hésitent donc pas à se plier aux lois locales.

Ainsi, en 2007, certaines plates-formes de blogs parmi lesquelles msn.cn et yahoo.cn ont signé une charte d'"autorégulation", par laquelle elles s'engagent à identifier leurs blogueurs, à surveiller les commentaires, et à supprimer "les informations illégales et mauvaises".  Une récente étude de Citizenlab, publiée en juin, a même suggéré que les moteurs de recherche américains tels que Google et Yahoo! décident indépendamment de leur politique en matière de censure, pouvant aller plus loin que ce que leur demande la loi chinoise. Mais malgré cette autocensure, l'étude montre que les moteurs de recherche américains fournissent aux utilisateurs près de 20 % de contenu en plus que les moteurs de recherche chinois tel Baidu, leader dans le pays.

"CYBER-POLICIERS"

   

Par ailleurs, l'activité des internautes chinois est en permanence surveillée par des "cyber-policiers", armada d'informaticiens zélés chargés de contrôler les activités des internautes et les contenus du Web. Selon des estimations citées par le Washington Post en décembre 2007, ces "cyber-policiers" seraient environ trente mille. Champions de l'édition, ces policiers de la Toile effacent les données "sensibles", quitte à fermer complètement des sites trop controversés. Ils surveillent également la circulation de courriels chez certaines personnes considérées comme potentiellement suspectes : dissidents, journalistes étrangers, etc. Oliver August, journaliste à Wired, raconte ainsi qu'en octobre 2007, il a été suivi jusque dans un hôtel de la province de Fujian, grâce à des données récupérées dans ses courriers électroniques.

Mais malgré les moyens employés, Clothilde Le Coz affirme que le système de censure chinois  est "facile à contourner". Notamment par l'utilisation de proxies, ou de VPN, mesures citées par RSF dans une série de conseils à l'intention des journalistes étrangers. Encore faut-il en connaître l'existence : seuls 5 % des Chinois les utilisent aujourd'hui. Par ailleurs, les connaissances technologiques des autorités chinoises mettent en péril ces moyens de contournement. Jocelyn Ford, du Comité de liberté de la presse du club des correspondants étrangers en Chine (FCCC), raconte ainsi que l'un des proxies dont elle se servait a récemment été bloqué par les autorités.

Surtout, la force du "bouclier d'or" chinois semble résider dans sa capacité dissuasive. Selon une étude menée en 2007 par une équipe de techniciens de l'Université de Californie et de l'Université du Nouveau-Mexique, ce système est certes facile à contourner, mais il encourage l'autocensure.

 

 

Chine Labbé

            

Les technologies permettant de contouner la "garnde muraille pare-feu"

                      

                   Proxy : un serveur proxy, situé entre un utilisateur et un site, peut cacher l'adresse IP de l'utilisateur. Il est possible d'utiliser les serveurs proxies pour visiter des sites Internet étrangers bloqués.

VPN :
un VPN, pour "réseau privé virtuel", crée un "tunnel" entre l'ordinateur utilisé et un réseau distant.

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