Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mon Mulhouse3
30 juillet 2008

De la bande de copains à l'entreprise prospère

De la bande de copains à l'entreprise prospère

Pour ses lecteurs, Charlie Hebdo offre l'image d'un journal où travail rime avec humour et copains. Mais le vilain petit canard est devenu un cygne aux plumes d'argent. En 2006, les Editions Rotative, éditrices de Charlie Hebdo, ont enregistré un résultat bénéficiaire de 968 501 euros.

Près de 85 % de cette somme (soit 825 000 euros) ont été redistribués en dividendes aux quatre associés du groupe : Philippe Val, directeur de la publication et propriétaire de 600 des 1 500 parts de l'entreprise et Cabu, dessinateur et directeur artistique, aussi détenteur de 600 parts, ont perçu 330 000 euros chacun. Les deux autres actionnaires, l'économiste Bernard Maris, directeur adjoint de la rédaction, et le responsable financier Eric Portheault (respectivement 200 et 100 parts) ont touché 110 000 et 55 000 euros. Outre la bonne tenue des ventes et des abonnements (85 000 exemplaires vendus chaque semaine, en moyenne, selon la direction), ce gain s'explique, notamment, par la diffusion extraordinaire du numéro spécial consacré aux caricatures de Mahomet, le 8 février 2006 (500 000 exemplaires...).

"ON S'AMUSAIT BIEN"

Le capital social investi dans les Editions Kalachnikof, éditrices de Charlie Hebdo, lors de sa renaissance en 1992, était de 2 000 francs. Il est actuellement de 240 euros, chacune des 1 500 parts valant symboliquement 16 centimes. La maison d'édition de Charlie a eu d'abord pour actionnaires le dessinateur Gébé (Georges Blondeaux) et le chanteur Renaud, en plus de Philippe Val, Cabu et Bernard Maris. Après le départ de Renaud et la mort de Gébé, en 2004, la société a racheté ses 400 parts sociales, au prix unitaire de 891 euros, à la veuve de l'auteur de L'An 01. Nicole Blondeaux a donc perçu un peu plus de 300 000 euros pour solde de tous comptes, comme stipulé dans les contrats signés entre les associés.

Comment s'explique l'absence parmi les actionnaires de fondateurs et grands anciens de Charlie Hebdo comme Cavanna, Wolinski ou Siné ? "Je n'avais pas d'argent, et je ne voulais pas payer pour bosser !", lance Siné. Quant à Wolinski, qui précise que Philippe Val avait proposé aux uns et aux autres d'être actionnaires de Charlie, il indique : "En 1992, à la fin d'une réunion, Cabu et Val cherchaient une idée de titre pour un nouveau journal. J'ai dit : "Pourquoi pas refaire Charlie Hebdo ?" en mettant une seule condition à ma collaboration : la présence de Cavanna. Mais je n'avais pas d'argent et ne croyais pas que cela marcherait aussi bien."

"On s'amusait bien avec le premier Charlie, se souvient Nicole Blondeaux. C'était une bande de copains. Aujourd'hui, même si je n'ai plus qu'un lien de lectrice avec Charlie, j'ai l'impression que le mot copains est remplacé par collègues. C'est une entreprise, maintenant." Wolinski, lui, est plus nuancé : "C'est toujours une bande de copains. J'aime toujours autant travailler pour Charlie Hebdo."

Yves-Marie Labé et Dorian Saigre

Article paru dans l'édition du 30.07.08.

Retrouvez moi : http://monmulhouse.canalblog.com/




Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité