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Mon Mulhouse3
24 mai 2008

Sept mois de prison pour le vélorutionnaire "rebelle"

Sept mois de prison pour le vélorutionnaire "rebelle"

   

   

Olivier Theron devrait sortir mardi de prison, où il est entré en novembre pour "rébellion" lors d'une manif'. Son parcours judiciaire.

Tout commence en 2002 pour ce Toulousain qui fait un peu figure d'icône chez les militants de la cause cycliste. Interpellé pour avoir grillé un feu à vélo, il fait quelques heures de garde à vue qui se soldent par une inculpation pour "outrage à agent". En 2004, les ennuis d'Olivier Theron avec les forces de l'ordre s'accélèrent. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, se rend à Toulouse pour un déplacement officiel.

Le climat est tendu: peu avant sa visite, Nicolas Sarkozy venait de limoger le chef local de la police, à qui il fut reproché en substance d'encourager les policiers à jouer au foot avec les délinquants. Au même moment, la tension allait aussi crescendo entre les pouvoirs publics et le squat d'artistes Mix'art myrys, un lieu bien connu à Toulouse, dont Olivier Theron est proche.

Du yoghourt périmé pour Nicolas Sarkozy

Peu avant l'arrivée de celui qui était alors ministre de l'Intérieur, des Toulousains décident de jeter des pots de yoghourt au passage de la voiture du locataire de la place Beauvau. Périmé, le yoghourt. Le jour J, plusieurs pots sont projetés, mais celui d'Olivier Theron, lui, atteint sa cible.

Le RMIste trentenaire, qui a créé un atelier de réparation de vélos et organise les Velorutions dans la ville rose, est arrêté sur les lieux et gagnera au passage une petite notoriété localement. Il n'écope pas d'une peine ferme pour cette touche dans le mille mais de quatre mois de prison avec sursis, après un procès en appel, qui aura lieu en 2005.

La suite, c'est Inka, amie toulousaine d'Olivier Theron, qui la raconte à Rue89, jeudi, par téléphone. Elle parle très vite de "harcèlement policier" et de provocations de forces de l'ordre à compter de l'opération yoghourt:


C'est cette dernière manifestation, qui remonte à avril 2005, qui a déclenché le gros des ennuis judiciaires d'Olivier Theron. Une interpellation musclée dans des conditions troubles, estiment les militants vélorutionnaires:


Manif' à vélo… trois mois en prison

Il existe une vidéo de cette arrestation, prise sur le vif. Elle a été publiée sur YouTube et a été vue plus de neuf cents fois à ce jour:


En appel, Olivier Theron est condamné le 21 juin 2006 à deux mois de prison ferme pour "entrave à la circulation". Ses proches dénoncent la manière dont cette affaire a été instruite et jugée. Inka assure par exemple que ni le prévenu ni son avocat n'ont eu accès au dossier. Pour elle, tous les critères d'un procès "sans preuve et sans débat contradictoire" sont réunis.

Autant d'allégations que nous avons vivement souhaité vérifier auprès du parquet… en vain: contacté à plusieurs reprises par Rue89 ces derniers jours, le procureur de la République a fait savoir "qu'il n'entendait pas du tout nous parler de cette affaire".

Fin du sursis pour le pot de yoghourt

Alors qu'il venait de prendre deux mois ferme pour entrave à la circulation, Olivier Theron commente le jugement au tribunal. Il parle notamment de bavures. Il n'en fallait pas davantage pour alourdir son dossier: il écope d'un mois supplémentaire pour "outrage à magistrat dans l'exercice de ses fonctions". Dans la foulée, le sursis est révoqué pour la peine de quatre mois dans l'affaire du yoghourt, commuée en quatre mois fermes pour avoir atteint la voiture ministérielle avec son projectile.

Total: près de sept mois fermes à la maison d'arrêt de Seysses à partir de ce jour de fin novembre où les forces de l'ordre sont venues le chercher à son atelier. Son amie Inka précise aujourd'hui que le juge d'application des peines a décliné tous les aménagements de peine auxquels prétendait le détenu:

"Le magistrat, Alain Moulis, a refusé toutes les requêtes d'Olivier, que ce soit pour des sorties exceptionnelles ou pour un éventuel placement en liberté conditionnelle."

Jusqu'au dernier épisode en date: le report de sa date de libération. Sur le papier, Olivier Theron devait en effet sortir de prison le 13 mai, soit juste après le pont de la Pentecôte. Sur un document que ses proches estiment "anti-daté", le parquet de Toulouse décide in extremis de le maintenir en détention jusqu'au 27 mai. C'est-à-dire, mardi prochain.

Mais, au début de ce qui devait être sa dernière semaine de prison, lundi 19 mai, il est entendu au cours d'une nouvelle garde à vue: le vice-procureur Belacel, qui siégeait dans la commission d'application des peines sur son dossier, l'inculpe à son tour pour "outrage à magistrat". Olivier Theron a même déjà la date de sa prochaine convocation au tribunal pour cette nouvelle affaire: le 2 décembre.

Cette fois, il s'agit de récidive et il risque de nouveau la prison ferme. D'ici mardi, un juge d'instruction peut encore décider de le placer en détention provisoire. En cas contraire, il sera donc libre mardi et rejugé au mois de décembre. Un scénario qui inquiète Inka, qui commence dores et déjà à se pencher sur le choix d'un avocat. Une tâche ardue, selon elle, à l'heure où tous les avocats contactés conseillent plutôt au prévenu fort en gueule de "se faire oublier":


S'il sort de prison, mardi, Olivier Theron devrait faire une conférence de presse à sa sortie de la maison d'arrêt de Seysse, où il est entré le 30 novembre dernier. Rue89 sollicitera de nouveau le parquet de Toulouse à ce moment-là, n'ayant eu aucune réponse pour l'heure.


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