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Mon Mulhouse3
1 mai 2008

A la fac d'Orsay, le concert finit entre flash-ball et lacrymos

A la fac d'Orsay, le concert finit entre flash-ball et lacrymos
                               

      

   

   

Engins retrouvés dans la K'Fet sur Yvette (Sabrine Kasbaoui/Rue89).

Vacances obligent, le campus de la fac d'Orsay est presque vide. Mais parmi les quelques étudiants présents, l'amertume et la colère prévalent. Ils ont assisté aux concerts organisés, le 18 avril, par l'association étudiante qui gère la K'Fet sur Yvette. Deux concerts qui ont fini sous les tirs de grenades lacrymogènes et de flash-ball.Un collectif s'est formé immédiatement.

"C'est un non-événement, aucune plainte ne nous est parvenue, personne n'a été déferré", rétorque le procureur-adjoint au tribunal d'Evry. Un non-événement qui fait pourtant l'objet d'une large polémique entre les étudiants, les autres spectateurs présents ce soir-là et les forces de l'ordre.

Dans la K'fet sur Yvette (Sabrine Kasbaoui/Rue89).Le procureur a recueilli le compte-rendu de la police et les notes de son substitut de permanence:

"Les policiers sont intervenus afin de mettre fin à une altercation. Ils ont été accueillis par des jets de pierres et de cannettes. Au moment de faire sortir tout le monde, ils ont rencontré une résistance."

La police ne nie pas l'usage des gaz lacrymogènes, et affirme que c'est au milieu des fumigènes, dans la bousculade, que Mario Correia De Carvalho, un étudiant en fauteuil roulant, s'est écroulé. La version de Mario est beaucoup plus précise. Selon lui, son fauteuil a été endommagé par un tir de flash-ball, alors que plusieurs personnes s'étaient placées devant lui afin de le protéger:


Dans le compte-rendu de la police, le déroulé de la soirée reste vague, mais une conclusion demeure: "pas de plainte, pas de blessé". Encore une fois, la version de Mario diffère: s'il n'y a pas de plainte, c'est qu'il n'a pas pu en déposer une. Au commissariat de Palaiseau, on l'a ainsi renvoyé vers l'inspection générale de la police nationale (IGPN).


Dans la K'fet sur Yvette (Sabrine Kasbaoui/Rue89).Si les informations du procureur-adjoint sont succinctes, les étudiants, eux, ne sont pas avares de détails. A la K'fet, ce mardi, on s'échauffe encore lorsque le sujet est abordé. Secrétaire de l'association qui gère l'endroit, Lynda a l'habitude d'organiser des concerts dans cette petite salle très colorée, l'un des seuls lieux de loisirs du campus.

On y boit un café la journée, un verre le soir, on y papote autour d'un babyfoot et tous les vendredis, la musique s'y invite joyeusement. Elle était aux premières loges ce vendredi-là.

"Occupez-vous de faire le tri entre les habitués et les gens des Ulis"

"Derrière le bar, un des mecs de l'association a commencé à s'accrocher avec un gars du public. Il lui a demandé d'aller fumer dehors", commence-t-elle. Sur le parking, le ton monte, sous l'oeil mécanique d'une caméra placée en haut du bâtiment jouxtant la K'fet.

Elle décide de prévenir les services de sécurité du campus. Il est 23 heures. Le chef de la sécurité appelle la police. 23h05. Une voiture banalisée arrive. Trois policiers en civil en sortent, flash-ball à la main. Lynda leur explique que tout est réglé, que les organisateurs vont gérer seuls la fermeture.

"On reste dans les parages, on doit attendre la deuxième voiture de renfort", s'entend-elle répliquer. Au lieu d'un, sept véhicules font le déplacement. Parmi eux, la brigade des maîtres chiens. 23h45. Lynda annonce la fermeture. "Occupez-vous de faire le tri entre les habitués et les gens des Ulis, on veut pas devoir le faire nous-mêmes", ordonnent les policiers.

Une partie du public est en effet venue des Ulis, la ville voisine, soutenir Funk Ze World, le groupe de hip-hop-rap-jazz qui s'est produit en deuxième partie. La salle se vide. Il ne reste plus que vingt à trente personnes.

Sur deux lignes, en rangs serrés, ils évacuent le public restant

Les forces de l'ordre patientent derrière le bâtiment, sur la route. Hors du champs de la caméra de surveillance. Il n'est pas encore minuit, l'heure de l'extinction des feux obligatoire. Funk ze world entament un dernier titre, "Assassin de la police."

Lynda enchaîne le récit de la soirée: "L'un des policiers est entré pour m'ordonner de couper le son, mais le temps de tout éteindre, ils étaient tous à l'intérieur, bloquant les deux issues du fond."

Sur deux lignes, en rangs serrés, ils évacuent le public restant. "Sur les caméras de la sécurité du campus, on voit bien, que tout le monde est sorti dans le calme", se révolte-t-elle encore.

Au moment de sortir, une jeune fille jette le contenu de son gobelet au visage d'un policier. Tout dérape. "C'était une belle séance d'entraînement sur public réel", s'emporte un membre de l'association.

"Le premier truc qui est parti, c'était une grosse gazeuse [une bombe lacrymo, ndlr], on voyait plus rien", intervient Cédric, un autre étudiant présent ce soir là. Damien, lui aussi dans la salle, affirme avoir vu plusieurs personnes blessées, au ventre et aux jambes.

Lynda a pu filmer la sortie depuis le parking avec son téléphone portable. (Voir la vidéo.)



L'un des membres de Funk Ze World, "L'Architecte", s'insurge d'avoir vu son concert avorté, son public pris pour cible. Pour lui, les policiers ont saisi l'occasion de "casser des jeunes des Ulis". Il ne compte pas en rester là. (Voir la vidéo.)



Dix jours après les faits, la fac refuse encore de prendre position. "Il reste des contradictions que l'on veut éclaircir avant de s'exprimer sur ce sujet", explique un membre du service communication. "Les policiers auraient dit qu'ils avaient une dérogation du doyen pour pénétrer dans l'enceinte de la K'fet, alors que c'est nous qui l'avons averti le lundi matin de ce qui s'était passé", argue Lynda.

De son côté, Mario a fini par faire appel à l'IGPN, qui lui a expliqué que le procureur de la République était son seul recours. Il est en train de monter un dossier.


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