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Mon Mulhouse3
19 avril 2008

Marseille: le dauphin de Gaudin mis KO par ses amis

Marseille: le dauphin de Gaudin mis KO par ses amis

   

   

Majoritaire à la communauté urbaine de Marseille, l'UMP n'a pas élu Muselier à la présidence, mais le socialiste Caselli.

Gaudin et Muselier en février 2004 (Jean-Paul Pelissier/Reuters)

Renaud Muselier aura beaucoup de mal à s'en remettre et avec lui la droite marseillaise. L'ex-premier adjoint UMP au maire de Marseille et ancien secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères du gouvernement Raffarin briguait, jeudi 17 avril, la présidence de la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole (MPM). Annoncé comme grandissime favori, Renaud Muselier a pourtant échoué dans sa tentative de succéder à Jean-Claude Gaudin à la tête de l'institution qui s'occupe de dossiers comme les transports, la propreté, la voirie... Contre toute attente, c'est le président de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, Eugène Caselli, qui a été élu avec 79 voix contre 77 au candidat UMP (et un bulletin blanc).

En choisissant de donner une courte majorité à la gauche, les 157 conseillers communautaires, qui représentent les 18 communes membres de MPM, ont brouillé le jeu politique local:

"Cette élection va à l'encontre des résultats des élections municipales. Aujourd'hui, certains ont trahi, certains ont menti à leurs électeurs, certains se sont engagés dans un déni de démocratie."

Les traits tirés, le visage fermé, Renaud Muselier a ainsi commenté à chaud sa défaite. Il n'est pas certain cependant que renvoyer la faute sur les élus de droite membres de MPM suffira à le dédouaner de sa propre responsabilité… Lui qui s'y voyait déjà. Il avait même passé commande d'un téléphone portable et d'une voiture de fonction "présidentielle"… Dans les rangs de l'UMP, on persifle en estimant qu'il aurait été sans doute plus utile de faire campagne auprès des élus des petites villes de la communauté urbaine…

Bref, ce revers est particulièrement mal venu pour celui qui se présente depuis des années comme le dauphin légitime de Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille et qui espérait faire de sa mandature à la tête de MPM un tremplin pour parvenir enfin au fauteuil de maire… Un échec qui intervient en outre après une fin de campagne électorale des municipales où Renaud Muselier a brillé par son… absence. Candidat au côté de son ami Bruno Gilles dans le secteur où ils sont élus depuis 1995 et où s'est finalement jouée l'élection marseillaise, Renaud Muselier avait été prié par son camp de laisser son acolyte finir la campagne face à Jean-Noël Guérini. Si Jean-Claude Gaudin a sauvé son siège grâce à cette victoire de la droite dans les 4e et 5e arrondissements, tout le monde à Marseille s'accorde à dire qu'il le doit à… Bruno Gilles!

A moins que MPM ne devienne ingouvernable du fait de la très faible et friable majorité dont dispose la gauche; et qu'ainsi le blocage de l'institution amène Eugène Caselli à démissionner, Renaud Muselier, à 48 ans, a des soucis à se faire pour son avenir politique… D'autant qu'en cas de démission d'Eugène Caselli, certains à droite excluent d'ores et déjà de représenter la candidature de Muselier à MPM. Pour un des barons de la droite marseillaise:

"Soit c'est Gaudin qui remonte au front, soit c'est le maire d'une autre commune qui recolle les morceaux entre les élus des 18 villes."

Bien au-delà du cas personnel de Renaud Muselier, cette défaite de l'UMP à la communauté urbaine pose de nombreuses autres questions. Les maires et conseillers municipaux des 17 communes hors Marseille, au premier rang desquelles Marignane et La Ciotat, sont dans leur majorité de droite (le groupe réunit 88 élus sur 157). Pourquoi alors ont-ils choisi de soutenir Eugène Caselli, le PS et ses alliés plutôt que de faire confiance à Renaud Muselier, qui a dirigé Marseille au côté de Jean-Claude Gaudin durant treize ans? Ont-ils été séduits par le projet d'une gauche dont ils savent qu'elle sera soutenue par le riche conseil général des Bouches-du-Rhône, à majorité socialiste?

Difficile à croire: à peine élu président, Eugène Caselli s'est retrouvé largement mis en minorité sur le vote, certes symbolique, d'un premier rapport (89 élus de droite ont voté contre, 68 à gauche). "Un mouvement d'humeur de la droite qui ne durera pas", a voulu rassurer le nouveau président de MPM. Des discussions sont actuellement en cours avec des maires sans étiquette ou divers droite des communes qui entourent Marseille. Ils devraient constituer un groupe d'élus autonomes, qui pourraient servir de force d'appoint à la gauche.

Les élus de droite des petites communes ont-ils voulu sanctionner les élus marseillais de l'UMP, leur gestion de l'institution et leur propension, depuis sa création en 2000, à monopoliser les financements de MPM pour des programmes trop souvent marseillais? MPM gère un budget de 1,5 milliard d'euros. Or, cette manne, Marseille, ville pauvre, en a besoin pour réaliser les nombreux projets souvent structurants censés garantir son développement. Avec une majorité de gauche à MPM, au conseil général et au conseil régional, Marseille et son maire UMP sont donc aujourd'hui isolés et, d'une certaine manière, financièrement dépendant. Ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle.


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