Le répulsif antijeunes qui fait débat
Fait Divers
SECURITE.
mercredi 02 avril 2008 | Le Parisien
(DR.)ZOOM
8 mois après le spray anti-SDF, voici le boîtier à ultrasons antijeunes qui relance la polémique. Diffusant des bruits insupportables que ne captent que de jeunes oreilles, cet outil est diffusé en France depuis plusieurs mois de manière confidentielle.
APRÈS le Malodore, le spray anti-SDF du maire d'Argenteuil, voici le Beethoven, le répulsif anti-ados, qui chasse les jeunes des halls d'immeubles. Commercialisé en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas depuis presque deux ans, ce boîtier arrive en France. De son nom d'origine Mosquito, mais rebaptisé Beethoven par le distributeur, cet appareil, vendu pour « adoucir les moeurs », si l'on en croit la publicité, agit là où les pétitions, les dépôts de plainte, les rondes de police ont échoué.
Distribué
confidentielle
ment
Son secret ? Le petit boîtier envoie des sons suraigus, audibles
seulement par une partie de la population. En l'occurrence, les jeunes, directement visés. Ils
ont encore l'ouïe suffisamment fine pour percevoir ces fréquences. Agacés par le bourdonnement
strident de l'appareil, à mi-chemin entre le « bzzz » du moustique et le grésillement du néon,
les ados passent leur chemin.
Cette technologie a déjà séduit les épiciers nocturnes de Grande-Bretagne.
Les polices municipales des Pays-Bas l'installent dans les cours d'école pour empêcher les élèves
d'y traîner hors des temps scolaires. En France, distribué de manière confidentielle depuis
quelques mois, le boîtier a conquis une cinquantaine de bailleurs sociaux et de syndics de copropriété
du Sud-Est, mais aussi des particuliers, excédés par la présence prolongée des ados en bas de
chez eux. Des villes auraient démarché la société distributrice. Mais aucune n'a encore osé
franchir le pas. De peur d'être taxée d'« antijeunes ».
« Les municipalités, qui font de ce
genre d'outils un argument d'attractivité en sont avides. Et elles sont conscientes qu'il leur
faut les introduire en douceur pour qu'ils soient acceptés », décrypte le sociologue Jacques
Donzelot. « Ubuesque » pour les uns, « discriminatoire » pour les autres, ce « joujou » va à
l'évidence créer la polémique. D'ores et déjà, en Belgique, des élus se mobilisent pour que
l'Europe interdise son utilisation. Leur argument : « Les jeunes ne sont ni des parasites ni
des nuisibles pour notre société. »
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